It's not a joke !

Depuis quelques semaines, Billy vivait de nouveau le grand amour avec Harrington. En effet, le blond avait recouvré totalement la mémoire et par chance son petit ami avait accepté de le reprendre lorsque le maître-nageur lui avait présenté ses excuses. Ce dernier aurait été très malheureux si le brun ne lui avait pas pardonné, mais fort heureusement Steve ne s’était pas montré rancunier. Tant mieux pour le bad boy qui n’avait pas galéré tant que ça pour le reconquérir.

Le rebelle était seul à la maison puisque Max était en cours. Quant au vendeur, il était sorti faire une petite course pendant que son compagnon était occupé à faire de la musculation – grâce à ses deux haltères en néoprène de dix kilos chacune – devant la TV sur laquelle il avait mis un match de basket qu’il regardait donc en faisant son sport assis tranquillement dans le canapé. Eh oui, le sportif continuait à s’entraîner vu qu'il souhaitait garder sa belle musculature comme toujours. Ce n’était plus maintenant qu’il allait changer ceci alors que c’était quelque chose qui lui tenait particulièrement à cœur depuis l’adolescence, donc il n’allait pas lâcher l’affaire. En revanche, il n’avait toujours pas remis le nez à la salle de Faith étant donné que cette dernière ne prenait plus aucune nouvelle depuis cette nuit où ils avaient couché ensemble. Sauf une fois où elle l’avait appelé rapidement afin de lui dire qu’elle était avec Max, ce qui n’était pas possible puisque la rousse se trouvait justement avec son demi-frère ce soir-là. Forcément à cause de cette distance qui s’était installée, le Californien n’était pas tenté de retourner faire de la muscu dans la salle de la brune. De plus, Steve ne verrait pas d’un très bon œil que son petit ami se repointe là-bas. Chose qu’il comprenait parfaitement étant donné que lui-même réagirait probablement pareil s’il se retrouvait à sa place. Pourtant le fêtard se sentait un peu seul n’ayant que peu d’amis ici – il n’avait qu’Hannah et la jeune Lehane – et malheureusement les deux qu’il avait ne lui parlaient même plus. D’ailleurs, il faudrait qu’il songe peut-être à recontacter miss Baker puisqu’elle n’avait pas dû comprendre son comportement à l’hôpital. Surtout qu’il y avait mieux que rencontrer l’ancien Billy pour elle.

Alors que le jeune Hargrove était en train de penser à ceci tout en se musclant, le bruit de la sonnette de l’entrée le tira de ses réflexions. Le blondinet soupira guère content qu’on le coupe pendant sa petite séance. Néanmoins, il posa ses haltères sur le canapé, se leva de celui-ci et se dirigea jusqu’à la porte qu’il ouvrit sans même regarder par le judas qui pouvait être derrière. Vêtu d’un short et d’un t-shirt blanc sans manches, le maître-nageur fut surpris de voir devant lui celle qu’il considérait encore comme sa meilleure amie il y a au moins six mois en arrière – avant l'accident. Son étonnement devait se lire sur son visage. « Faith ? » Fit-il sous le coup de la surprise. « Euh salut, ouais. » Répondit-il avant de froncer légèrement les sourcils. « Ah parce que t’es au courant ? » Première nouvelle vu qu’il ne lui avait pas fait part lui-même de sa mémoire qui lui était revenue. Il n’avait pas invité la brunette à entrer, mais elle ne s’était point gênée pour s’engouffrer dans l’appart. À ce qu’elle lui sortit, le sportif arqua un sourcil. « Vas-y. Qu’est-ce que t’as à me dire ? » Voulut savoir le blond en fermant la porte derrière eux. « Tu t’excuses ? » Dit-il en riant. « On était à deux dans le coup j’te ferais dire ! » Autrement dit, ce n’était pas la peine qu’elle lui présente des excuses puisqu’ils étaient tous les deux coupables dans cette histoire, même s’il avait l’impression de l’être davantage comparé à la Tueuse.

Puisqu’elle voulait parler, Billy laissa donc la brunette faire et croisa les bras tout en la regardant. Il se demandait bien ce qu’elle avait de si important à lui dire pour se pointer directement ici sans prévenir alors qu’elle aurait pu avoir une conversation téléphonique avec lui. « Quoi ? » Sortit le rebelle qui tomba des nues en apprenant pour la grossesse de son interlocutrice. Oh, bon Dieu est-ce que ça voulait dire qu’il n’avait pas songé à se protéger ? Probablement que oui vu comme il en avait un grain ce soir-là. « Les vampires, un avortement ? » Répéta-t-il en fronçant le nez et les sourcils pas sûr de bien comprendre. Puis il garda le silence le temps d’assimiler cette nouvelle plus que particulière. « Euh OK… » Fit-il en marquant une petite pause. « Dans ce cas, je présume que ça va si tu ne souhaitais pas devenir mère. Je t’avoue que de mon côté je me vois pas père. » Si c’était pour être aussi con et peu doué que Neil, il préférait donc s’abstenir d’avoir un jour une descendance. D’autant plus qu’il n’avait encore jamais envisagé une paternité. « Comment t’es au courant de tout ça ? » Demanda-t-il puisqu’il était un peu perdu là, toujours sous le choc de ce qu’il venait d’apprendre. « Attends ! » Tenta de la retenir le Californien qui ne voulait pas qu’elle parte de suite. « Je suis désolé d’avoir insisté pour qu’on couche ensemble… J’étais pas dans mon état normal, ça n’aurait pas dû se produire. » Oui, il regrettait sincèrement d’avoir fait ça et pire d’avoir blessé son petit ami en le faisant sous ses yeux. « Est-ce qu’on pourrait oublier cet épisode et reprendre comme avant ? » Maintenant que Faith était là autant qu’il en profite pour recoller les morceaux cassés. Surtout que ça lui manquait d’avoir quelqu’un à qui se confier autre que son amoureux.

Hargrove était vraiment étonné de trouver la Tueuse devant sa porte. Eh oui, il n’avait plus eu aucune nouvelle d’elle depuis longtemps, alors forcément il ne s’attendait pas du tout à ce que Faith vienne lui rendre visite à l’improviste comme ça. Surtout qu’il pensait qu’elle ne voulait plus avoir affaire à lui et qu’elle l'avait même probablement oublié par la même occasion. En tout cas, ça semblait faire marrer la brunette, ce qui fit arquer un sourcil au rebelle qui la fixait. « Et comment s’appelle ton petit doigt ? » Demanda le blond qui aimerait bien savoir grâce à qui elle avait appris qu’il n’était plus amnésique. Une fois que la brune fut à l’intérieur, le Californien ne comprit pas pourquoi elle s’excusait. Après tout, ils avaient tous les deux été cons cette nuit-là. Néanmoins, son amie avait raison sur un point. C’est vrai qu’elle était plus en état que lui au moment des faits. « OK, OK, je t’écoute ! » Répondit le maître-nageur qui avait bien conscience qu’il n’avait visiblement pas son mot à dire et devait la boucler, même si ça ne lui plaisait pas trop. Il croisa donc ses bras et attendit de savoir ce que voulait la jeune femme.

Le blond se retrouva sur le cul en apprenant que durant leur unique nuit de folie il avait réussi à faire tomber enceinte son amie. C’était bien la première fois que ça lui arrivait – sauf si ses ex-conquêtes lui avaient caché une potentielle grossesse, mais normalement non puisqu’en général il mettait des capotes – et ce n’était pas du tout une bonne nouvelle pour lui. Surtout que Steve allait probablement le tuer de ne pas s’être protégé et d’avoir par-dessus le marché foutu en cloque la Tueuse. « Oh ! » Fut tout ce qu’il trouva à dire lorsque Faith lui avoua qu’elle avait perdu le bébé en se battant contre des vampires. C’était ainsi qu’elle avait découvert porter la vie ? Billy ne remarquait même pas que son interlocutrice faisait semblant face à lui, de ce fait, il se sentait lui-même soulagé d’avoir échappé au fait de devenir père. Ce n’était pas envisageable pour lui de l’être, encore moins à l’heure actuelle. Ne sachant que dire, le bad boy hocha simplement la tête, d’accord avec les propos de la jeune Lehane.

Comment avait fait le nageur-sauveteur pour ne pas capter que si son amie était au courant de tant de choses c’était grâce à Adam, le meilleur ami de Steve. « Ouais, je suis con ! J’aurais dû m’en douter ! » Répondit-il en riant nerveusement. « Euh ouais, on s’est remis ensemble quoi. » Fit-il en esquissant un petit sourire en coin. Heureusement que ça s’était arrangé, car sans ça il serait probablement malheureux comme les pierres sans Harrington. D’ailleurs, il ne savait pas comment ce dernier avait fait pour tenir le coup tous ces mois.

Alors que la brunette comptait s’en aller, Hargrove lui demanda d’attendre et lui présenta ses excuses. Si ça continuait comme ça, il allait finir par devenir pro dans ce domaine. Surtout que le bad boy devait encore demander pardon à Hannah. Le maître-nageur sourit en voyant Faith qui acceptait de l’écouter et même qu’elle le qualifiait carrément d’ami extraordinaire. Sur ce point, il avait un doute, mais ne la contraria pas. Au moins, il était soulagé qu’elle ne lui en veuille pas. Le garçon originaire de Californie fit une petite grimace lorsque son interlocutrice mentionna Steve. « J’peux essayer de plaider ta cause auprès de lui, mais j’te promets pas que ça marchera… » Parce que oui Harrington en voulait à mort à la Tueuse donc ça n’allait pas être facile de lui faire entendre raison. « Je vois pas pourquoi je ne voudrais plus qu’on soit amis. » C’est vrai, ça serait totalement débile de sa part alors qu’elle n’était pas la seule à avoir fait de la merde. D’ailleurs, il souhaitait qu’ils fassent table rase du passé pour repartir sur une bonne note tous les deux. Le sourire de Billy se fit plus prononcé quand la brune accepta et avoua qu’il lui avait manqué. « Tu m’as manqué aussi… » Répondit-il, même si ce n’était pas son genre d’ordinaire de montrer ses sentiments de la sorte. Cependant, il s’était senti vraiment seul, alors ça lui faisait réellement du bien de voir que c’était réciproque. Sauf qu’un bruit juste derrière la porte d’entrée capta son attention. Le sportif fronça les sourcils. Il avait rêvé ou il avait entendu la sonnerie du portable de son petit ami ? Afin d’en avoir le cœur net, il ouvrit la porte sans rien dire et trouva effectivement Harrington dans le hall avec des sacs de courses. Comme ayant l’impression d’avoir été pris sur le fait alors qu’il n’avait pourtant rien fait de mal, le rebelle fit une drôle de tête. Ce qui ne s’arrangea pas quand il croisa le regard de son amoureux. Est-ce que celui-ci avait tout entendu de leur conversation ?

Billy fit la moue, déçu que la brunette ne veuille pas lui dévoiler qui lui avait raconté qu’il avait recouvré la mémoire. En effet, il ne songeait même pas au fait que c’était probablement le cousin de Faith qui avait dû vendre la mèche puisqu’il avait dû en être informé par Steve. S’il avait pris le temps d’y réfléchir, Hargrove aurait pu le deviner, mais de toute façon il était encore trop surpris que la Tueuse se soit pointée pour avoir l’esprit clair. « Dommage… » Répondit-il simplement avant d’écouter gentiment la brunette qui souhaitait se confier à lui. Le pauvre garçon n’en croyait pas ses oreilles et ne se montra pas hyper loquace en découvrant ce qui avait poussé la jeune Lehane à venir le voir. Jamais il n’aurait imaginé qu’elle était tombée enceinte de lui. Pourtant c’était ce qui pouvait se produire lorsqu’on ne se protégeait pas, et cette fois-là ils n’avaient pas utilisé de moyen de contraception. C’était peut-être monstrueux de penser ainsi, mais le rebelle était plutôt content que son amante d’une unique nuit ait perdu le bébé. Il n’aurait guère su gérer un gosse et ne tenait pas à devenir père si c’était pour être aussi con que Neil. Il préférait s’abstenir d’avoir des enfants, ne voulant pas reproduire le schéma familial qu’il avait malheureusement connu. Surtout qu’il n’avait jamais songé à la paternité, étant encore jeune.

La brune était au courant de pas mal de trucs grâce au sorcier visiblement qui n’avait pas tenu sa langue. Le bad boy fit un petit sourire lorsque son interlocutrice lui indiqua être contente pour Steve et lui. Puis, le Californien se mit à rire légèrement à ce qu’elle ajouta. « Tu sais déjà beaucoup de choses ! T’avais pas forcément besoin d’être là. » Dit le sportif avant de vite reprendre la parole. « Oh ! Je suis allé le voir à son boulot. Au départ, il voulait pas m’écouter et a même essayé de sortir par-derrière, mais je l’ai retenu. Je l’ai embrassé, ça l’a calmé et après j’ai pu lui dire que j’étais de retour et désolé qu’il ait souffert par ma faute… » Non, il n’allait pas lui balancer qu’il faisait allusion à ce qui s’était passé entre eux entre autres. Tout comme, il ne voyait pas utile de spécifier qu’après ça Harrington et lui s’étaient envoyés en l’air dans l’arrière-boutique, bien qu’il en garde encore un très bon souvenir.

Le maître-nageur aurait une discussion avec son petit copain concernant Faith, mais ce n’était pas certain qu’il parviendrait à calmer le jeu étant donné que le vendeur était très remonté. Pourtant, il avait bien réussi à pardonner au féru de musculation, alors pourquoi ça ne pourrait être le cas aussi pour l’amie de ce dernier ? « On verra bien… » Répondit le blond qui ne savait pas s’il serait assez convaincant pour apaiser son amoureux. Le rire du jeune homme se mit à résonner à ce que lui sortit la Tueuse. « T’es pas désagréable à regarder, mais je ne suis plus le Billy qui se voilait la face sur son orientation sexuelle… Donc Steve n’a aucun souci à se faire. » C’était son point de vue, mais c’est vrai que le vendeur ne l’entendrait probablement pas de cette oreille. Ce qui risquait de ne pas être triste.

Le nageur-sauveteur en ouvrant la porte de l’appart – après avoir cru percevoir une sonnerie qu’il connaissait – surprit son conjoint qui était devant lui. Il se demandait si celui-ci avait tout capté de son échange avec Lehane. Cette dernière décida de les laisser et souhaitait qu’il la rappelle. « Salut ! » Dit le plus jeune des trois. En remarquant le regard de tueur que son copain lançait à la brune, il se fit la réflexion que ça allait probablement barder. Une fois que mister Harrington fut à l'intérieur, son compagnon ferma la porte d’entrée et le suivit jusque dans la cuisine et soupira avant de s’appuyer contre le côté du frigo en croisant les bras. « Vu la tronche que tu tires, j’imagine que t’as dû entendre une partie de ma conversation avec Faith. » Seulement, il ne savait pas avec certitude depuis quand il pouvait être là et de quoi il était au courant. À moins qu’il n’ait rien entendu et fasse juste la tête parce que la Tueuse était venue et que rien que ça, ça ne devait pas lui plaire.

Hargrove était plutôt content que la jeune Lehane soit revenue vers lui. Ça semblait bien parti pour que leur amitié reprenne là où elle s’était arrêtée. En revanche, maintenant qu’il n’était plus amnésique, le bad boy ne comptait pas avoir d’autres parties de jambes en l’air avec elle. Certes, la fois où ils avaient couché ensemble n’avait pas été déplaisante, mais ça, c’était uniquement parce que sur le moment il était dans la peau de l’ancien Billy. Désormais, il voyait les choses sous un angle différent, donc il ne souhaitait pas réitérer l’expérience. Il avait cette sensation aujourd’hui d’avoir été spectateur, pourtant ça n’avait pas été le cas ce soir-là.

Présentement, le rebelle se sentait comme pris en faute par son compagnon alors que vraiment il n’avait rien fait de mal là. En effet, il avait juste parlé cinq minutes avec la Tueuse, sans aucune ambiguïté. Mais, il devait désamorcer cette bombe, car il remarquait très bien dans le comportement d’Harrington qu’il était prêt à exploser. Une fois dans la cuisine, il engagea le dialogue en le sondant afin de découvrir ce qu’il avait bien pu entendre à travers la porte d’entrée. En voyant de quelle manière, le vendeur venait de poser le pack de bières sur la table, le blondinet fit une drôle de tête. Oui, il était surpris qu’il agisse ainsi. « Et ? Pourquoi tu réagis comme ça ? J’ai dit une connerie ? » Il avait beau essayer de se remémorer l’échange qu’il avait eu avec Faith, il ne parvenait pas à capter ce que pouvait lui reprocher son petit ami. Sans décroiser les bras ni bouger d’un millimètre, le plus jeune continua à observer l’autre garçon avec un air d’incompréhension sur le visage. Puis un rire nerveux franchit les lèvres du Californien. « Ouais eh ben quoi ? T’aurais préféré qu’elle soit toujours enceinte ? Parce que moi non ! » Jusqu’à ce jour et même encore maintenant, pas une seule fois il ne s’était envisagé père donc selon lui c’était mieux ainsi. « De quel gosse tu m’parles ? Il devait pas être plus gros qu’un flageolet, voire moins donc arrête tes conneries ! Et puis il a pas vu le jour bordel ! » Ce qui arrangeait grandement le maître-nageur qui n’aurait pas du tout eu envie de se coltiner un gamin à cause d’une erreur faite pendant son amnésie sous les effets de l’alcool et de la drogue.

Le blond était sur la défensive, n’appréciant pas du tout la façon dont l’accablait son copain. Il avait merdé, chose dont il avait bien conscience, mais c’était trop tard, il ne pouvait guère remonter le temps pour effacer tout ce qui dérangeait son amoureux. Au reproche sur le fait qu’ils ne se soient pas protégés, le sportif fit la moue. « Ouais, ben tu l’as dit toi-même j’étais défoncé et j’te rappelle que j’étais pas moi-même à l’époque ! » Indiqua-t-il juste au cas où king Steve aurait oublié. Sans faire exprès, le nageur-sauveteur soupira en même temps que son interlocuteur. Puis, il laissa celui-ci déverser son venin puisqu’il semblait en avoir besoin. Quant à Billy, il se retenait de péter un plomb, n’aimant pas du tout être engueulé de la sorte. En écoutant son homme, il avait l’impression d’être un monstre. OK, il était en droit de lui en vouloir, bien que ce ne soit pas cool de sa part étant donné qu’il lui avait pardonné depuis un moment… Harrington en devenait injuste et blessant. Surtout qu’il commençait à croire n’importe quoi au sujet de son petit ami. Mais ce dernier pour l’instant n’ouvrait plus la bouche et attendait simplement que la tempête Steve se calme, sauf qu’une boule se logea dans sa gorge alors qu’il ne savait que faire.

Lorsque le brun lui tendit les autres packs de bière, Hargrove se racla la gorge pour essayer de retirer le nœud qui s’y était formé, puis il décroisa ses bras et aida donc son compagnon à ranger l’alcool sans toutefois desserrer les dents. Ce n’est que quand Steve quitta la pièce pour aller Dieu sait où que le rebelle sortit de son mutisme et le suivit pour le rattraper. Il le saisit par le poignet pour le stopper puis se mit en face de lui. « Écoute, t’es sous le choc ! J’vais pas prendre en compte tout c’que tu viens d’me cracher au visage, mais contrairement à c’que tu penses de moi, j’me suis pas tapé la Terre entière. J’te l’ai déjà dit, mais j’vais le répéter… J’suis désolé de ce qui s’est passé avec Faith. Désolé que ça t’ait fait du mal et que ce soit encore le cas maintenant… J’pensais qu’on était passés au-dessus de ça, mais apparemment j’me suis trompé. » Il avait probablement été bête et aveugle de croire que son copain aurait laissé cette histoire derrière eux. Tout en posant sa main sur le torse de son interlocuteur, il s’humidifia les lèvres afin d’évacuer le stress qu’il ressentait. « T’es la seule personne que j’aie jamais aimée. Ne l’oublie pas… » En effet, Harrington est l’unique à avoir réussi cet exploit. C’était à lui qu’il avait ouvert son cœur et dont il était tombé amoureux, il pouvait en être fier.

Billy se mordillait la lèvre tout en entendant son copain hurler. OK, ce n’était donc pas ce qu’il avait pu dire que lui reprochait le brun, mais ce qui s’était passé il y a plusieurs mois. « Tu t'doutes bien que c’était pas volontaire de ma part d'la foutre en cloque ! » S’il avait été dans son état normal et qu’il avait eu les idées claires, jamais il n’aurait couché avec elle d’une part, tout comme il n’aurait pas pris le risque de s’envoyer en l’air sans capote. Au moins, Harrington semblait d’accord avec le fait que c’était mieux pour tout le monde que le fœtus n’ait pas pu voir le jour. « Voilà dis-toi ça et arrête de t'prendre la tête pour cette connerie ! » Parce que oui, c’en était une belle que le blondinet regrettait déjà depuis qu’il avait recouvré la mémoire. Par la suite, le maître-nageur soupira face à l’entêtement de son compagnon qui n’avait pas l’air de vouloir se calmer. « Tu fais chier Harrington ! J’en ai rien à foutre de ce pseudo môme alors fais-en autant bordel ! » Si encore lui-même se sentait mal d’avoir frôlé la paternité, il pourrait comprendre que son homme lui en veuille, mais là c’était loin d’être le cas étant donné qu’il ne tenait pas à devenir père. Avoir Max à sa charge lui suffisait amplement, il n’avait pas besoin d’avoir un bébé dans les pattes.

Les nerfs du bad boy étaient mis à rude épreuve, il faisait vraiment son possible pour ne pas péter un câble, mais ce n’était pas simple alors que Steve semblait désirer le foutre en rogne. « Ah ouais tu t’en rappelles ? Ben on dirait pas vu comment tu m'prends la tête pour un truc que j’ai fait il y a plusieurs mois et pour lequel j'me suis déjà excusé pas mal de fois. Tu m'gonfles royal king Harrington ! Tu m’emmerdes même ! » Pourquoi essayer de rester calme ? Ça ne servait à rien étant donné que depuis quelques minutes le vendeur cherchait le conflit. De plus, c’était la manière du rebelle de se défendre et de se protéger puisqu’il commençait à avoir mal au cœur à cause de tout ce que son petit ami lui sortait injustement sans se mettre une seule seconde à sa place.

Lorsque étrangement le plus vieux décida de fuir la discussion en désertant la cuisine, le Californien sortit de son silence et le suivit puis lui bloqua le passage, l’empêchant d’aller plus loin. Il n'accéda pas à la requête de son copain qui voulait qu’il le laisse tranquille. Non, il fallait à tout prix qu’ils parlent et règlent leurs comptes. Alors, le nageur-sauveteur tenta de rassurer sa moitié sur le fait qu’il n’avait pas couché avec tout Loading City pendant son amnésie, puis il présenta derechef ses excuses pour tout ce qui avait pu blesser Steve avant de lui révéler qu’il était le seul qu'il aime et que personne avant lui n’y était parvenu. Sauf que le brun ne réagit même pas à propos de cela, ce qui fila les boules à l’autre garçon. « Tu t'fous de ma gueule là ??? J’te dis encore que j’suis désolé, j’me livre à toi, je t'ouvre mon cœur et toi tu penses à ma sœur ? Mais putain j’suis trop con ! Va t'faire foutre ! » Hurla un bon coup le blond qui se sentait incompris et également mal d’avoir pris la peine d’essayer de calmer le jeu, se mettant à nu tout ça pour rien ! Il lâcha donc le poignet d’Harrington et retourna en cuisine. Histoire de se détendre et de redescendre en pression, le féru de muscu attrapa une des bières qui se trouvait dans le frigo et dévissa la capsule à mains nues avant d’avaler une grande gorgée tout en ouvrant la fenêtre. Il s’appuya contre le rebord puis regarda la ville éclairée par les rayons de la lune – qui était pleine – et les lampadaires allumés.  

Hargrove se retenait de soupirer à cause du commentaire de son petit ami et de la tournure des choses. Il avait fait une grossière erreur, mais ça s’était produit durant une période où il n’avait pas le contrôle de lui-même à cause d’un souci d’ordre médical. « Bon sang Steve c’était pas ma faute ! » C’était compliqué, même pour lui, mais il n’avait point voulu faire souffrir son copain. C’était malencontreusement arrivé à cause de l’amnésie qui l’avait frappé et l’avait fait redevenir pendant un bon moment celui qu’il était autrefois. Tout ce que désirait actuellement le bad boy c’était que son amoureux cesse de se tourmenter, car ça lui faisait mal au cœur de le voir comme ça. « Essaie plus fort alors ! » Conseilla-t-il, le suppliant presque de bien vouloir oublier cette histoire. Sauf que non, Harrington en rajouta une couche en posant une étrange question au maître-nageur. « Quoi ??? C’est quoi cette connerie ? T’as conscience Steve que ni toi ni moi ne possédons de vagin… » Alors pourquoi diable lui demandait-il un truc aussi absurde ? C’est vrai que parfois le vendeur n’était pas très futé aux yeux du Californien, mais là, ça dépassait l’entendement.

La suite ne fut guère mieux et amplifia carrément la dispute entre les deux garçons. Billy se sentait incompris et ne savait pas quoi faire pour calmer le jeu faire descendre la pression du côté du brun. De plus, ce dernier le blessait avec ses paroles. Pourtant, le rebelle essayait chaque jour de prouver qu’il tenait à lui et qu’il n’allait pas rebasculer, mais visiblement ce n’était pas assez aux yeux de son chéri. Sous le choc, cette fois, le blondinet n’ouvrit pas la bouche et se contenta de lever un pouce en l’air pour toute réponse, même s’il faisait preuve d’ironie là étant donné qu’il ne trouvait pas la situation géniale. Au bout de quelques instants, il reprit la parole. « T’attends quoi de moi ? Que j’me mette à genoux devant toi et que je chiale pour que tu me pardonnes ? » Si c’était ce que voulait le brun, il pouvait toujours rêver, car son ancien camarade de classe ne s’abaisserait pas à moins que sa sensibilité remonte à la surface.

Quelques instants après, le nageur-sauveteur eut beau tenter d’arranger les choses, il eut l’impression que ses efforts étaient vains. Tout simplement parce que Harrington ne l’avait point écouté et ne lui accordait pas la moindre chance. Ce qu’il lui avait dit, il ne le réitérera pas, ça lui apprendra. Se sentant écœuré, le féru de muscu ne prit pas la peine de répondre quoi que ce soit lorsque son interlocuteur le rappela, il ne se retourna même pas et leva juste la main en l’air pour faire comprendre qu’il n’allait plus l’écouter à partir de maintenant. Non, là, ce qu’il souhaitait c’était boire pour occulter leur embrouille qui lui prenait la tête. Alors avec sa bière à la main, Billy observait par la fenêtre ce qui se passait dehors. De temps à autre, il avalait une gorgée de sa boisson sans prêter attention à ce que pouvait faire Steve de son côté. Le blond préférait être seul que de continuer à s’emporter.

Après plusieurs minutes, le garçon originaire de Californie entendit la voix du vendeur résonner derrière lui. A ses explications, Hargrove lâcha un soupir sans bouger, fixant droit devant lui. « Pourquoi ? Tu vas la faire chier elle aussi ? Lâche-lui la grappe cinq minutes ! Elle a dû tomber sur un de ses potes, elle rentrera après. » Pour l’instant, le blond n’était pas inquiet outre mesure et puis il n’avait pas envie de plier cette fois. Il avait répondu à Steve sans se tourner vers lui. Billy termina d’une traite le contenu de sa bouteille qu’il posa sur le rebord de la fenêtre.