Ready to hunt the vampire ?

Je ne souhaitais aucun malheur au garçon ici présent. Au contraire, je voulais qu’il soit heureux et non pas qu’il rumine à propos de choses passées qui semblaient être toujours douloureuses pour lui. À son remerciement, je lui offris un tendre sourire. En effet, il pourrait compter sur moi s’il avait besoin de se confier à quelqu’un. Naturellement, je suis une personne avec une oreille attentive, mais c’est encore plus prononcé là alors que j’ai un gros coup de foudre pour le vampire.

Les sentiments assez forts que j'éprouvais à l’égard d’Alessio étaient partagés visiblement puisqu’il venait de m’avouer être amoureux de moi. Au moins, même si je n’arrivais pas à lui répondre à propos de ça, je n’avais pas à m’inquiéter sur la réciprocité de ce que je ressentais pour le brun. Ce qui était une très bonne chose, bien que j’étais un peu gêné et un brin timide. En tout cas, mon interlocuteur semblait d’accord avec moi quant au fait que je suis quelqu’un de bon, ce qui m’arracha un nouveau sourire. « Si tu le confirmes, ça va. » Répondis-je en lâchant un petit rire. Je retrouvai cependant mon sérieux quand le sang-froid m’expliqua pourquoi il m’avait suivi en fin de compte. « Ah oui ? Alors que j’étais encore sous ma forme animale ? » Demandai-je quelque peu surpris par cette révélation. Après, je n’allais pas le juger trop durement étant donné que moi-même dès que j’avais croisé son regard j’étais tombé sous son charme, comme si on m’avait envoûté. Je fis racler ma gorge avant de reprendre la parole. « J’ai ressenti cette attirance moi aussi à la seconde même où j’ai posé les yeux sur toi. » Avouai-je gêné, mais je voulais me montrer sincère et qu’il comprenne que j’ai de l’intérêt pour lui malgré mon côté réservé qui n’aidait pas trop. En repensant à ce qu’il avait dit il y a quelques instants un rire franchit mes lèvres. « C’est sûr que les autres loups n’auraient pas agi comme moi… » Ils auraient tout simplement cherché à le tuer, ce qui m’arracha un frisson. Il fallait que j’enlève ceci de ma tête, car ça ne me plaisait pas du tout d’imaginer le brun mort, déchiqueté par mes congénères.

Heureusement, je pus chasser au loin mes sombres pensées grâce aux bêtises de mon interlocuteur qui avait l’air d’adore me mettre mal à l’aise à cause des belles paroles qu’il me sortait. Je souris lorsqu’il m’assura être sincère. Tant mieux parce que je n’aimerais pas qu’il soit hypocrite. « Merci. » Répondis-je simplement quand le brun me dit qu’il allait faire des efforts et moins me flatter. Je me doutais bien qu’il n’allait pas pouvoir cesser cela du jour au lendemain s’il avait l’habitude d’agir comme ceci. Si ça se trouve, j’allais même réussir à m’y faire au fil du temps.

Malgré un premier baiser que j’avais trouvé magnifique, même si j’avais eu peur de ne pas être à la hauteur, j’avais pris quelques distances avec mon partenaire, ne voulant pas qu’il me saute dessus puisque j’avais bien senti et entendu que nos embrassades l’excitaient. D’ailleurs, j’avais encore de la peine à me faire à l’idée que je pouvais le mettre dans cet état. Apparemment, Alessio souhaitait qu’on se planifie un rencard. J’avais besoin qu’il me dise exactement comment il envisageait celui-ci. Il me décrivait tellement bien les choses que je n’avais aucun mal à les imaginer. C’en était carrément au point que j’avais réellement envie de faire ceci avec lui. « Eh bien, si on a le temps de tout faire durant une seule nuit ça me plairait beaucoup. » Oui, ça serait formidable et rendrait certainement notre premier rendez-vous inoubliable. « J’aime bien la plage aussi, même si je suis plus habitué à la forêt. » Rajoutai-je en souriant tendrement. J’avais déjà hâte d’y être finalement. Si je m’écoutais, je lui proposerais qu’on fasse ça de suite, mais ça ne serait pas raisonnable étant donné qu’il était blessé et qu’il n’avait pas de quoi s’habiller pour sortir en ville.

Je fis ensuite l’effort de prendre sur moi afin de répondre au vampire qui pensait que je venais de recevoir mon premier baiser. Je lui expliquai donc comment ça s’était déroulé pour moi et l’histoire qui y était liée. À savoir que mon amie d’enfance, la sœur de mon meilleur ami était celle avec qui j’avais appris à embrasser et qui par la suite depuis longtemps et encore actuellement se faisait passer pour ma petite amie. « Ah bon ? Pourquoi ? » Demandai-je surpris en découvrant que son premier baiser n’était pas mignon. De mon côté, je ne savais pas trop quoi penser de ce que j’avais vécu à l’époque avec Luna lorsqu’il y avait eu ce bisou qui en avait précédé pas mal d’autres. « Tu trouves ça chou toi ? Moi je sais pas, je dirais que c’était plus une expérience… Enfin pour moi en tout cas. » Quant à la jeune Rivers, je ne saurais dire comment elle l’avait vécu puisqu’on n’en avait pas reparlé. Je secouai la tête quand le brun demanda si ça ne nous avait pas gênés de rester amis. « Non, pas du tout. Elle avait déjà quelqu’un d’autre en vue en fait. » Bien sûr, je ne connaissais pas ce garçon et ne l’avait jamais rencontré, mais elle le côtoyait à l’école. Je balançai doucement la tête au moment où mon interlocuteur me dit que les autres tomberont de haut le jour où ils découvriront la vérité au sujet de notre faux couple. « Probablement, mais le plus tard possible, ça sera sans doute le mieux. » Surtout que je n’étais pas pressé qu’ils apprennent la réalité sur ma sexualité. Je ris ensuite à la question que me posa Alessio. « T’es déjà jaloux ? » Fis-je pour plaisanter avant d’enchaîner. « Non, elle l’a peut-être été à l’époque, je ne sais pas. Mais ne t’en fais pas pour ça. » Je n’étais pas à sa place, mais je n’avais pas cette impression qu’elle ressentait de l’amour à mon égard. Je pense sincèrement qu’elle me considère comme son meilleur ami, ce qui est réciproque. À la question qui suivit, je soupirai. « Je ne sais pas trop. Il n’a pas l’air de les porter dans son cœur, mais c’est surtout qu’il est très vieille école si tu vois c’que j’veux dire. Il attend donc de moi que je perpétue la lignée familiale… » Malheureusement, il sera forcément déçu, car n’étant pas hétérosexuel, je ne pourrai jamais lui offrir des petits-enfants qui auront le même patronyme que nous et que notre sang coulera dans leurs veines. Mais fort heureusement, grâce à Lou il deviendra grand-père un jour ou l'autre - sauf si pas de pot elle finit par découvrir qu'elle aime les filles - , bien qu'en revanche ils auront un nom de famille différent.

Mon inquiétude refit surface en regardant la blessure de mon crush. J’imaginais facilement qu’il devait souffrir le pauvre. Ça me faisait mal au cœur pour lui. Pire à ce qu’il m'indiqua. « Ah merde. » Dis-je en grimaçant. C’est vrai que je n’avais pas songé au fait qu’il devait être affamé, ayant été retenu prisonnier dans une cage par le bras droit de mon père. Pourtant tout à l’heure quand j’étais sous ma forme lupine, il m’avait déjà parlé de sang. Puis j’entendis ce qu’il se disait à lui-même et cela confirma ce à quoi je pensais. *Repose-toi alors.* Répondis-je par la télépathie en lui faisant un petit sourire. « Tu veux que j’aille la récupérer ? » Si ça pouvait lui faire du bien et l’aider à se soigner, j’étais prêt à y aller tout de suite, même si j’allais devoir faire attention étant donné que les autres devaient encore le chercher.

Lorsque le bel Alessio me remercia – du fait que j’aie proposé de l’écouter s’il avait besoin de se confier – je lui offris pour toute réponse un tendre sourire. A en juger par celui qu’il arborait, j’imaginais que ça lui faisait plaisir. Si ça pouvait le soulager, ça ne me gênait absolument pas d’avoir une oreille attentive, surtout pour lui, même si je savais faire de même pour mes proches.

Je me sentais totalement idiot de rougir si facilement face au vampire, mais je ne pouvais absolument rien y faire. J’ai toujours été d’un naturel timide, encore plus quand la personne en face de moi me plaît, ce qui était très nettement le cas actuellement. Donc, il n’y avait rien d’étonnant à ce que je prenne des couleurs alors que je discutais avec le beau brun. C’était peut-être aussi dû au fait que je n’ai jamais été doué pour les relations sociales, pire encore dans le domaine amoureux. La preuve, je n’avais eu qu’une seule petite histoire, mais je ne savais pas vraiment si celle-ci pouvait compter puisque je n’étais pas amoureux de Luna à l’époque. Je ne pus faire autrement que de sourire quand mon interlocuteur approuva ce que je venais de dire et confirma ce que je pensais à mon propre sujet. « Merci. » Fis-je doucement, toujours aussi timide, même si ça me faisait plaisir qu’il me voie comme une bonne personne. Dans la vie, je suis rarement quelqu’un de fier, mais là je l’étais grandement, car j’avais sauvé la vie de ce joli garçon. Bon OK, techniquement, il avait juste eu l’intelligence de me suivre alors qu’il aurait très bien pu ne pas le faire… mais quand même, j’étais content de l’avoir au moins mis à l’abri. En l’écoutant, je souris encore plus bien trop heureux qu’il me dise ces choses. D’ailleurs, mon cœur s’emballait. Puis, je me mis à rire à cause de ce que le sang-froid m’avait sorti à la fin. « C’est vrai que les autres ne feraient pas ça, j’te le confirme ! » Clairement mes congénères ne se feraient pas prier pour lui sauter à la gorge, bien que certains soient moins sauvages que la plupart. Comme ma meilleure amie qui reste une fille assez douce dans l’ensemble, même si comme beaucoup elle a du mal à résister à l’odeur du sang. C’est comme si ça les rend fous, alors que moi ça me dégoûte… « Je t’en remercie d’avance. » Répondis-je au jeune Sullivan qui me promettait qu’il allait faire des efforts pour se montrer moins flatteur envers moi étant donné que ça me gênait beaucoup.

Maintenant qu’on s’était embrassés et que j’essayais de me calmer comme je le pouvais, je fus quelque peu pris de panique à cause du rencard que m’avait proposé mon interlocuteur, mais peut-être que suite à la question que je venais de lui poser, il parviendrait à m’apaiser. Ou tout du moins, je saurais à peu près à quoi m’en tenir le moment venu. En tout cas, ses idées me faisaient voyager et me donnaient l’eau à la bouche. A tel point que si je m’écoutais, j’aurais envie de faire tout ceci de suite, mais ça ne serait absolument pas raisonnable. Encore moins vu l’état du vampire présentement. « Tout me plairait beaucoup je pense. » Dis-je dans un premier temps avec un petit sourire, même si je me sentais encore intimidé. « Après, je ne peux pas te promettre qu’il n’y aura pas des loups ou des vampires dans les parages… » Si seulement j’avais un moyen de contrôle sur ça, mais ce n’était pas le cas, alors on allait devoir faire attention malheureusement. « J’aime beaucoup la plage aussi, même si je suis plus habitué à la forêt. Mais j’adorerais me balader en bord de mer avec toi. » Indiquai-je en souriant encore, rêvant à ce que pourrait donner notre ou nos futurs rendez-vous en amoureux. J’étais sans doute en train de m’emballer, mais pour le coup c’était plus fort que moi, car Alessio m’avait donné envie rien qu’en m’expliquant ce qu’on pourrait faire tous les deux dans un avenir proche. Mais il fallait que je garde bien les pieds sur Terre, car je craignais de me brûler les ailes. Malgré tout ce que le beau brun avait pu me dire depuis tout à l’heure, je gardais tout de même un petit côté méfiant, mais c’était uniquement par peur de souffrir en m’attachant à lui.

J’avais vraiment pris sur moi afin d’expliquer au mieux au sang-froid mon parcours et la relation que j’entretiens avec la jolie Rivers depuis plusieurs années, bernant ainsi tous les membres de la meute qui nous croient en couple. Je fus quelque peu surpris lorsque le jeune Sullivan me lâcha qu’il trouvait mignonne mon histoire. Pourtant la pauvre Luna en avait ras le bol d’attendre que je me décide à l’embrasser, mais ça n’avait pas été simple pour moi de franchir ce cap la première fois. « Je suis sûr que si tu m’avais vu hésiter et douter pendant des heures, tu n’aurais pas eu la même pensée. » Répondis-je amusé en repensant à tout ça, alors qu’à l’époque j’étais méga anxieux. Puis à cause de ce qu’avait dit le vampire, je le regardai d’un air intrigué. « Pourquoi c’était moins chou ? » Est-ce que j’allais regretter de lui poser cette question ? C’était fort possible, mais je n’avais guère pu m’en empêcher, surtout que c’était sorti tout seul. Je secouai ensuite la tête lorsqu’il voulut savoir s’il n’y avait pas de gêne entre mon amie et moi. « Non. Je sais, ça va sûrement paraître bizarre ce que je vais dire vu qu’on s’est embrassés un bon paquet de fois en l’espace de quelques semaines… mais désormais je suis sûr de moi. Je la vois comme une seconde petite sœur. Et puis c’est grâce à elle aussi que j’ai eu la confirmation que les filles ne sont pas faites pour moi. C’est pas qu’elle m’a dégoûté. » *Bon sang si elle m’entendait elle me tuerait.* « C’est juste que malgré que je l’adore, j’ai jamais eu cette étincelle particulière. J’étais pas amoureux quoi, même si quand on était plus jeunes, je n’en étais pas certain. Je crois bien que je confondais ma profonde affection pour elle avec l’amour. » N’étais-je pas en train de raconter n’importe quoi et de m’enfoncer ? Peut-être bien… J’avais cette sensation de partir dans tous les sens. Sans doute parce que cette discussion était assez difficile pour moi, ne m’étant jamais ouvert à ce point-là. J’haussai des épaules quand mon interlocuteur supposa que mes congénères allaient être surpris lorsqu’ils découvriraient mon secret. Puis, j’arquai un sourcil interrogateur. « Pourquoi tu veux savoir ça ? T’es déjà jaloux de ma fausse petite amie ? » Demandai-je en riant. « Écoute, je ne suis pas dans la tête de ma meilleure amie, mais je ne pense pas qu’elle m’aime de cette façon. » Cependant, je ne pouvais pas lui certifier à 100% étant donné que je n’avais jamais demandé à la petite blonde si elle était amoureuse de moi. Oui, à l’époque quand on voulait vérifier s’il y avait plus que de l’amitié entre nous elle m’avait dit je t’aime une ou deux fois il me semble, et encore, je n’en suis même pas certain en réalité. Ma mémoire me faisait défaut pour le coup.

Un petit soupir franchit mes lèvres à cause du fait que le jeune Sullivan m’interroge au sujet de mon père et de la possibilité qu’il n’apprécierait pas les homosexuels. « Alors ça, je ne sais pas trop… On n’a jamais vraiment abordé ce sujet. Mais, je ne sais pas, c’est quelque chose que je redoute en effet. Ça et le fait qu’il serait déçu que je suive pas la voie qu’il aurait aimé que j’emprunte. Sans compter qu’il risquerait aussi de ne pas être content qu’on ait menti Luna et moi. Même si évidemment je pense que c’est moi à qu’il en tiendrait le plus rigueur. » Après tout, je suis son fils, donc ça serait logique et normal. Quant à Miss Rivers, elle risquait d’en entendre pas mal aussi de la part de ses parents qui me considèrent comme un membre de leur famille. Bien que c'était déjà le cas avant même qu'on fasse semblant d'être ensemble.

J’en avais assez de parler de moi, d’autant plus qu’autre chose me tracassait à l’instant présent. En effet, je voulais savoir si le brun ne souffrait pas trop le martyr. « Ah merde. » Fis-je en grimaçant lorsqu’il m’expliqua qu’il n’avait rien avalé depuis deux jours. C’est sûr que dans ces conditions il allait avoir du mal à cicatriser correctement et à s’en remettre. Alors que je m’inquiétais encore pour lui, je perçus très nettement ses pensées dans mon esprit. « Tu sais quoi ? Repose-toi. » Conseillai-je avant de rajouter par télépathie. *Tu veux que j’aille voir si la poche de sang est toujours là-bas ? Elle serait où ? Près de là où je t’ai trouvé ?* Tout ce que j’espérais par contre, c’était qu’il n’y avait eu aucune saloperie glissée dans ce qui aurait dû lui servir de repas hier soir. Parce que je ne tenais pas à ce qu’il soit encore plus mal qu’il ne l’était déjà. Au contraire, je souhaitais qu’il aille mieux et vite.

Je fis une petite grimace lorsque Alessio me dit que mes congénères lui jetteraient des pierres s’ils avaient affaire à lui. C’est vrai que ce n’est pas cool cette mésentente entre les vampires et les loups. Malheureusement, celle-ci ne datait pas d’hier. Elle remontait à fort longtemps, mais avait empiré suite à la mort de plusieurs membres de la meute ainsi que celle de ma mère. Il était donc peu probable que les relations entre nos deux races s’améliorent un jour. Avant de prendre la parole à mon tour, je haussai des épaules. « Je ne saurais pas te dire avec exactitude, mais ça perdure depuis plusieurs siècles. On est des… » Je mimai des guillemets pour finir ma phrase. « … ennemis naturels. » Je trouve d’ailleurs cette expression débile, mais ce n’est pas moi qui l’ai inventée. Puis, je soupirai doucement avant de poser ma main sur celle de mon interlocuteur. « Je sais. J’ai cru comprendre tout à l’heure que tu n’avais pas choisi de le devenir. » Ce qui me rendait triste pour lui. C’était horrible que sa vie ait pris une telle tournure. Certes, il était loin d’être le seul dans ce cas, certainement que bon nombre des sang-froid se retrouvaient transformés sans leur consentement, mais c’était pour lui que j’avais de l’empathie. Quant aux autres, je ne les connaissais pas, donc ce n’était point mon problème. Je ne pus m’empêcher de sourire en voyant le clin d’œil du brun. Décidément, il me faisait trop craquer !

Suite à notre rapprochement, voilà que mister Sullivan et moi on se projetait dans l’avenir, prévoyant déjà un premier rencard qui me donnait autant envie qu’il me stressait. Je hochai doucement la tête quand le brun m’expliqua qu’il aimerait qu’on se voie dans un lieu différent. J’étais d’accord avec lui, même si le fait qu’on soit dans ma grotte me convenait. « Si tu y tiens, on fera ça. » Surtout que moi aussi je souhaitais qu’on apprenne à mieux se connaître dans un endroit neutre si je puis dire. Je souris à ce qu’ajouta mon bel Alessio. « On pourrait oui si tu veux, mais comme tu l’as dit il y a quelques instants, ça peut être risqué. » Et c’était hors de question que le vampire soit en danger par ma faute. De plus, la forêt je la vois tous les jours, vivant juste à côté d’elle, donc ce n’était pas obligatoire qu’on s’y balade tous les deux.

Ce n’était point facile de me dévoiler autant en expliquant ce qui nous lie la jeune Rivers et moi, mais je voulais être honnête envers mon coup de cœur. « Ouais. » Bredouillai-je rapidement avant d’écouter la suite. Je balançais lentement ma tête, peu certain qu’il ait raison. « Je sais pas. C’que j’peux te dire c’est qu’elle en avait marre. » En même temps, mon amie aurait pu m’embrasser elle-même au lieu d’attendre que je me lance. Mais d’un côté, elle voulait peut-être que ça vienne de moi. Puis je pouffai de rire à cause de l’anecdote que venait de me conter le brun. « Je vois c’que tu veux dire. Luna me donnait des baisers pas mal baveux aussi. » J’ose espérer qu’elle s’était améliorée et surtout qu’elle était devenue moins généreuse niveau salivaire avec les garçons qu’elle avait fréquentés après moi. « C’est sûr que c’est pas génial. » Rajoutai-je en imaginant ce qu’avait dû ressentir Alessio ce jour-là. Vint ensuite le moment où je fis part à mon interlocuteur de la façon dont je voyais désormais la blonde, comme une seconde sœur. Ce qui d’un point de vue extérieur pouvait paraître étrange vu notre passif. En entendant le rire du vampire, je fronçai légèrement les sourcils, me demandant quelle mouche l’avait piqué, mais je compris assez rapidement lorsqu’il ouvrit la bouche. Je hochai la tête à ce qu’il me dit et souris même. Visiblement, il m’avait parfaitement cerné. « Elle est très mignonne, oui. Pour moi, c’est la plus belle de la meute parmi les filles ayant à peu près mon âge. » Ce que je pensais sincèrement. J’eus ensuite un sourire amusé à cause du fait que le sang-froid soit content que je préfère les garçons, car ça lui donnait un certain avantage.

Mon rire se mit à résonner dans la grotte à cause de la réaction de mon interlocuteur. Je décelais très nettement de la jalousie émanant de lui, bien qu’il refuse de l’avouer oralement. « Mais bien sûr. » Répondis-je en souriant d’un air amusé avant d’avoir la confirmation grâce à ses pensées que je percevais. Néanmoins, je trouvais ça trop mignon et en même temps ça me rassurait. *T’as rien à craindre. Vraiment !* Lui dis-je par télépathie afin d’apaiser sa crainte, car je ne voulais pas qu’il se torture l’esprit inutilement. Surtout que n’étant pas hétéro, bi ou pan, il n’avait aucun souci à se faire. Je n’allais pas subitement changer d’avis pour retourner avec Luna, aussi jolie soit-elle.

Pour ma part, je m’inquiétais du fait que mon père pourrait m’en vouloir en premier à cause des mensonges que je lui sortais depuis plusieurs années, mais aussi parce que je n’aime pas les femmes. Ça allait forcément le décevoir puisque depuis longtemps il imaginait que dans le futur ma meilleure amie deviendrait mon épouse et qu’on deviendrait parents ensemble. Le pauvre s’il savait… Tous ses projets ne se réaliseront jamais. Je fis bouger un peu l’une de mes épaules tout en pinçant mes lèvres entre elles, ne sachant que faire. Un gros soupir franchit ensuite mes lèvres. « Sauf que toute la meute attend cette union et qu’on ait des enfants. Ils vont probablement pas être ravis par la nouvelle. » Je le sentais même très mal. On nous pourrira et on nous balancera des reproches entre autres. Mais je nous vois tellement pas nous forcer à faire tout ceci juste parce que c’est ce qu’ils veulent. D’ailleurs, Luna est contre également. Heureusement, qu’elle est d’accord avec moi, sinon ça aurait pu être encore plus délicat.

Pour l’heure, autre chose me préoccupait davantage. À savoir l’état d’Alessio puisque je n’aime pas le voir dans le mal. Il fallait donc que je l’aide à se rétablir. Pour ce faire, j’étais prêt à aller récupérer la poche de sang qu’il aurait dû boire hier, même si je craignais qu’elle n’ait été "empoisonnée". Tout en regardant le vampire, je lui fis un petit sourire bien que je demeure inquiet pour lui. *J’y tiens. Je vais essayer de la trouver.* Je laissai ma main dans la sienne pendant que j’écoutais ce qu’il avait à me dire. Je me retins de faire une grimace lorsqu’il parla d’un lapin. En effet, j’avais le don de pouvoir communiquer par la pensée avec les animaux, alors il me serait insoutenable d’entendre une bête souffrir sous ses crocs. Je ne répondis rien et me rapprochai de lui pour déposer un doux baiser sur ses lèvres, puis je récupérai ma main, offrant une dernière caresse sur la sienne avant de me lever. « À tout à l’heure. J’essaie de faire vite. » Promis-je en lui lançant un dernier sourire. Puis, je tournai les talons et me dirigeai vers la sortie de la grotte. N’ayant pas envie de bousiller mes vêtements – j’avais oublié de me transformer à l’abri des regards indiscrets – je ne pris pas la peine de passer sous ma forme animale. Toutefois, ayant besoin de me dépenser et voulant me dépêcher, je partis en courant en direction du camp. Je visualisais très bien où devait se trouver ce dont avait besoin le brun. Je n'eus donc aucun mal à m'y rendre.

Par chance, la poche de sang était toujours intacte - incroyable qu'elle n'ait pas été piétinée et écorchée par mes congénères pendant la traque -, non loin de la cage dans laquelle le brun avait été enfermé par le bras droit de mon père. Je récupérai donc ce que j'étais venu chercher. Puis toujours au pas de course, je fis demi-tour pour retourner dans mon antre. En m'y engouffrant, je marchai à pas de loup afin d'éviter de réveiller mon beau vampire qui devait dormir puisque s'il m'avait entendu arriver, j'aurais probablement perçu ses pensées. Quelques instants après, alors que j'arrivais justement non loin du matelas de fortune, je pus constater qu'effectivement Alessio se reposait comme je lui avais recommandé de le faire. Je souris, attendri de le voir si paisible.

J’étais d’accord avec mon interlocuteur sur le fait que cette guéguerre entre son clan et le mien soit débile, mais c’était ainsi… Je n’avais pas espoir que nous deux puissions y changer quoi que ce soit. « Moi aussi ! » Répondis-je en soupirant comme le brun avant d’écouter la suite en bougeant légèrement la tête. Il n’avait pas tort puisque nous sommes des êtres de la nuit. « Je ne pense pas que tes congénères ni même les miens partagent ton point de vue. » Ensuite, mon âme sœur m’indiqua que selon lui, beaucoup de vampires le devenaient contre leur gré. Certes, ça m’avait effleuré l’esprit, mais qu’il le confirme me surprenait un peu. « Ah ouais ? T’as eu des échos à propos de ça ? » Demandai-je afin de savoir si on lui en avait parlé ou s’il ne faisait qu’une simple supposition. S’il s’agissait de la première option, je trouvais ça cruel qu’on inflige ce châtiment à des humains qui ne souhaitaient pas changer de vie.

En captant les pensées du brun, je ne pus guère m’empêcher de sourire tel un idiot, car je m’y voyais déjà comme si j’y étais. Alors c’était évident que j’avais hâte que ce rencard ait lieu, même si j’allais stresser jusqu’à ce que le moment arrive. J’arquai un sourcil à la proposition d’Alessio. « Ça me semble pas légal ton truc. » Dis-je ne me sentant pas trop à l’aise à l’idée qu’on aille au cinéma lorsqu’il sera fermé. En effet, je ne suis pas forcément quelqu’un de très rebelle dans l’âme.

J’avais tenté au mieux de décrire à mon interlocuteur le lien entre Luna et moi. À ce qu’il me répondit, ne saisissant pas, je fronçai les sourcils. « Comment ça t’as connu la frustration avant ? Et elle a été recommencée de quoi ? » Oui, il fallait que mister Sullivan éclaire ma lanterne, car là j’étais complètement dans le flou actuellement, ne parvenant pas à visualiser ce qu’il avait voulu me dire. Ensuite, nous rigolâmes à cause de nos expériences passées qui étaient drôles après coup. Je m’arrêtai net de rire quand l’autre garçon m’assura que notre baiser ne ressemblait pas à ceux qu’on venait de se raconter. Un fin sourire se dessina sur mon visage, content que mon coup de cœur n’ait pas trouvé notre baiser baveux. Puis, j’eus légèrement le feu aux joues, toujours un brin timide. « Tant mieux alors… » Ce qui me laissa penser qu’au moins nos embrassades de tout à l’heure ne l’avaient pas dégoûté. Ce dont je n’avais pas vraiment douté puisqu’il n’aurait jamais eu d’érection si je m’y étais mal pris. Je secouai doucement la tête à cause de cette pensée qui venait de me traverser l’esprit et était en train de me faire rougir encore plus.

Ça m’amusait de sentir que le sang-froid était jaloux parce que j’avais eu le malheur de lui indiquer – à mes yeux en tout cas – que ma meilleure amie et fausse chérie est la plus belle de mon clan. Néanmoins, ne voulant pas qu’il soit mal, grâce à notre lien télépathique, je tentai de le tranquilliser tout en restant sincère. À ce qu’il me fournit comme réponse, je lui offris un tendre sourire. *Merci. Tu peux me faire confiance, oui.* En effet, il n’y avait aucune chance que je change de bord. Si ça avait dû se produire, ça se serait fait il y a longtemps.

Il est vrai que pour faire plaisir à ceux de notre espèce mon amie et moi pourrions songer à nous marier et continuer à jouer la comédie du couple parfait, mais ce n’était pas ce qu’on souhaitait. De plus, je serais bien incapable de lui faire l’amour et la mettre enceinte, car aussi désirable soit-elle, son anatomie féminine ne procure aucun effet sur moi. Alors hormis, faire passer l’un de nous deux pour stérile, je ne voyais pas comment on pourrait s’en sortir. Non, ce n’était pas envisageable puisque ça finirait par devenir invivable et risquerait de mettre en péril notre amitié ainsi que celle que j’entretenais avec le frère de la blonde depuis tout petit. Dernier point non négligeable, le garçon à mes côtés ne supporterait pas cette situation et moi non plus. « T’as conscience que pour l’instant, jusqu’à ce qu’on monte un plan avec Luna, je vais devoir continuer à faire semblant d’être avec elle ? » OK, ce n’était point rassurant ce que je lui sortais là, mais c’était pourtant la dure réalité. « Mais j’te promets qu’hormis une profonde affection fraternelle, je ne ressens rien à son égard. » Ajoutai-je en venant caresser avec douceur son visage. « T’es le seul à avoir une place particulière ici. » Dis-je en posant ma main libre au niveau de mon cœur, cherchant à lui faire comprendre qu’il était spécial à mes yeux.

Ensuite, inquiet de l’état du jeune homme pour lequel j’avais eu un coup de foudre, j’envisageais de le laisser le temps pour moi de récupérer de quoi le requinquer. *Tu me remercieras si je la retrouve.* Pensai-je avant de lui témoigner de la tendresse. À ce qu’il m'indiqua à voix haute, je lui adressai un sourire puis m’en allai. J’étais parti sans doute pas si longtemps que ça puisque je n’avais effectué qu’un rapide aller-retour afin de prendre la poche de sang qui n’avait pas bougé depuis tout à l’heure, ce qui était parfait. Le plus miraculeux c’était le fait qu’elle n’ait subi aucun dommage par la faute des loups qui avaient dû chercher comme des fous après leur proie qui n’était autre qu’Alessio. D’ailleurs, j’avais eu de la chance de ne pas croiser les membres de ma meute qui se baladaient sûrement dans les bois sous forme animale à cause des effets de la pleine lune. S’ils m’avaient surpris sous mon apparence humaine, mon père aurait pété un câble étant donné que l'alpha cachait à tous ma différence.

Je ne saurais dire avec exactitude depuis combien de temps j’étais de retour dans mon antre. En effet, en attendant le réveil de l’élu de mon cœur, je restais assis dans un coin à le regarder se reposer. J’eus un léger sursaut en entendant sa voix résonner dans mon esprit. J’ai beau être pourvu d’une ouïe surnaturelle, elle m’était inutile dans le cas présent puisque le vampire n’a pas de cœur qui bat. De ce fait, je n’avais pas pu percevoir qu’il était en phase de réveil grâce à ça. Tout comme je ne pouvais pas me baser sur sa respiration vu qu’il n’avait guère besoin de ça pour survivre. *J’sais pas trop… mais probablement que ça fait quelques minutes.* Finis-je par dire mentalement une fois l’effet de surprise dissipé. Puis en souriant, je répondis à sa seconde question : « Ouais, ça va. J’suis pas tombé sur un autre loup… » Je me levai pour aller m’asseoir sur le matelas près de lui. Je lui tendis de quoi se sustenter. « Tiens, par contre avant de l’avaler vérifie s’il n’y a rien de suspect dedans. » Conseillai-je, méfiant. J’aurais pu contrôler moi-même le sang si j’avais été transformé, mais comme ce n’était pas le cas, mon nez est moins sensible aux odeurs. « Ça t’a fait du bien de dormir un peu ? » Demandai-je pour savoir si la sieste lui avait été bénéfique ou non.