Une nouvelle arrivante en enfer

Luna cette nuit comme à chaque pleine lune était en train de se transformer, laissant la liberté à son côté animal de s’exprimer puisque de toute façon contrairement à Olcan son faux petit ami elle dépendait des cycles lunaires. En effet, Blue, même s’il ne se contrôlait pas totalement, lui avait cette faculté de pouvoir se changer en loup n’importe quand. Ce qui n’était pas du tout le cas des autres de la meute. D’ailleurs, ça restait secret, car ils étaient peu nombreux à être dans la confidence. Enfin bref, tandis que la jeune Rivers était en train de muter, quelque chose l’empêcha de continuer. Tout ce qu’elle eut le temps de sentir, ce fut une piqûre au niveau de son flanc gauche. Puis, elle avait sombré dans l’inconscience et ne s’était pas rendu compte qu’elle s’était fait capturer par Dieu sait qui ni dans quel but.

La fausse blonde ne saurait dire combien de temps elle avait passé à dormir, mais lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle eut la désagréable surprise de constater qu’elle était dans une cellule. « C’est quoi ce bordel ? » Dit-elle pour elle-même. En analysant l’endroit, elle put remarquer que non loin d’elle, il y avait des vêtements propres – qu'elle jugeait moches. Heureusement d’ailleurs, car sans ça, elle serait restée toute nue. À la hâte, la jeune fille s’habilla. Ne comprenant pas où elle se trouvait ni ce qu’elle fichait là, elle s’approcha des barreaux et cria. « Il y a quelqu’un ? » Pas de réponse pour le moment, alors elle continua à s’époumoner. « EH ! OH ! VOUS M’ENTENDEZ ? FAITES-MOI SORTIR ! » Elle perçut un crépitement qui ne fit pas du bien à ses oreilles puis une voix résonna – à travers un haut-parleur probablement. « Content de voir que vous êtes réveillée ! On va vous présenter à vos petits compagnons d’aventure. On arrive ! » L’homme qui avait parlé se tut, laissant la louve perplexe. « Qu’est-ce que c’est que ce cirque ? » Lâcha-t-elle en fronçant les sourcils. Des compagnons d’aventure ? Dans quel bourbier pouvait-elle être ? Bien que sur les nerfs, la demoiselle n’était toutefois pas au top de sa forme. Très certainement à cause de ce qu’on lui avait injecté même si elle ne se souvenait pas de ça. Plusieurs bonshommes débarquèrent, dont un qui avait le sourire aux lèvres, mais restait en retrait. « Où suis-je ? Pourquoi vous m’avez enfermée ? » Questionna la blondinette qui cherchait à savoir ce qui se passait. « Vous êtes en lieu sûr. » Lui répondit celui qui semblait être le chef du trio tandis que les deux autres la maintenaient fermement pour éviter qu’elle ne bouge. « Je vous administre un petit décontractant afin que vous vous teniez bien face à vos camarades. Si vous tentez quoi que ce soit, vous aurez le même traitement que cette nuit ! » Reçut-elle comme avertissement au moment où on lui fit une injection. « Lâchez-moi ! Vous allez regretter de m’avoir enlevée et de vous en être pris à moi ! » « Tout doux ! Sinon je vous endors ! » Luna essayait de se débattre, mais bon sang elle était encore faible et les gorilles plus forts qu’elle ! D’ailleurs, ils la trainèrent tout en étant suivis par le type aux grosses lunettes. « Vous vous transformez que les nuits de pleine lune ou quand vous en avez envie ? » « J’vous répondrai pas ! Vous pouvez toujours courir ! » « Vous ne voulez pas coopérer ? Ce n’est pas grave, on va vous garder à l’œil et on vous analysera ! » Sortit l’espèce de scientifique – vu son accoutrement – en riant. « Mon alpha et la meute mettront les mains sur vous et vous paierez cher ! » Cela ne parut pas plaire au binoclard qui piqua pour la seconde fois la lycanthrope. Pas au point de l’endormir, bien que ça n’en soit pas très loin.

Quelques minutes plus tard, les deux costauds la lâchèrent en plein milieu de ce qui ressemblait à un réfectoire. Affaiblie, la jeune Rivers tomba et se retrouva couchée sur le côté. Là le leader en profita pour prendre la parole. « Voici notre dernière recrue ! Veillez à bien l’accueillir ! Thomas, je vous laisse le soin de lui faire visiter les lieux et de l’informer de tout ce qu’elle a besoin de connaître sur le bon déroulé des choses ici. Essayez d’en apprendre plus sur elle, car nous ne savons strictement rien d’elle en dehors du fait que c’est une petite sauvageonne et un loup-garou. » Puis l’homme s’adressa à l’assemblée. « Faites attention à vous ! Qui sait ce dont elle pourrait être capable ! » Malgré qu’elle soit quelque peu sonnée, la louve lança un regard assassin au trio, plus particulièrement au bonhomme à lunettes. « Allez vous faire foutre ! » Lâcha-t-elle en serrant les dents. Sans répondre, le chef et ses sbires s’en allèrent, laissant leur nouveau sujet d’étude sur le sol tandis que plein de paires d’yeux l’observaient, ce qui avait le don de l’agacer d’ailleurs. Elle était aussi apeurée d’être dans cet endroit inconnu, loin de ses congénères, mais elle n’allait pas le montrer ou du moins s’efforcer pour que personne ne s’en aperçoive. Bon Dieu Wolf et leur meilleur ami Blue, pour ainsi dire frère – même si de son côté la miss a des sentiments pour ce dernier depuis longtemps – devaient se faire un sang d’encre pour elle. Penser à eux ainsi qu’à sa mère ou encore Lou, sa best lui fit un coup au cœur.

Luna détestait être loin de sa meute, plus particulièrement de ceux dont elle était proche. À l’heure actuelle, elle était sans eux et se sentait seule, démunie. De plus, elle était chamboulée, car elle ne savait pas où elle se trouvait présentement. Cela avait le don d’éveiller chez elle un sentiment d’insécurité. Ce qui n’était sans doute pas étonnant puisque cette espèce de scientifique l’avait capturée et qu’en prime il venait de lui injecter deux doses d’un produit – probablement du tranquillisant. C’était d’ailleurs sûrement grâce à ça qu’ils avaient réussi à l’enlever cette nuit. Miss Rivers avait montré son fichu caractère et n’avait point hésité à menacer le bonhomme ainsi que ses sous-fifres. Bien qu’ayant un très bon moyen de l’affaiblir, ils ne risquaient pas grand-chose, mais la blonde espérait sincèrement que son frère et Blue allaient se lancer à sa recherche et la retrouver rapidement, car elle n’avait pas envie de moisir dans ce trou à rats. Encore moins maintenant qu’elle avait compris qu’ils comptaient l’analyser sous toutes les coutures, mais ce n’est pas pour autant que la louve leur facilitera la tâche. Plutôt mourir que de leur accorder si facilement ce qu’ils désirent. Surtout que la blondinette ne souhaite pas que des informations sur sa race fuitent au grand jour, malgré qu’elle se soit fait avoir et que ces types aient compris ce qu’elle est.

Puis qu’est-ce que la jeune fille peut en avoir marre de tous ces regards braqués sur eux. « J’suis pas un phénomène de foire ! J’vais pas vous faire un numéro de cirque ! Allez voir ailleurs si j’y suis ! » Sortit la demoiselle à l’assemblée en croisant les doigts pour que ces gens l’écoutent. Un soupir franchit ses lèvres à cause de la substance chimique qui avait été mise dans ses veines et qui l’affaiblissait au fil des secondes. Les trois bonshommes étaient partis, la laissant auprès d’un garçon qui s’était rapproché d’elle il y a quelques instants et avait à présent sa main posée sur son épaule. « J’en sais rien… » Souffla-t-elle doucement en plongeant son regard dans celui du brun. Elle détestait cette sensation d’être une petite chose misérable alors qu’en temps normal elle ne se voyait jamais ainsi. Sans doute que ça provenait du champ de bataille dans sa tête, mais aussi à cause de ce produit non identifié qu’on lui avait injecté. Un rire nerveux franchit les lèvres de la louve-garou. « T’as pas à être désolé… mais qu’est-ce qu’ils nous veulent ? » Bien qu’elle se sente de plus en plus vide, c’était plus fort qu’elle, il fallait qu’elle sache, car elle avait besoin de comprendre pourquoi on l’avait capturée. « D’ordinaire, je pourrais me débrouiller seule, mais là je crois que j’ai besoin d’un peu d’aide. » Avoua non sans mal la blonde qui avait honte qu’on la voie dans cet état. La miss hocha la tête à propos du calmant qui devait faire effet. « Merci. » Dit-elle tout en se tenant à son interlocuteur et en essayant de se relever, ce qui ne fut pas simple tant elle avait comme l’impression de ne plus avoir de force.

Lorsque le jeune homme près d’elle lui demanda son prénom, la jolie Rivers hésita un instant à lui donner le bon ou à en inventer un. Tout ça parce qu’instinctivement elle tenait à protéger sa meute et craignait qu’en se présentant leur trace puisse être retrouvée – ce qui était un peu stupide étant donné qu’elle s’était fait enlever non loin du camp –, mais quelque chose d’inexplicable la poussa toutefois à se montrer sincère. « Je m’appelle Luna. » Indiqua-t-elle en fronçant les sourcils, ne comprenant pas ce qui était en train de se passer. Pourquoi ne se méfiait-elle point de ce beau garçon qui semblait vouloir lui prêter assistance ? Alors qu’il pourrait tout à fait tout raconter au bonhomme à lunettes. Surtout qu’elle ne le connaissait pas… Il y avait vraiment un truc étrange dans l’air. Comme si une force invisible l’obligeait à ne point mentir à son interlocuteur. « Oui, j’en suis bien un. » Avoua-t-elle. Est-ce qu’on lui avait injecté une espèce de sérum de vérité en plus des calmants ? Tout tournait dans sa tête, bien que la louve ait l’impression d’avoir le cerveau complètement à la ramasse. « Tu vas jouer les informateurs pour ces types ? Parce que si c’est le cas, je vais être dans la merde… » Sortit-elle en ne songeant pas au fait que s’il y avait déjà des caméras dans sa cellule, il pouvait y en avoir dans l’ensemble du bâtiment. Si c’était bien ça, le scientifique n’aurait donc aucun mal à les épier et à entendre les discussions des uns et des autres. Bien qu’elle n’ait point honte de sa condition de louve-garou, ce n’était pas quelque chose qu’elle criait sur tous les toits, car si ça revenait aux oreilles de l’alpha et de ses congénères, elle aura de sérieux problèmes quand ils mettront la main sur elle.

La jolie Rivers avait l’impression d’être en plein cauchemar ou encore au beau milieu d’un film catastrophe – qu’il lui arrivait de regarder en compagnie de son grand frère Wolf. Elle croisait les doigts pour que ce dernier aille bien. Nul doute que son aîné remuait déjà ciel et terre pour la retrouver. La blondinette n’osait guère imaginer dans quel état devait être leur mère à l’heure actuelle. Plusieurs émotions émanaient de la louve. Il y avait la colère, la peur, la fatigue, mais également autre chose dont elle n’avait même pas conscience. En effet, sans qu’elle s'en rende compte – tant tout la submergeait – Luna était en train de vivre un coup de foudre depuis que ses yeux s’étaient posés sur le garçon à ses côtés. Il faudrait probablement du temps pour que la jeune fille réalise que le brun allait devenir important pour elle. En attendant, elle le trouvait vraiment craquant et prévenant. « Es-tu sûr de pouvoir tenir cette promesse ? » Demanda-t-elle, peu convaincue. En cet instant, elle n’avait pas la sensation que ça irait bien, sans doute, car elle détestait se sentir aussi faible.

Afin d’en savoir plus sur ce qui se tramait dans ces locaux, la louve-garou interrogea son interlocuteur qui lui fournit une réponse qui ne la mettait pas en joie, bien au contraire. « Génial… Ils peuvent se fourrer le doigt dans l’œil ou autre part, ça m’est égal, mais je ne deviendrai pas leur petite marionnette ! » Dit elle, mécontente. Il était hors de question que ces bonhommes aient le moindre pouvoir sur Luna. Pourtant, dans l’immédiat, elle était loin d’avoir le dessus sur eux à cause de la substance qui circulait dans ses veines par leur faute. S’ils cherchaient la guerre, ils allaient l’obtenir. Miss Rivers était sûre et certaine que son clan lui portera secours dès lors que ses congénères auront remonté sa trace. Ils ne pouvaient pas la laisser dans la panade. Pour l’heure, c’était le dénommé Thomas qui était en train de lui prêter mainforte, car il était difficile pour la blonde de tenir debout toute seule. Les lèvres de la demoiselle s’étirèrent légèrement, offrant un sourire à l’humain qui semblait enchanté de faire sa connaissance. Doucement, elle hocha la tête. « Moi aussi. » Répondit-elle poliment. « Même si j’aurais préféré te rencontrer dans d’autres circonstances… et en effet. » Acquiesça-t-elle lorsqu’il indiqua qu’elle avait entendu son nom tout à l’heure. Apparemment, le beau brun était satisfait d’apprendre que le scientifique n’avait point menti concernant la nature de l’arrivante. Cela fit arquer un sourcil à cette dernière. « Pourquoi génial ? » Chercha-t-elle à savoir n’imaginant pas ce qu’il avait en tête.

En voyant le garçon rigoler, la jeune Rivers s'interrogeait sur ce qu’elle avait pu dire de si drôle pour susciter cette réaction. Cependant, elle comprit mieux grâce aux propos qu’il tint juste après. La blondinette ne put s’empêcher de soupirer. « Super ! » Lâcha-t-elle de manière ironique en songeant au fait qu’ils étaient donc tous dans de beaux draps même si elle s’inquiétait plus du sort de Thomas – ainsi que du sien. Ce qui était assez étrange étant donné qu’ils se connaissaient à peine. Comment allaient-ils s'extirper de ce bourbier s’ils étaient sous la plus haute surveillance constamment ? « Oui, ça sera mieux. » Surtout que ses jambes avaient du mal à supporter son poids. Tout en restant agrippée au brun, Luna avança avec prudence jusqu’à la table qu’il avait désignée il y a quelques instants. « J’ai pas envie de m’y faire, je veux qu’on se tire d’ici ! » Répondit-elle du tac au tac sans mâcher ses mots. Le "on" incluait évidemment son interlocuteur, car sans savoir pourquoi, elle ne se voyait guère le laisser derrière elle. « C’est ça les drôles d’odeurs que je sens alors... » En effet, en dehors des humains, des vampires et de ses congénères, la pauvre jeune fille n’avait jamais rencontré d’autres espèces surnaturelles. Ce qui était on ne peut plus normal étant donné qu’elle passait la majeure partie de son temps avec sa meute et que le chef de celle-ci n’appréciait pas les races n'étant pas la leur. « Hum. » Bredouilla-t-elle pas enchantée pour le moment, même si la nature lui manquait déjà affreusement peu habituée à se retrouver enfermée entre quatre murs – sauf quand elle suivait les cours donnés par un précepteur aux loups-garous de son âge. « Tu me disais tout à l’heure qu’on est tous dotés de capacités hors du commun. Ça veut dire que toi aussi ? Parce que sauf si je me trompe t’es humain d’après ce que je perçois. » Une façon correcte de parler de l’effluve qu’il dégageait. Celle-ci ne paraissait pas désagréable malgré le fait que la louve ait un odorat assez sensible. « Est-ce que t’es un sorcier ? » N’en ayant jamais fréquenté, la blondinette ne pouvait que le présumer sans en être certaine, mais son nouvel ami allait peut-être éclairer sa lanterne.