Version n°2 : La vengeance est un plat qui se mange froid { Billy

Le temps n’est pas au beau fixe aujourd’hui puisque le ciel est gris et pour ne rien arranger la pluie est même de la partie. Avant de sortir de chez lui, Billy avait enfilé une veste à capuche afin de ne pas trop se faire arroser durant le trajet pour se rendre au lycée à pied. Il n’en avait que pour quelques minutes de marche étant donné qu’il n’habite pas trop loin du bahut. En principe, il y allait en compagnie de son meilleur ami, mais celui-ci étant malade n’allait pas assister aux cours pendant quelques jours.

Afin de ne pas déprimer, le jeune Hargrove muni de son casque sur les oreilles écoutait les chansons de son groupe favori, de quoi lui mettre du baume au cœur même s’il n’avait pas hâte d’aller faire du sport avec sa classe. Déjà, car d’ordinaire il n’est pas fan de cette matière, mais aussi parce qu’il n’avait pas envie de voir le nouveau. Pour cause, le pauvre William était encore perturbé par le fait que Steve se soit amusé à le toucher à la bibliothèque. Donc moins il le croisait et mieux il se portait.

Le féru de lecture avait toujours cette boule au ventre depuis qu’avait eu lieu cet incident. Toutefois, il n’en avait parlé à personne par honte. Pourtant, il n’avait rien à se reprocher. Ce n’était guère sa faute si Harrington avait eu ces gestes déplacés envers lui. Le friand de surf était probablement encore trop sous le choc pour se livrer à ce sujet. D’ici quelque temps, peut-être qu’il parviendrait à en discuter avec son ami, ne serait-ce que pour soulager son esprit.

N'aimant pas être en retard, comme à son habitude le lycéen était arrivé avec de l’avance dans la cour de l’établissement. En premier lieu, il se débarrassa de son casque qu’il rangea dans l’une des poches de son sac à dos puis il fila voir une surveillante à la vie scolaire. Il indiqua à celle-ci que son ami ne reviendrait pas avant la semaine prochaine puisqu’il était cloué au lit. En effet, son acolyte lui avait demandé de prévenir de son absence et également de remettre son certificat médical.

Tandis qu’il était toujours dans les bureaux, le jeune Hargrove entendit la fin d’une conversation entre le conseiller principal d’éducation et deux autres personnes. « Merci de nous avoir avertis Monsieur et Madame Harrington. Nous allons ouvrir l’œil et faire circuler l’information auprès de tout le corps enseignant ainsi que des élèves. Si quiconque nous apprend où peut se trouver votre fils, nous vous contacterons dans l’immédiat. » « Merci de nous avoir reçus. Au revoir. » « Oui, merci, au revoir. » Dirent les inconnus qui devaient être le père et la mère de Steve.

Ayant terminé avec la pionne, Billy se rendit directement au gymnase et plus particulièrement dans les vestiaires. L’adolescent retira son sac qu’il posa sur le banc puis il se débarrassa de sa veste qu’il accrocha. Alors qu’il allait s’asseoir gentiment en attendant les autres et le début du cours, un bruit assez fort capta son attention. Aussitôt, le garçon essaya de localiser la source de ces sons intrigants. « Il y a quelqu’un ? » Demanda-t-il assez fort, mais en restant prudent. Qui sait sur quoi ou qui il pourrait tomber ? L'adolescent tendit l’oreille et s’avança précautionneusement dans la direction qui lui semblait être la bonne. Les pas de William le conduisirent jusqu’aux douches dans lesquelles il fut surpris d’y découvrir l’ado qui était justement recherché par ses parents il y a quelques minutes. « Steve... » Murmura-t-il. En remarquant qu’il était nu comme un ver, le Californien gêné détourna le regard, mais le rejoignit afin de le libérer puisqu’il avait bien vu que le brun était ligoté. Certes, celui-ci n'avait pas été sympa avec le jeune Hargrove quelques jours auparavant, mais ce dernier ne pouvait pas rester les bras croisés et laisser Harrington en si mauvaise posture. « C’est Thomas et les autres qui t’ont fait ça ? » Chercha-t-il à savoir en arrivant à la hauteur de son camarade qui avait des hématomes sur le visage. Signe qu'il avait dû se faire battre par une ou plusieurs personnes. En attendant une réponse, l’élève originaire de cette ville s’attela à détacher le nouveau, mais ce n’était point simple tant les nœuds étaient serrés.

Depuis que Steve avait pris un malin plaisir à le toucher il y a quelques jours, Billy – bien qu’il refusera de le reconnaître – était perturbé. Tout simplement parce qu’il n’était pas habitué à ce que quelqu’un s’intéresse à lui de cette façon, alors oui, le fait que le brun lui ait porté un tel intérêt le chamboulait et le flattait. Cependant, il ne cautionnera jamais le fait que le nouveau ait osé poser ses mains sur lui sans demander la permission auparavant. Autant dire que le jeune Hargrove était paumé, d’un côté il détestait ce garçon pour ça, mais d’un autre, ça lui avait permis de réaliser qu’effectivement il ressentait de l’attirance pour la gent masculine, chose dont il n’était pas encore sûr avant l’arrivée de Harrington au lycée. OK, il avait trouvé des acteurs canons, mais cette fois il avait la confirmation d’avoir un penchant pour les mecs. Pour couronner le tout, il avait rêvé de son camarade de classe cette nuit. Oui, il l’avait hanté jusque dans son sommeil. Dans ce rêve, ils ne faisaient rien de transcendant, mais clairement ils sortaient ensemble, ça se voyait de part leur complicité. *Arrête de penser à lui, c’est pas un type bien ! Pas le genre avec lequel tu te verrais en couple.* Se dit-il mentalement, essayant de s’enlever le brun de la tête. Et pourtant, il s’était déjà surpris à s’imaginer en train de l’embrasser.

Il le savait, il ne devrait pas songer à de telles choses, pas alors qu’à ses yeux ce mec n’était qu’un idiot, un tombeur et Dieu sait quoi d’autre. Mais voilà, l’attention qu’il avait porté à son égard avait suffi à retourner le cerveau du petit intello qui se torturait en ne cessant de penser à lui. En plus, pas moyen de le chasser de son esprit alors que rien qu’en se pointant à la vie scolaire, il avait entendu parler de Steve. Ce ne fut guère mieux quelques minutes plus tard lorsqu’il le trouva dans les douches des vestiaires, attaché dans son plus simple appareil. Il n’en avait pas fallu plus pour que le timide devienne rouge comme une tomate bien mûre. Bien sûr, il avait évité soigneusement de le regarder plus bas que le nombril, mais c’était gênant quand même pour le Californien. Celui-ci supposa que ça devait être les petits caïds du bahut qui avaient dû s’en prendre à Harrington. Ce ne serait guère étonnant puisque celui-ci avait pris la défense de William l’autre jour. En entendant le son produit par la bouche du brun, le garçon originaire du coin bredouilla, en réalisant qu'il ne pouvait guère lui répondre. « Ah oui, désolé. » Il leva la main et attrapa entre ses doigts la large bande d’adhésif argenté qu’il s’apprêtait à arracher. « J’vais y aller d’un coup sec, paraît que ça fait moins mal. » Prévint-il pour éviter que son camarade de classe ne soit surpris. Il grimaça en tirant rapidement puis jeta par terre le scotch. « Tu disais quoi ? » Demanda-t-il avant de s’attaquer aux nœuds. Il soupira, car il avait du mal à les défaire. « Putaiiiin j’y arrive pas ! » Râla-t-il. Cependant, il n’allait pas abandonner Harrington, il s’acharna donc et après moult tentatives parvint à le libérer, mais ça n’avait pas été sans mal puisqu’il était rouge, encore plus que tout à l’heure et que la sueur dégoulinait sur son front, comme s’il avait couru un marathon. « Au fait, tes parents te cherchent. Je les ai entendus parler avec le CPE. » Révéla Billy en tenant l’autre garçon de peur qu’il ne tombe. Une fois sûr qu’il était en mesure de tenir debout, il retira ses mains de son torse et de son dos. « Viens. » Dit-il doucement. « J'sais pas si ça sera à ta taille, mais j’ai une tenue de rechange dans mon sac. » En effet, il en avait toujours une sur lui pour les jours où il y avait cours de sport.

Tranquillement, il retourna de l’autre côté des vestiaires et fouilla dans ses affaires. Il en sortit un jogging léger et propre ainsi qu’un t-shirt qu’il tendit à Steve. « Désolé, j’ai que ça… » Ce qui était déjà pas mal et permettait à Harrington de se changer avant que quelqu’un ne le voie. Quant à Billy, il avait déjà sur lui des fringues convenables pour l’E.P.S.. « Ils t’ont pas raté. » Fit-il remarquer en constatant les traces de coups au niveau du ventre de son interlocuteur. Il y a quelques minutes, il n’avait eu le temps de voir que celles sur sa bouille. Histoire de laisser son intimité au brun, le jeune Hargrove se tourna et chercha dans son sac à dos après un paquet de mouchoirs. Il le trouva rapidement, le prit et en sortit un pour s’essuyer le front.