Can you explain to me ? { Jerome <3

Lorsque j’étais encore un jeune enfant, mes parents m’avaient été arrachés de la plus horrible des manières : tués par un ou plusieurs vampires. Fort heureusement, suite à leur décès j’avais été recueilli et élevé par un autre chasseur – eh oui mon père et ma mère traquaient les créatures surnaturelles –, un ami de papa. Ce dernier bien que n’ayant pas d’enfant avait fait de son mieux avec moi, me considérant comme son propre fils. J’ai beau beaucoup aimer Clark, je ne partage pourtant pas toujours son opinion. Et encore, ce n’est pas lui le pire dans le tas, mais disons qu’ayant perdu beaucoup de personnes qui lui étaient chères, cela l’avait rendu plus dur et surtout il ne tenait pas à ce que je connaisse le même sort qu’eux. Ce que je comprenais aisément puisque moi non plus je n’aimerais pas perdre celui qui m’avait accueilli chez lui et transmis son savoir. Sans lui où serais-je à cette heure-ci ?

Seulement voilà, je n’ai guère la sensation d’être fait pour ce que l’on attend de moi. En effet, mes parents avaient commencé un projet avant leur mort qui fut concrétisé par leurs amis suite à leur disparition. En fait, Clark, moi-même ainsi que d’autres chasseurs avons la lourde mission de trouver différentes espèces et de ramener au moins un spécimen de chaque afin qu’ils soient étudiés pour diverses raisons. Ça ne me fait pas spécialement plaisir – surtout si elles ne sont pas une réelle menace – de devoir les capturer afin qu’elles deviennent des sujets sur lesquels des expériences étaient effectuées.

D’ailleurs, ce soir, comme toujours, bien que ça ne m’enchante pas aujourd’hui, je me trouvais dans la forêt. De base, je devais m’y rendre pour piéger un vampire ou n’importe quoi d’autre afin d’élargir le "catalogue" du laboratoire, mais sans que je n’y réfléchisse, me voilà revenu à l’endroit exact où la nuit précédente mon regard avait croisé celui d’une fille qui m’avait renversé. Jamais auparavant des yeux avaient eu un tel effet sur moi. Leur propriétaire n’était autre qu’une jolie rousse que j’avais vu se transformer en loup. J’aurais dû l’attraper pour la donner aux scientifiques, mais je n’avais pu me résoudre à le faire. Si hier, ils avaient eu un loup-garou ce n’était pas grâce à moi. Pour cause, cette rencontre déroutante qui m’avait perturbé m’avait fait m’interroger davantage sur mes convictions. Il y a un moment déjà que je ne supportais plus ce "boulot" pour lequel j’étais prédestiné, alors non, j’étais rentré bredouille en sortant des excuses bidons à mes supérieurs et collaborateurs. En revanche, un autre chasseur avait réussi son coup et ramené quelqu’un. J’avais entendu dire qu’il s’agissait d’une louve provenant probablement de la meute qu’on avait repérée au préalable. On m’avait raconté qu’elle avait fait forte impression auprès des autres détenus à cause de son fort caractère et que Thomas l’avait prise sous son aile. D’après ce qu’on m’avait montré sur les enregistrements, il s’agissait d’une petite blonde au visage rond.

Quelques minutes après mon arrivée au milieu des bois, j’entendis du bruit aux alentours. Ne sachant sur qui j’allais tomber, ma main était déjà au niveau de ma ceinture, prête à attraper mon pistolet rempli de fléchettes tranquillisantes. Mais, en remarquant la jolie rouquine de la veille, je laissai mon arme en place et remis mes bras le long de mon corps. Tandis que je la fixais, je ne pus m’empêcher de sourire, la trouvant très belle, même en colère. « Du calme ! Je ne m’en suis pris à personne hier… » Déclarai-je confiant puisqu’il était vrai que j’étais aussi innocent qu’un nouveau-né. Pour cause, je n’avais rien tenté. Croisant mes bras sur mon torse, à l’aise – alors que je me faisais aboyer dessus – je m’appuyai contre un arbre en continuant à regarder la jeune fille. En toute logique, je devrais me sentir menacé, mais je ne saurais dire pourquoi, je n’avais pas cette impression d’être en danger en sa présence. « Si tu parles d’une fille ayant sensiblement ton âge, les cheveux blonds, les yeux foncés et au visage un peu rond, je ne lui ai rien fait personnellement. Si ça peut te rassurer, elle va bien et s’est même fait au moins un copain. » Je ne faisais que rapporter ce qu’on m’avait dit ou montré, rien de plus. « Tu dis qu’elle s’appelle Luna, et toi, c’est quoi ton petit nom ? » Me renseignai-je, ayant vraiment envie de connaître son prénom maintenant que je revoyais sa jolie bouille, certes à l’air renfrogné, mais ô combien plaisante à voir. « Moi c’est Jerome si ça t’intéresse. » Elle m’enverra peut-être sur les roses, mais tant pis. Je m’avançai vers elle et lui tendais ma main comme pour montrer que je venais en paix. « Pour en revenir à ce que tu disais tout à l’heure ma jolie, je n’ai pas l’intention de te faire enfermer, par contre t’emmener ailleurs pourquoi pas. » Dis-je avec un petit sourire en coin. Étais-je en train de lui faire les yeux doux ? C’est possible oui… Même si ça allait clairement contre le code du chasseur, mais je m’en fichais puisque de toute façon hier je l’avais déjà enfreint en ne cherchant pas à m’en prendre à sa meute.

J’étais assez serein, pourtant, en toute logique, je devrais me méfier de mon interlocutrice. Si Clark – ou même les autres – était là, il me conseillerait d’être prêt à attaquer ou en dernier recours de fuir, mais ce n’était pas ce que je souhaitais. Je n’avais aucune idée de ce qui me poussait à rester et à lui accorder ma confiance, mais c’est ainsi. Je lâchai un petit soupir suite aux propos de la jeune louve. « Je sais… C’est une longue histoire, mais, pour la faire courte, je fais partie des leurs depuis le jour de ma venue au monde. » À présent, ces chasseurs étaient ce qui rapprochait le plus d’une famille pour moi. Principalement celui qui avait pris soin de moi depuis le décès de mes parents. D’ailleurs je le considérais comme mon oncle voire même tel un second père tant il avait fait pour moi durant toutes ces années.

Je comprenais totalement le fait que la jolie rousse soit en rogne vu que mes collègues avaient capturé l’une de ses congénères, dont elle paraissait proche. Du moins, ça c’était ce que j’en déduisais, car si ce n’était pas le cas, la louve-garou ne serait pas dans cet état. Un petit sourire en coin s’afficha sur ma bouille à cause de la question qui venait de m’être posée. « Ils ont été vus en train de s’embrasser et Thomas semblait prendre soin d’elle. » Si j’appelais ce garçon par son prénom c’était parce qu’en fait, ayant à peu près le même âge, on s’était rapprochés et liés d’amitié. Bien sûr en principe ça n’aurait pas dû arriver, mais, ne connaissant pas vraiment d’autres jeunes dans mon milieu, j’avais trouvé là une opportunité d’échanger avec quelqu’un de ma génération bien qu’on n’évolue pas dans le même cercle. Eh oui, je ne suis pas le chasseur parfait puisque je ne suis pas prêt à exterminer tout ce qui bouge. Évidemment, j’aimerais que le ou les êtres sanguinaires qui s’en sont pris à ma mère et mon père payent pour leur crime, mais toutes les créatures ne sont pas mauvaises à mes yeux quoi qu’en pensent mon tuteur et ses acolytes. Malgré tout, je leur cachais la plupart du temps mon ressenti et surtout le fait que je sois ami avec un des sujets d’expériences. « Elle est retenue dans un laboratoire où ils vont lui faire subir une batterie de tests. » Répondis-je, ne pouvant m’empêcher de révéler cette information même si ça risquait de me porter préjudice à l’avenir.

Ainsi la nouvelle recrue que mon ami avait prise sous son aile s’appelait Luna. Il s’agissait là d’un joli prénom, mais, moi, je voulais connaître celui de la fille qui me faisait face. Lorsqu’elle me l’indiqua, je lui offris un grand sourire. « Enchanté Lou. » Dans ma tête, je me fis la réflexion qu’ils avaient l’air d’aimer porter un prénom en rapport avec leur condition. Était-ce le cas pour chacun des membres ? Je n’en avais aucune idée, mais je le découvrirai peut-être plus tard. Un rire s’échappa de mes lèvres à cause de la façon dont me répondait la miss. Elle était sur les nerfs, je le percevais sans aucun mal. « Je suis fils de chasseurs donc oui. » Admis-je sans, toutefois, en être fier. Je n’avais pas honte non plus, mais je me sentais un peu différent d’eux malgré que je serais en droit d’en vouloir à la Terre entière pour le sort qui avait été réservé à mes parents. J’arquai un sourcil en continuant à regarder la belle demoiselle. « L’histoire des trois petits cochons ? Tu peux me rafraîchir la mémoire parce que ça remonte à un bail, je me souviens que de vagues trucs… » Avouai-je. En même temps, il est vrai que je n’avais pas trop baigné dans les contes pour enfants puisque très tôt on m’avait enseigné tout ce qu’un bon chasseur devait savoir pour survivre et accomplir sa tâche au mieux.

Un nouveau rire sortit de ma gorge. Bon sang ce que cette fille pouvait m’amuser ! Elle ne prit pas ma main, mais ce n’était pas bien grave. Je la laissai donc retomber le long de mon corps tout en haussant les épaules. « J’sais pas, faire un tour, se balader tous les deux. » Peu importe où, en fait, du moment que ça nous permettait de passer un peu de temps ensemble. Mon sourire s’agrandit par la suite. « Tu seras rentrée avant l’aube aucun souci… et je retiens que j’aurai droit à un second rencard alors. » Après tout, c’est elle qui venait de le dire, même si à la base je n’aurais pas forcément pensé que notre entrevue actuelle en était un. « Il y a un endroit en particulier qui te fait envie là maintenant ? » J’espérais juste qu’elle n’envisageait pas de m’emmener jusqu’à ses congénères. « Enfin en dehors du camp où tu vis… » Ajoutai-je tout de même afin de lui faire savoir que ça m’inquiétait un peu. Je ne tenais pas à être victime d’un piège étant donné que je n’avais rien fait à son amie. Ce serait donc dégueulasse que ça me retombe dessus.