Where are we stranger ? { Eddie

Eddie venait tout juste de se réveiller. En ouvrant les yeux, il remarqua qu’il était dans un lit et même dans une cabane, mais pas dans celle de son fournisseur. En effet, il ne reconnaissait pas la décoration ni la disposition des choses. C’était assez intrigant d’ailleurs, si bien que le métalleux sortit de la chambre et se balada dans le cabanon. En explorant celui-ci, il se retrouva dans la salle de bains et jeta un œil à son reflet dans le miroir. Il avait toujours la même tenue – celle qu’il avait au moment de sa fuite – sauf qu’à la place de sa veste en jean, il en avait une qui faisait penser à ce que portent les militaires, de style camouflage quoi. Sur sa tête, il avait un bandana. Étrange puisque dans ses souvenirs il n’avait ni celui-ci ni cette veste-là. Le pauvre n’avait pas conscience qu’il avait occulté plusieurs jours de son ancienne vie, dont sa propre mort.

En remarquant une marque bizarre sur son visage, le jeune Munson se demandait de quoi il pouvait s’agir. Ne sachant pas ce que ça pouvait être, curieux, il souleva son t-shirt et put voir qu’en plus de ces nombreux tatouages, il y avait d’autres traces sur sa peau, similaires à celle sur sa bouille. Il y en avait également au niveau de sa main. Qu’avait-il bien pu se passer pour qu’il se retrouve avec tout ceci sur lui ? Voilà une excellente question.

Était-il toujours à Hawkins ?  En tout cas, il n’était pas dans la cabane de Rick la fumette, c’était certain. Il n’allait donc pas rester une minute de plus ici. Surtout que n’importe quel taré pourrait débarquer et vouloir le zigouiller parce qu’il était chez lui alors qu’il n’avait pas la moindre idée de la façon dont il avait pu atterrir là.

Craignant toujours qu’on le recherche pour la mort de Chrissy, le garçon de 19 ans sortit du cabanon sur le qui-vive. Il n’avait pas envie que la police l’attrape et l’incarcère alors qu’il n’avait pas fait de mal à la jolie pompom girl. Il ne savait pas du tout ce qui l’avait tuée de cette manière si brutale, mais se souvenir de ceci lui colla de gros frissons. La pauvre Cunningham n’avait vraiment pas eu de chance. Au lieu de rester chez lui à attendre qu’on vienne l’arrêter, le brun paniqué avait quitté en courant son mobil-home et était grimpé dans son véhicule. Il ne voyait même pas celui-ci dans les environs. Tout en s’éloignant de la maison en bois, le leader du Hellfire Club remarqua qu’il ne reconnaissait rien. OK, il se trouvait dans une forêt, mais sauf s’il s’était perdu, il n’avait pas l’impression d’être dans sa ville. Où pouvait-il bien être ? « Merde, merde, merde ! » Pesta-t-il un brin paniqué de s’être complètement paumé. « J’suis où bordel ? » Dit-il à voix haute en regardant partout autour de lui et en continuant d’avancer assez rapidement. Il aimerait bien retrouver la civilisation, mais avait trop peur d’être encore recherché par les flics. Il ne voulait pas finir en prison comme son paternel puisqu’il s’était juré qu’il ne deviendrait jamais un voyou. Bon d’accord, il vend de la drogue, mais jusqu’ici il a été assez malin pour ne jamais se faire prendre par les forces de l’ordre.

Alors qu’il s’avançait plus en profondeur dans la forêt, le musicien ne vit rien arriver. Il se retrouva couché sur le dos avec une fille qui le menaçait avec un couteau. C’est là qu’un flash passa par l’esprit du brun. Il se revit lui-même en train de faire la même chose à Harrington, mais avec une bouteille cassée. Étrange parce qu’il ne se souvenait pas dans quelles circonstances ça avait pu se produire. Le métalleux revint à la réalité en attendant la voix de la brunette qui voulait qu’il parle. Ravalant difficilement sa salive, ayant un peu peur et pas à l’aise, il finit par dire. « Je suis Eddie. » Commença-t-il avant de reprendre quelques secondes plus tard. « Une épée ? Je sais pas, j’en ai pas vu ! » Il n’avait jamais eu l’occasion d’en voir une pour de vrai. « Aïe ! » Se plaignit-il en sentant la lame se faire plus pressante sur son cou. Il leva donc les mains en l’air pour montrer à son assaillante qu’il voulait juste la paix. « J’te promets, je n’ai pas ton épée ! » Ça l’intriguait d’ailleurs qu’une jolie fille puisse se balader avec une arme comme celle-ci, mais pour le moment il n’allait rien dire ni demander. Si elle se détendait, peut-être qu’il pourrait lui poser des questions et lancer une conversation.  

Le pauvre Munson s’était réveillé dans un cabanon qu'il n'avait jamais vu et ensuite il n’avait rien reconnu dehors, ce qui le chamboulait pas mal. Alors là qu’une fille armée d’un couteau le menace, c’était le pompon. Elle non plus, il ne la connaissait pas. S’il l’avait déjà croisée, il s’en souviendrait puisqu’il la trouvait fort jolie. Flippante, mais mignonne tout de même. Ne tenant pas à la mettre en pétard, bien qu’il mit un peu de temps à répondre à ses questions – à cause du flash qu’il avait eu –, il lui montra qu’il ne tenait pas à se battre en plus de lui avoir indiqué qu’il n’avait pas aperçu ce qu’elle cherchait. Au moins, il était coopératif puisqu’il lui avait même révélé son surnom – enfin son diminutif, mais ça revenait au même étant donné que personne à part l’administration ne l’appelait Edward – quelques instants plus tôt il avait juré ne pas avoir en sa possession son épée. La brunette paraissait méfiante, ce qu’elle confirma d’ailleurs oralement. « C’est comme tu veux, mais je n’te connais pas, alors j’vois pas pourquoi j’en aurais après toi. » Répondit-il avant de soupirer aux questions qui suivirent. « J’en sais rien. Je me suis réveillé il y a quelques minutes dans une cabane un peu plus loin. » Dit-il en montrant la direction du regard. « Sauf que c’était la première fois que je la voyais et je ne sais même pas où on se trouve… » Il était complètement paumé là. « Accoutrements étranges ? » Fit-il en arquant un sourcil. « Mes vêtements, tu veux dire ? Ce sont ceux que je porte ordinairement, sauf le bandana et la veste je sais pas d’où ils sortent. » La brune était-elle réellement en train de critiquer sa manière de se fringuer ? Alors que franchement la sienne semblait venir tout droit d’une autre époque, lointaine. « Et toi ? D’où tu sors cette tenue ? » C’est vrai quoi, ça faisait tâche par rapport à la mode des années 80. Eh oui, Eddie n'avait pas encore compris qu’il était arrivé dans le futur.

Si tout à l’heure le métalleux avait eu un flash, apparemment c’était peut-être bien le cas de la demoiselle qui était toujours sur lui puisqu’elle ne bougeait plus et ne disait rien. À quoi était-elle en train de penser ? Le musicien se le demandait. Quand elle reconnecta avec la réalité, le brun la regardait d’un drôle d'air. Déjà parce qu’elle se mettait à le toucher, ce qui était très bizarre et qu’ensuite il ne comprenait pas ses paroles. « De quoi tu parles ? » L’interrogea-t-il puisqu’il ne voyait pas du tout à quoi elle pouvait faire allusion. Nerveux, il se racla la gorge tout en observant la jeune femme. « Si tu commences à te montrer tactile, j’aimerais bien connaître ton prénom moi aussi. » Fit-il en lui lançant un sourire amusé. Oui, il essayait de détendre un peu l’atmosphère de cette façon. Est-ce que ça allait fonctionner ? Est-ce que cette jolie demoiselle allait se calmer et être moins sur la défensive avec lui ? Surtout qu’il n’avait rien demandé et ne méritait pas la façon dont elle le traitait depuis tout à l’heure. Avant qu’elle ne lui tombe dessus il cherchait juste à regagner Hawkins – ce qu’il ne parviendra jamais à faire malheureusement.

Ah oui cette fille pensait carrément qu'il était un espion ? Pas étonnant de ce fait qu’elle se méfie d’Eddie. Celui-ci ne put s’empêcher d’éclater de rire d’ailleurs en comprenant qu’elle le prenait pour ce qu’il n’était absolument pas. « Tu dois être quelqu’un d’important alors pour craindre qu’on t’espionne ? Tu peux être tranquille, je n’étais pas en train de te suivre. » Assura-t-il afin qu’elle cesse d’être sur la défensive. En plus, il n’avait pas vu qu’elle était dans le coin avant qu’elle ne lui saute dessus. Mais c’est vrai que quand il le voulait, il pouvait être assez discret pour ne pas se faire repérer. Sauf que là il n’avait pas du tout cherché à l’être.

Afin d’essayer de prouver sa bonne foi, Munson raconta à la belle inconnue qu’il s’était réveillé dans une bicoque en bois qui ne lui disait rien et qu’il ne savait même pas où ils pouvaient bien être. Puis le métalleux demanda à la jeune fille si elle parlait de ses habits, apparemment oui vu qu’elle lui indiqua ne pas les connaître. Eh ben, la brunette était sacrément étrange depuis tout à l’heure. Est-ce qu’elle avait consommé de la drogue ? Parce que si c’était le cas, ça expliquerait bien des choses. « C’est juste un t-shirt de mon club et un pantalon en jean. » Fit-il remarquer. Rien de bien extraordinaire en soi. Sauf son haut qui était personnalisé, mais le reste était assez au goût de nombreux jeunes dans sa décennie. En voyant la réaction de la miss, le féru de Donjons et Dragons ne put faire autrement que de rire. « Ma contrée ? » Fit-il en arquant un sourcil. « Oh ! On se détend princesse, je t’ai pas demandé de te changer et c’est très bien si tu as un copain. » C’était à croire qu’elle s’était imaginé qu’il lui faisait un plan drague. OK, il la trouvait jolie, mais non, il ne cherchait pas à la charmer. Surtout qu’il n’était pas doué dans ce domaine. « J’te demandais juste où tu les avais trouvés, rien de plus. » La manière de parler de la demoiselle lui donna l’impression qu’elle venait d’une autre époque, mais ça ne pouvait pas être possible n’est-ce pas ? Sans doute qu’il devait se faire des idées ou alors il était encore tout simplement en train de dormir.

Le pauvre brun ne comprenait absolument rien à ce qui était en train de se passer. Cette fille semblait avoir bogué puis elle lui sortit des choses qui n’avaient ni queue ni tête. « La marque du diable ? » Répéta-t-il avant d’ajouter. « La mort m’a pris ? Mais qu’est-ce que tu racontes ? OK, c’est beaucoup trop bizarre même pour moi ! Je sais pas ce que t’as fumé, mais la vache, ça a l’air d’être puissant ! » Ça devait être certainement pire que l’herbe qu’il vendait aux autres lycéens. Bien que lorsqu'on lui demandait quelque chose de plus fort, il arrivait à satisfaire ses clients en leur en procurant, mais il préférait de loin leur refourguer des trucs assez soft. Le garçon pouffa de rire quand son interlocutrice lui indiqua s’assurer qu’il n’avait rien de caché sous ses habits. « Il n’y a rien d’autre que moi en dessous. » Répondit-il en affichant un sourire taquin. Oui, ça l’amusait un peu d’embêter la belle étrangère qui paraissait gênée vu la manière dont elle rougissait avant de s’écarter. Ce qui était dommage d’ailleurs, mais bref. Le jeune Munson prit appui sur le sol et se leva à son tour. « Eh bien salut Nimue ! » Fit-il en lui souriant puis il hocha la tête. « OK, suis-moi dans ce cas ! » La brunette était quelque peu autoritaire et faisait bien sentir qu’elle ne rigolait pas. Si bien que le musicien n’avait pas envie de la contrarier et préférait suivre ses directives. Après tout, il ne la connaissait pas et ne savait pas de quoi elle était capable. Surtout qu'il y a quelques minutes, elle l’avait menacé avec son couteau, donc elle pourrait recommencer s’il ne l’écoutait pas. « C’est par-là ! » Indiqua-t-il en passant devant et en empruntant le même chemin que tout à l’heure. Logiquement, ils ne devraient pas être trop loin puisqu’il n’avait pas beaucoup marché avant d’arriver là.

Lorsque la brunette parut surprise qu’Eddie ne la connaisse pas, celui-ci secoua la tête. « Pas le moins du monde. » Non, il n’avait jamais rencontré cette fille, il en était sûr et certain. « Une sorcière ? » Se croyait-elle dans Donjons et Dragons ou quelque chose de ce style ? Ça pourrait expliquer bien des choses si c’était le cas. « Le royaume ? Moi je viens des États-Unis. Donc je ne connais pas ton histoire, désolé. Tu pratiques un jeu de rôle grandeur nature ? » C’était plus fort que lui, il fallait qu’il lui pose cette question puisque tout ce que lui disait cette demoiselle lui faisait penser qu’elle était peut-être dans une partie et à fond dans la peau de son personnage.

Visiblement, la belle inconnue semblait intriguée par les fringues du guitariste qui étaient pourtant assez banales dans les années 80, hormis son t-shirt réservé exclusivement aux membres du Hellfire Club. À la répartie de la brunette, le métalleux ne put s’empêcher de rire. « Mais nan ! C’est juste un jeu ! Le diable n’existe pas de toute façon ! » En tout cas, lui n’y croyait pas et ne faisait que s’amuser avec ses amis rien de plus, il n’y avait rien de mal à ça. « Aaaah ! Hawkins ! Non, on ne s’habille pas de cette manière dans mon village. Et contrée, ça ne se dit plus depuis longtemps. Quand je t’entends t’exprimer, j’ai comme l’impression que tu viens d’une époque lointaine. » Juste après le lycéen fixa d’un air surpris son interlocutrice. « Je t’ai fait des compliments ? Je ne m’en souviens pas… » Elle avait dû rêver, c’était la seule explication possible. « Je ne vois pas ce que j’ai pu dire d’étrange, mais si ça t’a offensée alors tu m’en vois navré. » Il avait beau essayer d’y réfléchir, il ne pensait pas avoir eu un comportement déplacé envers elle. Par contre, lui trouvait toujours aussi bizarre cette jeune fille, mais peut-être qu’il parviendrait à comprendre pourquoi par la suite. En l’écoutant, le musicien observa plus en détail ses habits et constata qu’effectivement ils n’étaient pas très propres. Nerveusement, il se racla la gorge avant de prendre la parole. « Ce sang c’est le tien ? Tu es blessée ? » Chercha-t-il à savoir. Il espérait qu’il ne s’était rien passé de grave et qu’elle n’avait pas tué quelqu’un sinon il allait craindre pour sa vie. Déjà qu’il n’était pas hyper à l’aise depuis tout à l’heure.

Le pauvre Munson n’était pas plus avancé que ça étant donné que la brunette ne prenait pas la peine de répondre à ses questions. Il restait donc avec ses interrogations. En plus de cela, la miss avait l’air d’être susceptible vu la manière dont elle le regardait. « Laisse tomber pour ça, mais dis-m’en plus au sujet de cette marque et de la mort. » Oui, il aimerait bien avoir le fin mot de cette histoire tout de même. Ensuite, la petite brune parut gênée et s’éloigna quelque peu d’Eddie. D’accord, il aurait peut-être dû préciser qu’il portait un slip sous son pantalon, mais il n’y avait pas pensé et puis franchement c’était drôle de voir la réaction de cette fille.

Comme le lui avait demandé la jeune Nimue, le métalleux allait donc la conduire jusqu’à la cabane où il s’était réveillé tout à l’heure. En chemin, il écouta ses questions tout en tentant de bien se repérer, ce qui n’était pas simple dans cette fichue forêt. « Je… J’en sais rien ! Tout ce dont je me souviens c’est que je m’étais enfui de chez moi pour me cacher, car on m’accusait injustement d’avoir tué une camarade de classe. » Pauvre Chrissy ! Penser à elle lui fit un point au cœur. Il avait essayé de la reconnecter avec la vérité, mais malheureusement rien n’avait fonctionné et il l’avait vue mourir sous ses yeux. Il s’était senti totalement impuissant puisqu’il n’avait pas su quoi faire pour la sauver tandis qu’elle lévitait comme si une force invisible s’en était prise à elle. En entendant de nouveau la voix de la brunette, le garçon sortit de ses sombres pensées et se concentra sur elle plutôt que de continuer à se tourmenter en repensant à la pompom girl. « Ça non plus, je sais pas. Je me suis réveillé avec alors qu’avant je n’en avais pas. » Il n’avait donc aucune idée de comment ces marques avaient pu apparaitre sur son corps. Avait-il perdu la mémoire accidentellement ? Peut-être… Au bout de quelques minutes de marche, par chance, le guitariste avait réussi à retrouver son chemin étant donné qu’il apercevait le cabanon. « C’est ici ! » Fit-il en désignant du doigt la petite maison en bois où il était encore quelques minutes avant de tomber sur cette fille. « Au fait pourquoi tu voulais que je t’amène jusqu’ici ? » Oui, ça l’intriguait et le rendait curieux. Que pouvait-elle espérer trouver dans ce chalet ? Elle cherchait peut-être juste à avoir un toit sur la tête.

Suite à la menace que venait de lui lancer la soi-disant sorcière, le métalleux ne put s’empêcher de feindre la terreur en posant ses mains sur ses propres joues surjouant la peur. Bien sûr, au fond de lui il restait en partie méfiant puisqu’il ne connaissait point la brunette qui il n’y a pas plus de quelques instants le tenait en respect avec un couteau. Mais voilà, c’était plus fort qu’Eddie, il fallait toujours qu’il fasse l’idiot. « Une sorcière !? Jesus Christ j’ai la trouille !!! » Évidemment, il ne prenait guère au sérieux ce que cette fille lui racontait, loin d’imaginer qu’elle ne mentait pas. Apparemment, le jeune Munson et la brune ne parvenaient pas à se comprendre, c’était comme s’ils avaient un dialogue de sourds. « Oui les États-Unis d’Amérique ! Ça ne te dit absolument rien ? » C’était surprenant si la miss ne voyait pas de quoi il faisait mention. Où se croyait-elle ? « OK, alors c’est vraiment bizarre ! » Fit remarquer le musicien qui était toujours aussi perdu. Par contre, lorsque l’étrangère aborda le sujet de la guerre, il pensa aussitôt qu’elle devait faire référence à la guerre froide. « Tu combats aux côtés des soldats ? » Demanda le lycéen sans être tout à fait certain que ce soit le cas.

Visiblement, même une inconnue le jugeait adorateur de Satan à cause du logo du club sur son t-shirt. Décidément, personne ne comprendra qu’il ne faisait rien de mal hormis s’adonner à des parties de Donjons et Dragons en compagnie de ses amis. « Ouais, je sais je vais pourrir en enfer ! » Répondit d’un ton agacé et dramatique le guitariste qui en avait ras le bol de toutes ces conneries qu’on pensait à son sujet. Bien sûr devant ses potes il faisait comme si ça ne l’atteignait pas, mais dans le fond, à force qu’on lui rabâche toujours les mêmes choses, ça le soûlait. Surtout depuis que les flics, Jason et ses acolytes avaient lancé une chasse aux sorcières pour mettre la main sur lui tout ça parce qu’ils croyaient qu’il avait tué Chrissy alors que jamais il ne lui aurait fait du mal. « La plupart des gens ne s’habillent pas comme moi, hormis mon groupe d’amis… » Expliqua-t-il las de tout ça. « Peu importe. » Lâcha-t-il tandis que la petite brune cherchait à savoir quel terme à Hawkins ils employaient à la place de contrée. Par la suite, la surprise pouvait se lire aisément sur le visage de l’Américain qui bogua complètement à cause de ce que venait de lui révéler son interlocutrice. « Pardooon ? L’an 500 ? » Bordel, ça n’avait aucun sens ! C’était plus ça qui le choquait que le fait que la brunette soit originaire de France. Oui, étant geek sur les bords, le musicien connaissait des œuvres se déroulant en Bretagne. Après quelques instants, le garçon aux cheveux longs secoua la tête comme pour s’aider à sortir de son hébétude. « Je sais pas comment t’as pu atterrir ici, mais aux dernières nouvelles on est en 1986. » Du moins, c’était ce qu’il croyait puisqu’il n’était nullement au courant qu’en réalité il avait été victime d’un bond dans le temps qui l’avait conduit tout droit dans les années 2020.

Un rire nerveux sortit de la gorge du brun. OK, cette jeune fille est mignonne et même très belle, mais il n’avait pas eu de pensées impures à son égard, trop préoccupé par autre chose pour ça. « J'te regarde normalement ! » Tint-il à clarifier les choses. « Et tu fais ou non ce que tu veux avec qui ça te chante, mais sache que je n’ai pas songé à ceci ! » Eddie croisait les doigts pour que ce soit bien clair dans la tête de la demoiselle et qu’elle n’imagine pas n’importe quoi à son sujet.

En constatant que les vêtements de la miss étaient tachés de sang, le guitariste lui demanda s’il s’agissait du sien ou non. Il soupira de soulagement lorsque la Française – qui étonnement parle couramment anglais – lui répondit par la positive et expliqua avoir été blessée, mais ne plus l’être, ce qui avait l’air de la surprendre. « Tant mieux que tu sois guérie ! » Que pouvait-il dire d’autre ? Franchement, il pouvait avoir la langue bien pendue, mais pour le moment il ne voyait pas. Ah si ! Il venait d’avoir une idée. « Comment ton épée pourrait parvenir à te soigner ? » C’était assez étrange que cette fille songe à ceci. Surtout que ce genre d’arme était fait pour blesser, pas pour panser des plaies.

C’était évident que le jeune Munson voulait en découvrir davantage concernant cette histoire de marque et la mort qu’il était censé avoir eue. S’il était réellement décédé, il ne serait pas là pas vrai ? C’était ce qu’il imaginait en tout cas. « Écoute, j’essaie seulement de comprendre… Je ne suis pas dans ta tête, donc je ne sais pas exactement à quoi tu penses. Et je ne me moque pas de toi contrairement à ce que tu crois. » Parfois, ça lui arrivait de rire bien sûr, mais c’était uniquement parce qu’il ne parvenait pas à réagir autrement tant tout lui paraissait gros depuis tout à l’heure. Il avait limite l’impression que quelqu’un se fichait de lui et le menait en bateau, lui faisant une énorme blague.

Tandis qu’ils marchaient en direction du cabanon dans lequel le brun avait ouvert les yeux, la demoiselle l’interrogea, apparemment curieuse. Le garçon soupira en revoyant la scène de la mort de la jeune Cunningham qui le hantera probablement jusqu’à la fin de ses jours. « Je n’ai absolument rien fait de mal à Chrissy ! » Se défendit-il, prenant cette histoire trop à cœur. « Elle était flippée par je ne sais quoi. Elle avait l’impression de devenir folle et voulait que je l’aide, donc elle est venue chez moi, mais il ne s’est rien passé, je le jure ! Elle a été tuée par une force invisible sous mes yeux. » Le pauvre Eddie restait marqué par ceci, traumatisé à jamais d’avoir assisté à ce spectacle qu’il n’avait pas du tout apprécié. Il commençait d’ailleurs à avoir les larmes aux yeux, mais se contenait au maximum pour ne pas pleurer devant Nimue. Cette dernière questionna le métalleux à propos des cicatrices qu’elle avait pu découvrir sur son corps, mais malheureusement celui-ci n’allait pas lui être d’un grand secours. Il regarda la brunette en fronçant légèrement les sourcils. « Comment ça ? Enfin, je veux dire, comment tu pourrais savoir ça ? » C’était quelque chose qui l’intriguait très fortement. Il était à mille lieues d’imaginer qu’en fait son interlocutrice est pourvue d’un don qui pouvait lui permettre de voir des choses.

Après quelques minutes, le duo arriva enfin à destination. À peine devant le chalet, Eddie voulut savoir pour quelle(s) raison(s) la jeune femme avait tenu à ce qu’il la conduise jusque-là. Apparemment, l’hypothèse qu’il avait émise dans son esprit était la bonne puisque la belle brune confirma qu’elle désirait passer la nuit dans cet abri de fortune. Elle expliqua également qu’elle comptait aussi échapper à d’éventuelles attaques animales et pourquoi pas trouver de quoi se restaurer. « Aaah oui ! C’est vrai que j’ai pas fait gaffe que la nuit était en train d'arriver. Et t’as raison, autant éviter qu’on se retrouve face à je ne sais quelle(s) bestiole(s) ! Pour le reste, je sais pas… Il faut qu’on fouille la cabane ! » C’était la meilleure option selon lui. Le guitariste rentra dans le cabanon et commença à ouvrir les différents placards. En même temps, il entendait la brunette qui se posait des questions. Il la rejoignit donc et suivit son regard pour constater de quoi elle parlait exactement. « Alors ça. » Fit-il en aposant sa main sur la gazinière. « C’est ce qui va te servir à faire chauffer la nourriture. Et le reste c’est pour mélanger tes ingrédients, les couper ou les mettre dans ta bouche. » Il y a encore quelques minutes de ça, il aurait été surpris de la voir réagir de la sorte, mais désormais il avait bien conscience qu’elle venait d’une tout autre époque que la sienne. Le métalleux reprit son observation de l’habitation et au bout de quelques minutes, il tomba sur le Saint Graal. « On est sauvés ! On a de quoi manger Nimue ! » Dit-il d’un ait triomphant en brandissant plusieurs boîtes de conserve. « Alors on a des haricots aux saucisses, des légumes ou des raviolis. » Énuméra-t-il afin de faire savoir à sa nouvelle amie ce qu’il y avait de beau au menu. « Ça ne sera pas forcément hyper bon, mais ça dépanne quand on n’a rien d’autre à se mettre sous la dent ! » Et il savait de quoi il parlait puisqu’il avait expérimenté durant sa cavale lorsqu’il avait créché chez Rick la fumette.

Peu de personnes apprécient l’humour du lycéen – même parmi ses amis, certains avaient du mal –, mais que voulez-vous ? Il ne peut s’empêcher de déconner. Il adore ça amuser la galerie, bien que dans le fond c’est plus lui qui s’éclate que les autres. « C’est de l’humour, le prend pas contre toi ! Mais navré si ça t’a offensée. » Eddie allait donc essayer de ne pas trop en abuser en présence de cette fille. Qui sait ce qu’elle pourrait lui faire avec sa fichue arme blanche ? Il ne préférait pas y penser. « Eh bien c’est un continent, mais pour faire simple, dis-toi juste que c’est un gros regroupement de pays dont font partie les Etats-Unis. » Autant utiliser des termes pas trop compliqués puisque la jeune fille avait l’air du mal à saisir tout ce que pouvait dire Munson. Le musicien haussa légèrement les sourcils. « Les soldats rouges ? » Répéta-t-il ne voyant pas de quoi il s’agissait. Plus la belle étrangère s’exprimait et moins le garçon comprenait les choses. « Les fées ? Comme la petite fée Clochette ? » Quelques instants plus tard, il fut davatange perdu par les informations qui pour lui semblaient dépourvues de cohérence. « Attends attends ! Arthur ? Tu fais référence à la légende du roi Arthur ? » Demanda le nerd comme le qualifierait Erica Sinclair.

Un rire franchit les lèvres du guitariste suite aux propos de la demoiselle face à lui. « Eh ben chez toi ils ont l’air aussi perchés qu’à Hawkins ! » Il ne gardait guère un bon souvenir de tous ces psychos étroits d’esprit. « Ça me correspond bien, donc qui sait ? » Tout d’un coup, il se sentait moins seul en comprenant que cette fille semblait être rejetée elle aussi. « Désolé que ton peuple et toi ayez eu à subir les foudres des gens qui sont fermés comme des huitres et veulent qu’on rentre dans leurs fichues normes. » Le brun fit une drôle de tête à cause de la question qui venait de lui être posée. « Et pourquoi devrions-nous faire comme eux ? Les suivre comme des petits moutons pour leur plaire ? Sans façon ! En plus, nos t-shirts sont à l’effigie du club de Donjons et Dragons que j’ai fondé au lycée. » Chose dont il ne pouvait être que fier, même si désormais – ce dont il n’avait point conscience à cause de sa mémoire défaillante – elle avait confié la gestion à Henderson. « Oui 1986, t’as bien entendu… » Dit-il afin de montrer qu’il était sérieux sur ce coup ne se doutant guère de la réalité. Eddie leva les mains. « Eh ben on est deux dans cette galerie ! Moi je dois retrouver mon ami Dustin ! » Sans oublier les autres, mais s’étant pas mal rapproché de ce dernier, évidemment c’était à lui qu’il pensait en premier.

Le leader du Hellfire Club balança la tête de manière négative avant d’ajouter oralement. « Non, je ne te fais pas la cour et je n’ai jamais imaginé cela à propos de toi. » De toute façon, il avait quelqu’un d’autre dans la tête, même si c’était peine perdue…

Intrigué, le garçon voulut en apprendre davantage au sujet de l’épée que recherchait Nimue. « Ah ? D’accord, ben écoute j’te souhaite de la retrouver alors. » Après tout si elle pouvait lui être utile, autant que sa propriétaire parvienne à la récupérer. Quelques instants plus tard, la brunette lui expliqua enfin concrètement ce qui lui passait par l’esprit. « Ah bah génial ! De mieux en mieux ! » Le diable l’aurait choisi et l’aurait tué ? Ma foi, peut-être qu’il l’avait attiré à cause du nom de son club qui se trouvait sur ses vêtements. Non ! Il n’était point mort, la preuve il était bien là sur ses deux jambes et puis les habitants d’Hawkins ne pouvaient pas avoir raison à ce sujet ! Il ne faisait pas partie d’une secte satanique donc il n’y avait pas moyen que cette hypothèse soit vraie. Le brun soupira en essayant de chasser tout ceci hors de son esprit. « Ces gens sont cons s’ils ont pensé une seule seconde que tu es un monstre ! » Lui-même savait ce que ça faisait puisque beaucoup de monde avait imaginé qu’il était un tueur et qu’il s’en était pris à la jeune Cunningham. Jamais il n’aurait pu lui faire du mal alors qu’elle était déjà si fragile et qu’il n’avait eu qu’envie de l’aider.

Chrissy fut d’ailleurs juste après au centre de la conversation. Repenser au moment du décès violent de la blondinette le rendait très mal et l’affectait énormément bien qu’il cherche à retenir ses émotions par pudeur. Il hocha la tête quand la jeune fille lui posa la question à propos de la force invisible. « Jesus Christ merci ! » Dit-il en lâchant un gros soupir de soulagement lorsque son interlocutrice lui indiqua qu’elle acceptait de le croire. Enfin quelqu’un qui ne le jugeait pas coupable. Du moins, en dehors de Dustin qui n’avait eu de cesse de le défendre. Ensuite, il avait réussi à rallier à sa cause Max, Robin et tout le reste de la joyeuse bande Harrington y compris. « Ah ouais une vision ? » Releva-t-il intrigué. Il l’écouta, mais ne put s’empêcher d’être choqué par ce qu’elle lui révélait. « Le petit bouclé ça devait être Dustin Henderson, mais je ne me souviens pas de tout ça… » Il ravala ensuite difficilement sa salive. « Donc d’après toi j’y ai bel et bien laissé la vie alors ? » Ce qui lui remontait au moins peu le moral et flattait son ego c’était le fait qu’il soit mort en héros. Un sourire naquit sur ses lèvres. « Si ça a permis de venger Chrissy c’est le principal oui ! » Il espérait donc que Nancy et les autres aient réussi à faire la peau à Vecna.

Voilà que désormais le binôme se trouvait dans la petite cabane que la jeune femme avait voulu voir. Munson ne se sentait pas d’affronter quelconque bête, même si apparemment d’après Nimue il avait eu le courage de défier des chauves-souris bien qu’il y ait laissé sa peau. Ensuite, il expliqua brièvement à la brunette en quoi consistait une gazinière. « Hum oui bonne idée ! Ça nous tiendra au chaud. Mais là, cet électroménager ne sert qu’à réchauffer les aliments, rien de plus. » Ajouta-t-il en parlant toujours de la même chose. « T’en fais pas, je sais comment l’utiliser moi. » Eh oui, Eddie est débrouillard et puis il s’en servait déjà chez son oncle. Par contre, en regardant plus en détail la cuisine, il y avait des choses qui ne lui disaient rien. Un rire, amusé s’échappa des lèvres du joueur de guitare. « Je sais, ce sont des conserves. Et pour la chasse, si tu veux vas-y, mais ne compte pas sur moi ! » Il avait déjà eu bien trop d’émotions pour aujourd’hui et en plus ce n’était pas son truc. « C’est pas trop mauvais normalement. Ça dépend des marques, mais les raviolis c’est des pâtes avec de la viande de bœuf à l’intérieur. Et il y a de la sauce tomate cuisine pour accompagner le tout. » C’était particulier d’apprendre tout ceci à quelqu’un, mais en même temps, ça plaisait bien au lycéen qui était majoritairement passé pour un idiot aux yeux des autres, ceux qui ne le connaissaient pas intimement. « Allez, puisque ça a attisé ta curiosité, ce soir ça sera raviolis au menu. Je m’en occupe ! » Autant qu’il fasse ça de suite puisqu’il commençait à avoir les crocs. Aussitôt, il fouilla dans les placards et attrapa une casserole, puis il chercha des allumettes, mais c’est là qu’il rencontra un premier problème. D’une part, il n’y en avait pas dans la cuisine. « Merde ! Où sont les allumettes ? » Pesta-t-il avant de songer à quelque chose. « Ah peut-être près de la cheminée que tu as repérée ? » De plus, ce n’était pas tout à fait la même gazinière qu’à son époque, donc il ne comprit pas qu’il fallait simplement appuyer sur un bouton et en tourner un autre pour mettre l’appareil en route. Surtout qu’il n’avait pas encore remarqué ne plus être dans les années 80.