Sorry about that { Alcan

Je me sentais quand même un peu mieux depuis qu’on avait quitté l’hôpital Alessio et moi. Bien sûr, je m’en faisais encore à cause de la morsure qu’il m’avait infligée, mais j’essayais de rester zen et de ne surtout pas penser au pire, car si je me laissais submerger par mes émotions ça risquait de devenir incontrôlable. Ce n’était pas du tout ce que je souhaitais évidemment. Encore moins alors que je sentais que mon âme sœur s’en voulait déjà assez comme ça. Bien qu’il ne parle pas, j’arrivais à percevoir son mal-être grâce à notre lien magique et inexplicable. De mon côté, je n’étais pas plus bavard que lui, certainement toujours sous le choc de ce qui s’était passé tout à l’heure. Ça avait été tellement violent. Certes, je ne découvrais pas que le brun est un vampire, mais je n’avais pas imaginé que notre soirée se déroulerait ainsi… Bêtement j’avais pensé qu’il savait davantage se maîtriser, mais visiblement je m’étais trompé. Actuellement, je ne savais plus sur quel pied danser. J’étais mitigé, car d’un côté soulagé qu’il aille bien, mais de l’autre j’avais quelque chose au fond de moi qui me disait de rester méfiant puisqu’il avait planté ses crocs dans mon cou alors que je risquais de possiblement en mourir. Je soupirai en songeant à ceci. Dire qu’il y a quelques instants je m’étais promis de ne pas m’en faire, mais voilà c’était plus fort que moi. Est-ce que c’était l’inquiétude qui émanait du sang-froid qui déteignait sur moi ? Puis, je captai les pensées de ce dernier concernant Wolf. *Tu ne l’aimes peut-être pas, mais je peux t’assurer que ta sœur ne courra aucun danger avec lui. Il ne lui fera pas de mal…* C’était même certain vu que j’avais très nettement ressenti le fait qu’il est fou d’elle et ferait n’importe quoi pour ses beaux yeux. Sans oublier ce qu’il m’avait confié à son sujet il y a quelques jours.

Sans rien dire, j’écoutais et observais mister Sullivan qui me présentait ses excuses tout en tenant ma main que je ne dégageai pas. Je ne savais pas quoi lui répondre étant donné que je ne voulais pas non plus minimiser ses actes, alors je continuais à garder le silence. Toutefois, je ne le repoussai pas et le laissai m’entraîner jusqu’à la petite rivière près de nous. « OK, mais seulement si tu promets de ne pas vriller… » Ne pus-je m’empêcher de dire alors qu’il voulait voir l’ampleur des dégâts. J’allais rester sur mes gardes au cas où il viendrait à déraper de nouveau. En soupirant légèrement, comme il le souhaitait je m’installai sur un rocher. Je tournai la tête pour regarder ses futurs repas pendant que lui-même était occupé à fixer la zone où il m’avait mordu plus tôt dans la soirée. Puis il posa ses doigts au niveau de ma plaie, c’est là que je reculai légèrement mon visage pour plonger mon regard dans le sien. J’allais lui demander ce qu’il faisait, mais je fus quelque peu surpris par ce qu’il me dit. A sa première question j’haussai légèrement des épaules. « En général, on cicatrise beaucoup plus vite quand on est transformé. » Expliquai-je en m’interrogeant moi aussi. Surtout que depuis tout à l’heure je ne me trouvais pas sous ma forme animale, alors c’était assez bizarre. « Je sais pas trop. J’suis chamboulé c’est certain, mais après niveau physique je pense que ça va. » Répondis-je sincèrement, même si j’étais complètement perdu désormais. Est-ce que ce qu’on nous avait toujours raconté à mes congénères et moi n’étaient que balivernes ? Était-ce dans l’unique but qu’on ne se rapproche pas de nos ennemis ? J’étais en train de tout remettre en cause là. Mais qui sait ? Peut-être que d’ici quelques heures ou demain j’allais avoir l’effet inverse de cette guérison accélérée et voir mon état décroitre… jusqu’à succomber à une mort atroce. Non, il ne fallait pas que je songe à ça. Nerveusement je râclai ma gorge en me relevant. « Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? On retourne à la grotte ? » Demandai-je, ne tenant pas à rester là à imaginer les pires scénarios.

Percevoir le ressenti de celui qui m’est destiné ne m’aidait pas du tout à calmer mes craintes. Malheureusement, je sais que lui ni moi ne pouvons mettre sur pause la télépathie. Si c’était le cas, ça serait génial puisque ça me permettrait de souffler un peu et peut-être de canaliser toutes ces émotions qui m’envahissaient et me donnaient l’impression de suffoquer. Malgré tout, il fallait que je fasse avec ça, aussi désagréable que ça puisse être. En sentant le regard de mon âme sœur se poser sur moi, je tournai ma tête vers lui tout en écoutant sa réponse. *Il est comme ça. Il fait tout pour protéger ceux qui lui sont chers…* Eh oui, mon meilleur ami a cette tendance à se montrer protecteur envers les personnes qu’il considère comme des membres de sa famille. Je ne pouvais le lui reprocher puisqu’à sa place j’agirais de manière similaire en cas de besoin. La preuve, tout à l’heure s’il l’avait fallu, j’aurais été capable de m’embrouiller très fortement avec Wolf s’il avait fait du mal à Alessio. *Te haïr ? Il a surtout voulu défendre ta sœur ainsi que moi.* OK, j’essayais d’apaiser le vampire, mais il avait raison. En effet, comme n’importe quel autre loup-garou de notre meute, Wolfgang ne porte pas du tout dans son cœur les sang-froid. Il faut croire que de mon côté je suis l’exception du groupe. Ce qui n’est guère étonnant étant donné que j’ai toujours été à part. *Même si vous ne vous aimez pas. J’aimerais bien que vous évitiez de vous sauter à la gorge !* Fis-je remarquer. Pour cause, je n’avais pas envie de passer mon temps à les séparer. De plus, je ne serai peut-être pas toujours présent lorsqu’ils viendront à se croiser.

Bien que je ne sois pas totalement rassuré, je laissai le brun m’emmener tout près de la rivière. Il eut beau me dire qu’il n’avait plus faim et que ça devrait aller, je comptais tout de même faire attention, ne tenant pas à ce qu’il me prenne à nouveau pour un buffet à volonté. « J’espère ouais. » Répondis-je d’un ton plus sec que ma manière de m’exprimer habituelle. Mon âme sœur me fit m’asseoir sur un rocher et scruta avec attention mon cou, ce qui me fit déglutir, me souvenant encore de la sensation de ses crocs sur ma peau. Alors non, je n’étais pas vraiment à l’aise. J’avais peur qu’il recommence. D’où le petit mouvement de recul que je venais d’avoir avant que je ne l’informe de comment se passent les guérisons pour ceux de ma race. À sa réponse, je sus qu’il était tout autant surpris que moi. « Ouais… » Dis-je simplement à sa suite alors que je l’observais se tremper les mains. Comme mon copain – du moins si je pouvais le nommer ainsi – s’inquiétait pour moi, je le rassurai en me montrant cependant honnête. Pour un loup qui avait eu le droit à une morsure en principe mortelle, je me sentais plutôt bien aussi étrange que ça puisse paraître. Il n’y avait que mentalement que c’était plus compliqué. « J’aurai même pas besoin d’te le dire, tu le sauras déjà. » Effectivement, grâce à notre lien télépathique qu’on ne pouvait dompter, il n’aura aucun mal à savoir si je décline ou non puisqu’il me sera impossible de lui cacher quoi que ce soit.

En ayant marre de me torturer l’esprit – à tort ou à raison je ne saurais dire – je me levai, voulant m’en aller d’ici. Tout ce que je souhaitais là, c’était me reposer et me remettre de cette soirée cauchemardesque sans me poser mille et une questions. Voilà pourquoi j’aimerais regagner mon refuge. Je me retins de soupirer, perdant patience alors que mon interlocuteur tenait à effacer de mon cou toute trace de son passage. « Ok vas-y. » Dis-je en soufflant doucement tandis que mon regard s’attardait sur son haut qui était rempli de sang. « Je crois que tu pourras jeter ça. » Fis-je remarquer en attrapant son habit entre mes doigts. À ce qu’il me proposa ensuite, je me mordis la lèvre en relevant les yeux pour ancrer mes prunelles dans les siennes. « Je sais pas c’que j’veux Alessio. Je suis même pas certain de rester toute la nuit là-bas. C’est pas impossible que je ressente le besoin d’aller me défouler en courant sous ma forme animale. » Tout comme c’était possible aussi que je ne quitte pas la grotte, mais que je préfère me transformer en loup. Ça dépendait de plein de choses, notamment de mon côté animal qui pourrait vouloir se libérer l’espace de quelques minutes ou heures. À cause de ce qu’il venait de me dire, mais aussi de ses idées sombres que j’entendais dans ma tête, discrètement je mordillai l’intérieur de ma joue sans détourner mon regard de celui de l’autre garçon. Je lui en voulais de m’avoir attaqué, mais d’un autre côté je ne supporterais pas de le savoir loin de moi ou pire en danger. *Non ! Ne fais pas ça !* Je secouai la tête avant de me mettre légèrement sur la pointe des pieds pour être à la même hauteur que lui. Avec empressement je plaquai mes lèvres contre les siennes, ne pouvant me retenir plus longtemps alors que déjà tout à l’heure à l’hôpital j’avais eu envie de l’embrasser. *Désolé… Je n’veux pas que tu sois triste.*

Cette situation entre ma meute et les vampires me désolait, mais que pouvais-je bien y faire ? Probablement rien puisque cette animosité était présente depuis bien avant ma naissance, ce n’était donc pas moi qui parviendrais à changer la donne. *Et alors ? Moi, je ne te déteste pas ! Et de manière générale, je n’ai rien contre ceux de ton espèce.* Mais, c’est vrai que j’ai toujours été un cas particulier… assez différent des autres loups-garous. J’avais beau essayer de plaider la cause de mon frère de cœur, je savais pertinemment qu’Alessio n’avait pas tort. Wolf – comme quasi tous les loups – ne supporte pas les sang-froid. Même si je ne suis pas totalement d’accord avec eux, je comprends leur point de vue, car beaucoup d’entre nous ont perdu un ou plusieurs membres de leur famille lorsque j’étais encore tout petit – j'y avais eu le droit également. Chose à laquelle j’évitais de penser en général, ne tenant pas à avoir le bourdon, bien que je ne me souvienne pas vraiment de ce jour horrible. Ce dont je me rappelle, c’est uniquement parce que mon père me l’a raconté. Je fis ensuite savoir à mon âme sœur que je souhaitais que Wolfgang et lui n’en viennent pas aux mains à chaque fois que leurs chemins auront le malheur de se croiser. J’offris un petit sourire à mon interlocuteur, content de sa réponse. *Merci.* OK, il m’avait simplement indiqué qu’il essaierait, mais c’était mieux que rien. Qui sait ? Peut-être qu’à force de faire des efforts ils allaient finir par se tolérer, voire réussir à s’entendre, ce que j’adorerais.

Comme ça semblait tenir à cœur au brun, je ne m’opposai pas au fait qu’il nettoie ma blessure et observe les dégâts, mais je restais sur le qui-vive juste au cas où il viendrait à dérailler. Par chance, ce ne fut pas le cas – du moins pour l’instant. J’arrivais à capter que mister Sullivan se blâmait de m’avoir attaqué, ce qui me rassurait dans un sens, car ça voulait dire qu’il ne l’avait pas fait volontairement, même si je m’en doutais déjà, mais au moins ça confirmait ce que je pensais depuis tout à l’heure. Je ne répondis rien quant au fait que le garçon que j’aime parviendrait à sentir si je perdais la raison suite à sa morsure. Ce que je ne désirais pas évidemment… Je préférerais rester sain d’esprit et ne pas défaillir. Je commençais à me montrer impatient, me relevant, mais je devais attendre que le vampire termine d’enlever le sang au niveau de mon cou. Heureusement quelques instants après, Alessio m’annonça avoir fini. « Merci. » Bredouillai-je doucement avant de lui faire savoir que le haut qu’il portait était bon à jeter étant donné qu'il était souillé par mon hémoglobine, et probablement celle d’Alicia aussi. Sa réponse me fit légèrement rire. « C’est pas grave. » Lui assurai-je afin qu’il ne s’en veuille pas pour ce t-shirt auquel je ne suis pas plus attaché que ça puisqu’en général j’évite d’avoir des habits que j’adore dans ma malle, car je sais bien qu’ils peuvent être détériorés si je viens à me transformer sans l’avoir décidé.

C’était probable d’ailleurs que tout à l’heure je déclenche une transformation afin d’aller profiter de la nature sous ma forme lupine. Ça m’arrivait souvent d’avoir recours à ceci pour me changer les idées ou tout simplement pour apprécier ce sentiment de liberté particulier que j’étais incapable de ressentir autrement. À l’instant T, ce que je voulais tout d’abord c’était retourner dans mon repaire, là où d’ordinaire je me sentais mieux, car vivre constamment en groupe n’était pas quelque chose qui me convenait à cause de mon côté solitaire. Je n’étais pas d’accord avec ce que venait de me dire le vampire. Pourquoi ? Parce que je suis déjà fou de lui et qu’il me serait insupportable de ne plus profiter de ses bras, même si au fond de moi j’avais toujours cette crainte qu’il s’en prenne de nouveau à moi. Malgré cela, sentant qu’on en avait tous les deux besoin, j’initiai un tendre baiser. J’espérais que celui-ci parviendrait à envoyer au loin les idées noires de mon bien-aimé. En effet, je ne tenais pas à ce qu’il se torture davantage. Pendant nos embrassades, je pus sentir que mon partenaire pleurait, ce qui me procura une sensation bizarre. J’entendis les pensées du brun qui ne me plaisaient point. *BEURK ! Ça pue le vampire ici ! Blue qu’est-ce que tu fais bordel ? Pourquoi t’embrasses cette sangsue ?* Je captais aussi celles de quelqu’un d’autre, mon chat Tiger qui miaulait en même temps. Eh oui, je suis également connecté avec les animaux. *La ferme Tiger ! Tu peux pas comprendre !* Probablement qu’Alessio allait entendre ce que je venais de répondre à mon animal, mais tant pis je n’avais pu faire autrement. D’ailleurs, voilà que le chat se mettait à miauler fortement. C’est à ce moment-là que l’homme que j’aime stoppa le baiser, je le fixais en secouant la tête afin de montrer que je n’étais pas d’accord. *Laisse-le croire ce qu’il veut. Moi aussi je suis un cas à part dans ma meute. À nous deux, on devrait faire une bonne équipe et pouvoir s’en sortir. Je t’aiderai à surmonter tout ça, Alessio…* Lui promis-je, même si je l’avais dit également plus tôt dans la soirée lorsqu’on était à l’hôpital. Les caresses du sang-froid me firent sourire, surtout que j’étais content qu’il n’ait pas eu envie de me mordre après qu’on se soit embrassés. Alors que je l’écoutais et que j’allais répondre, la voix de Tiger s’immisça dans mon esprit ainsi que ses miaulements plus forts – il avait cette faculté de ne faire entendre ses mots qu’aux personnes qu’il désirait, là en l’occurrence, il n’y avait que moi qui avait cette "chance" car mister Sullivan ne devait capter que ses cris félins. *C’est dégoûtant, Olcan ! Ça me donne envie de vomir ! Éloigne-toi de cette abomination !* « Ta gueule ! » Criai-je n’en pouvant plus de ces inepties. Réalisant que malheureusement mon "copain" pourrait le prendre pour lui, j’ajoutai rapidement. « C’est pas à toi que je dis ça, c’est à mon chat ! » Expliquai-je en faisant la moue, puis je foudroyai du regard mon ami à quatre pattes qui semblait content de lui, ce qui m’énervait encore plus. « Va-t’en ! Va chasser ou voir tes copains ! » Claquai-je à voix haute à l’animal qui s’amusait à se lécher. Je reportai enfin mon attention sur le brun. « Désolé, il lui arrive d’être possessif ! » Trouvai-je comme excuse en riant nerveusement. Je repensai quelques instants plus tard à ce qu’il m’avait dit avant qu’on ne soit interrompus. « J’te cache pas que j’ai toujours peur que tu dérapes… » Avouai-je en grimaçant. « Je sais, j’ai bien compris que ce n’était pas ton intention Alessio. » Je fronçai ensuite les sourcils. « Comment ça "ce qu’on fasse" ? Qu’est-ce que tu veux dire ? » Cherchai-je à savoir, ne voyant pas où il souhaitait en venir.  

Tiger le chat:

Je n’avais aucun mal à ressentir le fait que mon âme sœur était soulagée grâce à ce que je pensais sur son compte ou à propos des autres vampires. De mon côté, je ne savais plus trop comment agir, car à cause de sa détresse et de ce que me dictait mon cœur j’avais envie de lui offrir ma tendresse, mais en même temps je ne voulais pas qu’il croie que tout était effacé. Après tout, il n’avait pas hésité à s’en prendre à moi tout à l’heure et ça, je ne pouvais pas l’oublier. Pas dans l’immédiat. *Tant mieux…* Dis-je en apprenant qu’il n’avait rien contre mes congénères. Par contre à ce qu’il m’indiqua ensuite toujours grâce à notre lien télépathique, je lâchai un petit soupir. *Écoute, je ne cautionne pas que Wolf t’ait attaqué, mais il n’a pas fait ça sans raison. Tu sais très bien pourquoi il a réagi comme ça. Je ne veux pas que tu penses que je cherche à tout prix à le défendre, mais tu ne peux pas dire qu’il t’a attaqué gratuitement.* Et je ne disais pas cela parce que ça concernait mon meilleur ami, mais tout simplement parce que je trouvais Alessio injuste pour le coup.

L’entente entre mon frère de meute et le garçon que j’aime n’allait probablement pas être bonne du jour au lendemain, mais ça me faisait plaisir que le brun songe à tenter d’améliorer les choses entre eux. Lorsqu’il caressa mon bras, j’offris un petit sourire au jeune Sullivan. Puis je laissai ce dernier s’occuper de moi bien que je n’aie pas l’esprit tranquille, encore marqué par ce qui s’était produit tout à l’heure à l’hôpital. Malgré cela, il fallait que je parvienne à tranquilliser le sang-froid ainsi que moi par la même occasion. Je n’étais peut-être pas dans mon assiette en cet instant, mais ce n’était pas pour autant que je souhaitais qu’on se sépare. Par contre, il me faudra peut-être un peu d’espace c’est vrai. Tandis qu’on était en train de s’embrasser lui et moi, un trouble-fête vint nous importuner, ce qui commençait à m’agacer très fortement. Évidemment comme j’étais en train de m’engueuler avec mon compagnon poilu et à quatre pattes, Alessio entendit ce que je venais de penser ce qui ne m’étonna pas. Je posai mon regard sur le vampire qui me posait des questions, visiblement inquiet. *Je vais bien ! Je ne ressens rien de particulier Alessio ! Je suis pas en train de devenir cinglé ! C’est juste lui qui me fait enrager.* Dis-je en tournant cette fois la tête vers le félin qui n’en avait que faire de me foutre en rogne. *Si t’es complètement fou d’embrasser ce suppôt de Satan !* Me balança Tiger que je foudroyais du regard en soupirant bien fort afin qu’il comprenne qu’il était en train de m’énerver au plus haut point. Mais j’évitais de rétorquer quoi que ce soit par télépathie, car sinon mon coup de cœur allait encore imaginer que je vrillais.

Si mon chat ne se calmait pas, c’était sûr que j’allais faire un malheur d’un moment à l’autre… Il y a des jours comme c’était le cas actuellement, je regrettais de l’avoir libéré d’un piège dans la forêt. Surtout qu’avec son fichu caractère, il ne me facilitait pas la tâche. Pourquoi avait-il fallu que je le sauve et qu’il "m’adopte" en quelque sorte ? « J’suis pas timbré Alessio ! » Dis-je à voix haute, lui faisant ainsi comprendre que j’avais très bien capté son ressenti face à la situation. C’est vrai que ça ressemblait à n’importe quoi d’un point de vue extérieur, et pourtant, c’était ma réalité. « Oui lui-même ! » Répondis-je quand le brun réalisa – grâce à ce que je venais de lui dire – que le matou était le mien. *Qu’est-ce qu’il y a ? Il est pas content le Dracula de pacotille ? Je t’emmerde suceur de sang de mes deux !* « Mais bon Dieu Tiger tu vas la fermer une bonne fois pour toutes !? » Lançai-je irrité par les conneries de mon animal de compagnie. J’essayais de gérer au mieux ce qui se passait, mais ce n’était pas simple du tout. « T’as pas idée ! Il aime personne à part moi et encore j’en suis même pas sûr ! » C’était dur à dire si Tiger m’appréciait ou non tant il faisait preuve de sarcasme. « Mais arrête de penser que je suis en train de virer dingo ! » Bien que ça en prenait le chemin avec les deux qui me faisaient perdre la tête. D’ailleurs s’ils persistaient, il ne serait pas impossible que ça déclenche une transformation. J’étais tellement perturbé présentement que je ne répondis pas à mon interlocuteur qui me promettait de faire des efforts. *Ça serait mieux qu’il se tienne loin de toi ouais !* Commenta l’animal blanc et roux que je fixais d’un air mécontent. J’étais en train "d’étouffer" là, alors pour essayer de faire redescendre la pression je me mis à faire les cent pas. « Je… j’en sais rien Alessio. Là, je crois qu’il va falloir que j’aille faire un tour après. » Tandis que je disais ça en ayant le dos tourné, je n’avais point remarqué que le sang-froid était en train de se rapprocher du chat. *Me touche pas dents pointues sinon tu vas faire connaissance avec les miennes !* Je me retournai à la hâte. « Si j’étais toi, je ferais pas… » Je n’eus guère le temps de finir ma phrase que Tiger sans aucun signe avant-coureur se mit à griffer et mordre le brun. « Putain Tiger ! Ça suffit tes conneries ! Depuis tout à l’heure tu me fais passer pour bon à interner ! Alors puisque t’as la langue bien pendue, maintenant tu vas l’ouvrir un peu au lieu de faire tes commentaires comme un lâche ! » Apparemment, le fait que je l’aie insulté ne lui plut pas puisque cette fois il se fit bien entendre. « J’suis pas un lâche ! » Dit-il en me fixant d’un air mauvais. Ce qui eut le mérite de le faire lâcher prise. « Tu sais très bien que je peux pas révéler à tout le monde que je suis pourvu de la parole. » « Ouais, ouais, en attendant tu m’as bien pris la tête en l’espace de même pas cinq minutes ! » Sans me répondre, il tourna la tête vers le vampire. « Quant à toi ! Tiens-toi bien à distance de lui et encore plus de moi ! Parce que la prochaine fois que tu oseras poser tes sales pattes d’enfant du diable sur moi j’te ferai encore plus mal ! » Prévint-il en observant Alessio d’un air menaçant, ce qui me fit rouler des yeux. « Eh Salem Saberhagen d’une autre couleur que noire, laisse-le tranquille ! Va draguer les minettes ou faire je ne sais quoi, mais fiche-nous la paix merci ! » Le félin ne parut pas comprendre mon allusion, mais peu importe.

Je percevais très nettement les pensées d’Alessio, de ce fait oui, je saisissais ce qu’il ressentait à l’instant présent envers mon meilleur ami. *Je comprends… et je me doute que si quelqu’un s’en prenait à moi ou même à ta sœur, tu réagirais exactement comme Wolf l’a fait.* J’en étais sûr puisque je commençais à bien cerner le caractère de mon vampire préféré. Quant à moi, je préférais dialoguer et mettre les choses à plat que d’avoir recours à la violence. Là ce que j’espérais au plus profond de moi c’était n’avoir à jamais faire un choix entre mon amoureux et mon frère de meute, car ça me déchirerait le cœur à coup sûr.

Même si j’étais toujours partagé entre plusieurs sentiments, je n’aimais pas savoir mon chéri malheureux à cause de la tournure des évènements de cette soirée. Tandis qu’on s’embrassait tranquillement, il avait fallu que mon animal de compagnie vienne tout gâcher et semer la zizanie au point de me faire passer pour un mec bon à enfermer en hôpital psychiatrique. « Par pitié Alessio ! J’te dis que tout va bien ! » M’emportai-je, ne sachant que faire pour qu’il ne doute pas de ma santé mentale. *Tout va bien, tout va bien, mon cul oui !* Balança mon chat que je fixais d’un sale œil, cherchant à lui faire comprendre qu’il avait plutôt intérêt à cesser son cinéma. *Non, on a juste un guérisseur et je n’irai pas le voir…* Dis-je à l’intention du brun. *Et pour ce que tu voulais savoir, oui c’est mon chat Tiger qui m’énerve.* Ajoutai-je. Certes je répondais dans le désordre, mais je faisais au mieux vu le bordel actuel.

Un soupir franchit mes lèvres lorsque mister Sullivan avoua que je lui faisais peur. *J’te jure Tiger que j’ai envie d’te tuer là !* Pensai-je sans réfléchir au fait que mon copain l’entendrait également. Des fois je zappais, pas encore assez habitué à notre lien. Le félin me fixait, n’en ayant rien à faire que je sois en rogne après lui. « On est déjà en pleine nature Alessio tu veux que je fasse quoi ? Que je le balance à la flotte ? » *N’essaie même pas Olcan, sinon ma vengeance sera terrible !* Rétorqua aussi sec le chat. Je soufflai un grand coup, cherchant à m’apaiser, mais c’était loin d’être gagné. « Laisse tomber. » Dis-je au sang-froid n’ayant pas envie de batailler avec lui, car j’avais l’impression qu’il ne changerait pas son point de vue.

La situation dérapa encore plus lorsque mon compagnon à quatre pattes se mit à attaquer mon crush. Ma mise en garde arriva malheureusement un peu trop tardivement, le mal était déjà fait. J’engueulai mon chat afin qu’il se calme, ce qui fonctionna puisque je l’avais provoqué et que ça l’avait poussé à me répondre, mais il le fit de la manière où je n’étais plus le seul à l’entendre. « Oui, sauf que monsieur n’était pas décidé à causer de façon claire. Il cache toujours aux autres qu’il sait parler. Il n’y a que moi qui ai le privilège normalement de l’entendre. Me demande pas pourquoi. » « Parce que tu m’as sauvé quand t’étais petit et que t’es ma famille. » En réalité, c’était bien plus que ça, mais Tiger ne m’avait jamais fait savoir qu’il était ce qu’on appelle un familier et appartenait à ma mère, sans oublier le fait qu’il soit très âgé mais paraisse dix ou douze ans tout au plus.

Comme Alessio était venu près de moi, je jetai un œil à sa main et grimaçai, car ça devait être douloureux et bien piquer. Le chat roux et blanc continua à montrer sa mauvaise humeur et moi je le remis en place, ce qui fit rire mon âme sœur et m’arracha un sourire. « Ouais, ce qui ferait de moi Sabrina. » Répondis-je en riant à mon tour. Puis je laissai mon copain mettre les points sur les I et les barres sur les T. « Toi t’as d’ordre à me donner la sangsue ! » Balança mécontent l’animal en le foudroyant du regard avant de tourner la tête vers moi. « Et toi viens pas te plaindre s’il te suce le sang jusqu’à ce que mort s’ensuive ! » Visiblement vexé comme un pou, Tiger s’en alla en courant. Je lâchai un long soupir, soulagé de ne plus avoir à l’entendre gueuler. « Allons à la grotte, j’en peux plus là… » Dis-je en commençant à marcher en direction de celle-ci. « Eh bien, quand j’étais gosse, je l’ai trouvé coincé dans un piège dans la forêt. Depuis, j’imagine qu’il doit se sentir redevable et m’a en quelque sorte adopté même s’il ne vient jamais à la maison. Il ne supporte pas les autres loups. Donc il vient me voir quand je m’éloigne du camp. » Expliquai-je à mon homme. « Ça va ta main ? » M’enquis-je maintenant qu’on était plus tranquilles et que la pression avait disparu suite au départ de mon ami poilu.