Nouvelle voisine dans le quartier // Steven

Appuyée contre sa voiture, Bellatrix regardait frénétiquement sa montre. Une heure. Une heure qu’elle attendait ce foutu camion de déménagement. Bellatrix n’avait jamais été une personne très patiente, et la ponctualité était quelque chose qu’elle prenait toujours très au sérieux. Probablement dues à son éducation avec des parents plus que stricts et son endoctrinement avec le seigneur des ténèbres. Elle n’arrivait pas encore à prononcer son nom, mais ça viendra peut-être un jour… peut-être.

Soupirant, elle entra dans sa maison pour l’instant vide. Cette petite maison n’était pas très grande, une cuisine ouverte sur un salon spacieux, deux chambres, un bureau, une salle de bain. Loin des grands manoirs auxquels elle était habituée, mais elle s’en fichait. Elle dégageait un sentiment de chaleur qui conquit le cœur de la sorcière dès la première visite. La vente de ses toiles lui permettait d’être assez à l’aise financièrement pour ne pas se soucier de ses dépenses et d’acquérir cette jolie maison.  
Un klaxon se fit entendre dehors, suivit un grand coup de frein. C’est pas vrai, de toutes les entreprises de déménagement, il a fallu qu’elle tombe sur l’équipe de bras cassé de la ville.
Retenant juron et insulte, elle sortit hors de la maison, prête à en découdre avec le premier qui aura une parole malheureuse. Elle se dirigea vers les deux hommes fraichement arrivés, des éclairs dansant au fond de ses yeux.

-Une heure ! Une heure de retard et vous avez défoncé mes plates-bandes !

L’un des deux hommes osa afficher un sourire en coin, pas vraiment impressionné par ce petit bout de femme en talon. Elle n’eut pas besoin de la legilimancie pour savoir ce que ce sourire et ce regard sur son corps cachait. S’il tentait quoi que ce soit, elle lui ferait bouffer ses rétros et se servirait du levier de vitesse de son camion comme suppositoire.  Inconscient du danger, l’homme bomba le torse et haussa des épaules.

-Quelques fleurs sans intérêt, voilà tout. Et il y avait de la circulation, pas de quoi en faire un drame. Vous habitez seule ?

Elle ne répondit pas, et leur intima d’un simple geste de décharger le camion de ses affaires. Elle ne voulait pas d’une présence masculine non désirée, surtout si c’est ces deux-là.

Elle indiqua au fur et à mesure où poser les gros meubles, certains cartons lourds, jusqu’à ce qu’elle entende une chute, un bruit de verre cassé et un juron d’une voix grave dehors. Aussi vite qu’elle le pouvait, l’estomac noué, elle se précipita près du carton, redoutant ce qui avait été brisé.
Elle ouvrit des yeux ronds à la vue de cet homme les bras levés, comme s’il portait encore quelque chose, et un cadre par terre, toujours emballé dans du papier bulle. Un sentiment de rage lui fit bouillir le sang.

-Ça suffit. Posez les derniers cartons près de la porte et allez-vous-en !

Sentant le danger, ils déchargèrent les derniers cartons rapidement et fichèrent le camp sans un mot de plus.
Soufflant pour se calmer, elle ramassa le cadre délicatement et le posa sur une commode qui n’avait pas été encore rentrée. Elle déballa doucement le papier bulle avant de poser les yeux sur le verre fendu du grand cadre photo. De toutes ses possessions, c’était bien l’une des rares choses auxquelles elle tenait vraiment. Passant une main dans ses boucles folles, elle chercha mentalement l’adresse d’un magasin pour remplacer la vitre du cadre.