Version n°2 :De Hawkins en Californie { Harringrove

Billy est un garçon de quinze ans qui est né et a toujours vécu à Los Angeles en compagnie de ses parents. Ces derniers sont encore ensemble, pourtant ce n’est guère facile puisque Neil en fait pas mal baver à sa femme à cause de sa jalousie maladive. C’est même déjà arrivé qu’il la gifle en plus de l’insulter de tous les noms. D’ailleurs une fois étant petit le blondinet avait pris la défense de sa maman, mais s’était fait pousser violemment par son paternel. Ce qui l’avait beaucoup choqué sur le coup. Depuis ce jour, le blond essaie toujours de se faire discret à la maison et de ne pas énerver son père. Ce qui n’est pas chose facile avec Monsieur Hargrove qui est quasiment tout le temps sur les nerfs. Pourtant son épouse et son fils ne sont pas difficiles à vivre et ne font pas de vague, mais il faut croire que c’est plus fort que lui. Vivian – la mère de William – aurait pu tout plaquer, mais allez savoir pourquoi malgré le fait que son homme soit dur et même violent – surtout quand il a trop bu – elle s’entête à rester avec lui. Qu’est-ce qui pouvait la retenir alors qu’elle pourrait partir en emmenant son enfant avec elle ?

Voilà dans quel climat familial l’ado vit depuis tout petit. Dire qu’étant plus jeune il aurait aimé avoir un frère ou une sœur avec qui jouer. Au fil du temps, il s’était fait la réflexion que c’était sans doute pas plus mal qu’il soit resté fils unique vu qu'il ne souhaitait à personne de vivre la même chose que lui puisque c’était dur de composer avec Neil. Sûrement pour ça que Billy est un gamin renfermé qui peine à s’ouvrir aux autres et qui donne le meilleur de lui-même en cours. D’une part, parce qu’il aime rendre sa mère fière lorsqu’elle voit son bulletin de notes et sa moyenne, mais aussi parce qu’il sait parfaitement que s’il se pointe avec une notation qui ne plait pas à son père il va se ramasser une gifle ou pire. Déjà que son paternel n’apprécie pas le fait qu’il ne fasse pas de sport bien viril et qu’il méprise son amour pour le surf, alors autant ne pas lui donner une raison supplémentaire de s’acharner sur lui. C'est assez dur et blessant de se faire dévaloriser constamment par son père. Parce que oui, quoi que fasse son fils, il ne trouve jamais que c’est bien et l’enfonce même. Heureusement qu’à côté de ça, Vivian n’en fait pas de même. Non, cette dernière veut juste que son enfant soit épanoui et fasse ce qu’il aime. Pour ça que quand elle le pouvait lorsqu’il était plus petit elle l’emmenait pratiquer le surf – en cachette de son mari qui désapprouvait – jusqu’au jour où Monsieur Hargrove avait découvert la supercherie et s’en était pris très méchamment à sa compagne. Suite à cela, le gamin n’avait plus voulu surfer puisqu’il ne tenait pas à ce que sa maman chérie souffre par sa faute. Bien qu’en réalité ce n’était pas lui le coupable, mais allez faire comprendre ça à un gosse. De ce fait, William s’était réfugié dans les livres et la musique pour s’évader, même si une fois de plus la lecture n’était pas une bonne passion pour son géniteur. Mais de toute façon, qu’est-ce qui pourrait bien le satisfaire ? Même si sa progéniture faisait tout ce qu’il voulait, c’était à peu près sûr que ça ne lui conviendrait pas encore… Par contre, chose que son paternel appréciait, c’était le fait qu’il fasse de la musculation et du VTT pour garder la ligne puisqu’étant plus jeune son fils était bouboule.

Comme toujours en bon garçon et élève exemplaire le lycéen était arrivé en avance puisqu’il n’aimait pas se pointer en retard. Comme il avait du temps devant lui, Hargrove s’occupa en faisant des révisions pour un contrôle qui aurait lieu plus tard dans la journée. Au bout d’un temps indéterminé, la sonnerie se fit entendre. Billy garda son livre sous le bras puis entra en classe avec les autres quand leur prof ouvrit la salle. Le blond s’installa à sa place habituelle dans l’allée centrale vers le milieu puis déballa les affaires dont il avait besoin pour ce cours de langue étrangère. Le blondinet écoutait attentivement et prenait des notes comme toujours lorsque le bruit de la porte capta son attention. Curieux de nature, il tourna la tête pour voir ce qui se passait. C’est là qu’il remarqua un élève qu’il ne connaissait pas. Intrigué, il continua à l'observer et apprit son nom au moment où le professeur le mentionna. Aussitôt, Hargrove pas bête comprit qu’il s’agissait d’un nouveau. De suite, il ne saurait dire s’il pouvait être quelqu’un de bien ou non, mais en tout cas il n’était pas désagréable à regarder. *Il doit beaucoup plaire aux filles.* Songea l’introverti. Lui n’est pas dégueulasse, mais elles ne s’intéressent pas à lui puisqu’il reste souvent seul à potasser ses cours ou à lire en plus d’être timide. Forcément, ce n’est pas ce qu’elles recherchent étant donné que la plupart veulent s’amuser.

Ne tenant pas à se faire surprendre en train de trop observer son nouveau camarade, William baissa les yeux vers sa copie et se mit à relire ce qu’il avait inscrit en dernier dessus. Quelques instants après, il capta bien que le brun venait de s’installer près de lui, ce qui le surprit un peu étant donné qu’il y avait encore au moins deux places supplémentaires libres dans la salle. Il pensait donc qu’il se serait mis plutôt à côté de quelqu’un d’autre. En sentant qu’on le touchait et en entendant qu’on s’adressait à lui, l’ado leva le nez de sa feuille et tourna le regard vers son voisin. « Euh. Si. » Bredouilla-t-il avant de jeter un œil dans sa trousse. Afin d’être sûr de ne jamais se retrouver à court, Hargrove avait toujours plusieurs stylos et crayons d’avance. Juste au cas où l’un d’eux ne fonctionnerait plus. Lui se servait en général du quatre couleurs. Comme le brun lui avait dit avoir oublié sa trousse, il sortit quatre stylos qu’il plaça entre eux. « Tiens. » Au moins, Harrington n’aurait pas à lui en réclamer d’autres pendant l’heure. Comme le prof venait de reprendre son cours, le blond s’empressa d’écouter pour ne rien rater puisqu’il est toujours studieux en classe.

Le jeune Hargrove trop le nez dans sa copie n’avait même pas prêté attention au fait que les filles étaient en pâmoison devant le nouveau. S’il les avait vues ou entendues réagir, ça ne l’aurait absolument pas étonné. D’une part car ses camarades masculins ou féminins ne pensaient qu’à la bagatelle et aussi parce que lui-même avait bien remarqué qu’Harrington était beau gosse. Billy n’est pas ce qu’on pourrait qualifier d’homo ou bisexuel. En vérité, il n’avait eu qu’une toute petite aventure avec une fille au collège, mais ça n’était pas allé bien loin à cause de l’âge qu’ils avaient au moment des faits. William n’était peut-être jamais sorti avec un garçon, pourtant il doutait de sa sexualité, sans être toutefois sûr de rien. En effet, il n’avait jamais eu de coup de cœur pour quelqu’un du même sexe que lui, donc ne saurait dire s’il est vraiment hétéro ou attiré par les deux genres. Mais ce qui lui plait en revanche, c’est de penser qu’il pourrait tomber amoureux d’une âme et non d’une enveloppe corporelle. Eh oui, ce garçon est un grand sensible avec l’esprit ouvert. Autant dire qu’il est loin de ressembler à son père sur ce point. Sans doute qu’il doit tenir ça de sa mère.

Lorsque le brun vint se mettre près de lui, ça étonna un peu le garçon sage qui n’imaginait pas une seule seconde qu’il se serait installé à ses côtés. Puis quand le nouveau lui demanda un stylo, il accepta de lui rendre service et lui en passa quatre vu qu'il aurait besoin de plusieurs couleurs pour bien prendre les notes du cours. Pour toute réponse au merci de son voisin, William lui fit un petit sourire. Juste après le jeune Hargrove écouta comme d’habitude avec attention la leçon, même s’il était quelque peu agacé d’entendre Harrington mâcher son chewing-gum bruyamment. Eh oui, d’habitude il n’avait pas de souci de ce genre puisque généralement personne ne venait s’asseoir à côté de lui.

En voyant le professeur se rapprocher de leur table, le jeune Hargrove suivit son regard et fit une drôle de tête quand il remarqua les dessins que s’amusait à faire Harrington. Il commençait bien à peine arrivé celui-là ! Puis il se retint de soupirer de soulagement lorsque le prof demanda à son nouvel élève d’aller jeter à la poubelle ce qu’il avait dans la bouche. Au moins grâce à lui Billy n’aurait plus ce bruit casse-bonbons dans les oreilles qui l’empêchait de suivre correctement le cours. Au moment où le brun revint à sa place et qu’il prit la parole, le timide leva les yeux au ciel en se disant que ce garçon n’était probablement encore qu’un séducteur bête comme ses pieds. Aux rires qui résonnaient dans la salle et en remarquant le comportement des filles, William fit rouler ses yeux. Bon sang ce qu’elles pouvaient être idiotes quand elles s’y mettaient ! En revanche, le lycéen ne s’attendait pas vraiment à ce que Monsieur Strand convoque carrément à la fin de l’heure le nouveau. Il eut un air surpris quand il entendit l’homme rajouter qu’il désirerait s'entretenir avec lui aussi. Trop poli et n’aimant pas se faire remarquer, l’ado ne rétorqua pas même s’il ne voyait pas du tout ce qu’il avait pu faire de mal. Lorsque le quinquagénaire fut de retour derrière son pupitre il soupira mécontent. « Génial. » Grommela-t-il plus pour lui-même qu’autre chose. *Mais pourquoi ?* Pensa-t-il sans le dire à voix haute. Pas content du tout, il regarda de travers son voisin songeant que c’était probablement de sa faute s’il se retrouvait à avoir des problèmes.

À la fin du cours de langue, le studieux remballa ses affaires et récupéra même les stylos qu’il avait prêtés. Il rangea tout dans son sac qu’il referma avant de prendre sa veste qu’il enfila. Tout penaud, le garçon se dirigea tranquillement jusqu’au bureau du prof. Celui-ci semblait avoir à l’œil l’autre lycéen. « Monsieur Harrington, je vous attends ! » Dit-il comme pour lui rappeler qu’il devait se présenter à lui. Lorsque tous les élèves furent partis et le brun devant lui, le professeur observa les deux ados. « William, je compte sur vous pour aider Steve à rattraper son retard et combler ses lacunes. » « Mais pourquoi ? Je dois déjà étudier de mon côté. » « Parce que je ne me fais pas de souci pour vous William, vous êtes l’un des meilleurs éléments de la classe. Ensuite, je pense que ça pourrait être bien pour vous d’échanger avec Monsieur Harrington, de sociabiliser un peu. » Billy n’était pas très emballé par ça, mais ne broncha pas. « Quant à vous. » Fit Mister Stand en regardant sérieusement son nouvel élève. « Ça ne vous fera pas de mal de travailler en compagnie de Monsieur Hargrove. Il est très bon dans l’ensemble des matières et j'espère qu'il parviendra à vous tirer vers le haut. Surtout que c’est votre dernière chance Steve ! Je sais pourquoi vous êtes arrivé ici, vous avez plutôt intérêt à faire profil bas et à saisir la balle au bond. Vous êtes entre de bonnes mains avec William, alors ne gâchez pas tout ! » L’adolescent se demandait à quoi pouvait faire allusion le quinqua concernant le dénommé Steve. En tout cas, ça devait être sérieux vu la mise en garde qu’il venait de recevoir.

Contrairement à d’habitude l’adolescent n’avait pas pu suivre facilement le cours. Tout simplement parce qu’un nouveau s’était mis près de lui et se faisait déjà remarquer. Néanmoins, le jeune Hargrove avait fait de son mieux pour prendre ses notes puisqu’il ne voulait pas devenir un cancre. C’était hors de question que sa moyenne baisse. Premièrement il tenait à garder son niveau et secondement si jamais son géniteur n’était pas content de lui, il allait passer un sale quart d’heure, chose que Billy préférait éviter au maximum.

Le pauvre William n’arrivait pas à comprendre pourquoi le professeur souhaitait lui coller Steve dans les pattes. Il n’avait pas envie de faire sa connaissance, surtout que le peu qu’il avait vu de lui – ses dessins grotesques et son attitude – ne lui plaisait pas. Il allait cependant devoir composer avec. Le blond fixa l’autre garçon lorsque celui-ci se mit à rire aux propos de Monsieur Strand. Ce ne fut pas mieux quand il le vit lever les yeux au ciel. Non, vraiment, le lycéen studieux n’appréciait pas ce comportement. En écoutant ce que dernier dit à leur interlocuteur, il apprit donc à quel endroit vivait le brun auparavant. Il avait beau se débrouiller pas trop mal en géographie, il ne voyait pas du tout où pouvait se trouver Hawkins. Sans doute que ça ne devait pas être une ville très connue.

Apparemment si Harrington se retrouvait scolarisé ici, ce n’était pas pour rien. Vu les dires du professeur, il avait dû faire quelque chose de très mauvais même si le blondinet n’avait pas la moindre idée de quoi il pouvait s’agir. Devrait-il se méfier de son camarade ? Il ne le savait pas, mais allait tout de même tâcher de rester sur ses gardes juste au cas où.

Voyant que le prof ne disait plus rien et remballait ses affaires, le jeune Hargrove se dirigea vers la sortie. L’heure de la pause-déjeuner était arrivée. Sans se retourner ou inviter le nouveau à le suivre, le garçon sage se rendit directement à la cantine. Il n’avait malheureusement pas beaucoup d’amis, de plus le seul qu’il comptait vraiment en tant qu'ami n’était pas dans son groupe et donc avait encore cours lui à cette heure-ci. De ce fait, William allait se retrouver en solo comme la majeure partie du temps. S’il s’écoutait, il ne prendrait absolument pas le temps de manger, mais il n’était pas certain de tenir jusqu’au soir donc il allait se forcer. Il était à peine arrivé dans la file d’attente du self qu’un type plus âgé que lui commença à se moquer de lui ce qui était souvent le cas. Billy ne savait même pas pourquoi ce gars le malmenait alors qu’il ne faisait pas de vague. Enfin si, par le passé, le blond comprenait puisqu’apparemment son surpoids de l’époque faisait marrer ce garçon. « Tiens v’là bouboule ! » Lâcha-t-il en regardant le plus jeune et en imitant des joues de hamster. Il serait temps qu’il change de vanne étant donné que le blondinet avait bien fondu ces dernières années. « Toujours aussi seul au monde à ce que je vois ! » Dit-il en se marrant avec ses potes. Ça ne faisait pas du tout rire le garçon studieux qui le fixait d’un sale œil, mais gardait le silence puisqu’il n’avait pas envie de rentrer dans son jeu et de s’énerver. « Je serais toi le cas social je resterais enfermé chez moi ou j’irai me pendre ! Tu serais mieux six pieds sous terre plutôt qu’ici vu que tu sers à rien ! » Le féru de lecture ne desserrait pas la mâchoire et attendait simplement que cet abruti ferme son clapet. Il avait beau avoir l’habitude d’entendre ces saloperies, ça le blessait toujours, même s’il ne montrait rien ne voulant pas craquer devant ce mec qui se ficherait encore plus de lui et jubilerait. « Et en plus de ça, c’est à se demander si tu sais parler ! » Oui, il y avait de quoi se poser la question en effet vu que l’intello restait à chaque fois muet face à ce genre de personne qui se croyait mieux que les autres. Pourquoi la queue mettait tant de temps à avancer ? L’ado aimerait que ça aille plus vite afin de se débarrasser de cet idiot et de ses acolytes pour pouvoir aller s'asseoir dans un coin tranquille et grignoter au moins un peu même si son appétit n’était pas au rendez-vous à cause de la façon dont on le traitait depuis tout à l’heure. « Pauvre tâche ! » Claqua le brun plus grand que lui qui le provoqua et le poussa assez fortement, le déstabilisant, le faisant reculer et rentrer dans d'autres élèves derrière lui. Gêné, le lycéen intelligent n'osa pas affronter le regard de ces derniers et bredouilla un petit « Désolé. » alors qu'il entendait Thomas et sa bande s'esclaffer. « Oh mais putain il parle ce con ! Il a une langue ! » Réagit l'un des copains de Tom.

Billy n’avait pas envie de se préoccuper du nouveau. Il n’avait rien contre lui, c’était juste que du peu qu’il avait vu, il se disait qu’il ne devait pas être quelqu’un de très fréquentable. Il ne voulait donc pas se lier avec Steve car il avait déjà assez de problèmes comme ça à gérer que ce soit à la maison ou encore ici au lycée. En effet, le pauvre garçon était le souffre-douleur d’une bande de mecs un peu plus âgés que lui. Et chez lui, ce n’était guère mieux à cause de son paternel qui était un vrai tyran. De ce fait, William ne se sentait à l’aise nulle part puisqu’il n’avait jamais l’esprit tranquille. Il faudrait qu’il se trouve un endroit sûr rien qu’à lui, mais pour le moment il n'en avait pas encore, même si des fois aller se balader ou se poser au bord de l’eau lui faisait du bien. Sauf que de suite, ça n’allait pas pouvoir se faire.

Encore moins alors que là des crétins s’en prenaient au jeune Hargrove. Celui-ci comme toujours essayait de rester le plus impassible que possible, même si c’était dur de supporter leurs railleries. Le blond étant quelqu’un d’assez sensible, c’était d'autant plus compliqué, mais il gardait tout pour lui, ne voulant pas montrer que ces attaques le touchaient. Sa mère lui avait toujours dit qu’on répondait aux cons par le silence, donc c’était ce qu’il s’évertuait à faire. En revanche, lorsqu’on le poussa et qu’il bouscula d’autres lycéens derrière lui, il s’excusa, bien que ce n’était en rien sa faute. Le fait qu’il ait enfin prononcé un mot parut surprendre les racailles du bahut. Par contre, ce qui étonna grandement l'intello, c’était que cette fois quelqu’un prenait sa défense et remettait en place les petites frappes. Ce qui ne leur plaisait pas évidemment puisque d’habitude personne n’allait contre eux. Billy observait la scène avec des yeux ronds, n’en revenant vraiment pas de ce qui était en train de se passer devant lui. Surtout lorsqu’il remarqua que c’était le nouveau qui volait à son secours. Ce qui le toucha étant donné qu’il ne s’attendait pas du tout à ça. Malgré tout, il ne se sentait pas très bien et tremblait de nerfs. Tout ça parce que le fait que Tom l’ait bousculé fortement lui rappelait ce qu’il subissait assez souvent à la maison. Puis un surveillant débarqua et commença à s’emporter après Steve. Le blondinet ne savait pas quoi faire vu qu'il avait peur des représailles, surtout que la bande le fixait d’un sale œil. Il réfléchit donc quelques instants. « Il dit vrai, Thomas m’a poussé. » Finit-il par dire ne pouvant laisser Harrington se faire accuser injustement. « T’es qu’une putain de balance Hargrove ! Ça va être ta fête ! » Lança l’un des potes de Tom. « Oh ! Les excités là ! Vous allez vous calmer de suite et me suivre chez le proviseur ! » Gueula le pion en relâchant le nouveau. « Quant à toi, ça passe pour cette fois, mais ne t’avise pas de recommencer ! » Prévint le surveillant en s’adressant au brun.

Étant au plus mal, Billy sortit donc de la cantine en pressant le pas. Il avait besoin d’être seul et de prendre l’air. Tout en se retenant de craquer alors qu’il sentait les tremblements l’envahir de plus en plus, il fila au fond de la cour et s’installa sur un banc à l’ombre d’un arbre. Il enleva son sac de son dos et le posa par terre près de lui, tout en se tournant sur le côté ne voulant plus voir personne. Il essayait de calmer sa respiration et ses fichus mouvements incontrôlés. Pour le moment, ce n’était pas un franc succès. Devant évacuer, le jeune Hargrove attrapa son portable dans la poche de son blouson et tapa un message dans lequel il racontait à son meilleur ami ce qui s'était passé il y a quelques instants. Bien sûr, son pote ne répondrait probablement pas de suite puisqu’il était en cours, mais au moins il avait lâché ce qu’il avait sur le cœur. Il était tellement le nez dans son téléphone qu’il n’avait pas remarqué que quelqu’un était en train de venir vers lui.

Pourquoi est-ce qu’on ne lui fichait pas la paix ? Le pauvre Hargrove en avait marre d’être le souffre-douleur de Thomas et de sa bande. Il ne faisait pourtant pas de vague, alors il ne comprenait pas cet acharnement injustifié. Si encore il s’amusait à leur répondre et à rentrer dans leur jeu, il capterait qu’ils s’en prennent à lui, mais ce n’était pas le cas. Comme le diraient bon nombre de personnes, il est un bon garçon. Malgré le fait que le nouveau soit venu l’aider et que le surveillant ait débarqué en voulant calmer le jeu, il s'était reçu une menace de la part d’un des potes de Tom. Il faisait au mieux pour ne rien montrer, mais ça l’affectait énormément. En effet, il avait peur que ces sales petits cons ne le chopent quelque part et le passent à tabac. Il priait pour que ce ne soit que des paroles en l’air lancées par une grande gueule et rien d’autre. Billy essayait de garder bonne figure, pourtant il n’avait qu’une envie, partir loin d’ici ! Il fut cependant étonné qu’Harrington tienne tête à cette bande d’idiots. « T’inquiètes pas ! Toi aussi on t’a dans le viseur à compter d'aujourd'hui ! » Rétorqua le leader à la place de son ami tout en montrant d’un geste de la main à Steve qu’il l’avait bien à l’œil. « Bon, ça suffit maintenant ! » Gueula un grand coup le pion qui essayait de faire entendre son autorité. Toutefois, celui-ci ne releva pas quand le brun lui répondit avec ironie. À la place, il se hâta de pousser les autres garçons pour qu'ils sortent de la file d’attente et les emmener chez le proviseur.

Ayant besoin de se retrouver loin des regards des lycéens, William s’empressa d’aller dehors dans la cour prendre l’air. Il s’isola sur un banc tout en essayant de calmer ses tremblements qui ne le lâchaient pas depuis quelques minutes. Il profita aussi de son moment de solitude pour envoyer un SMS à son meilleur ami, bien qu'il savait qu’il n’aurait pas de réponse dans l’immédiat. Puis tout en soufflant un bon coup et en regardant les réseaux sociaux sur son téléphone, le jeune garçon eut les larmes aux yeux à cause de la tension qu’il ressentait depuis quelques minutes. S’il s’écoutait, il partirait pour rentrer chez lui, mais en même temps ça l’embêterait de manquer les cours même s’il pourrait toujours les rattraper. De plus, si son père apprenait qu’il avait séché, il serait très en colère alors l’ado préférait éviter ça. Déjà que depuis tout à l’heure il ne se sentait vraiment pas bien parce que ces abrutis lui avaient fait repenser aux mauvais moments qu’il passait par la faute de son paternel.

Le jeune garçon sursauta lorsqu’il remarqua tardivement la présence de Steve près de lui. Aussitôt, il tourna la tête de l’autre côté pour chasser les quelques larmes qui perlaient aux coins de ses yeux. Puis il rangea son portable dans la poche intérieure de sa veste et osa enfin se retourner vers le nouveau sans toutefois l’observer véritablement. Il regarda ce qu’il lui avait apporté, quand même touché qu’Harrington lui ait ramené de quoi boire et manger. « Merci, c’est gentil, mais je n’ai pas faim. » En effet, dès lors qu’il était contrarié soit il se vengeait sur la nourriture soit il avait l’estomac noué. Le premier cas se faisait de plus en plus rare puisque c’était la seconde option qui primait désormais, comme actuellement. Afin d’éviter au maximum que le brun remarque ses tremblements – sauf si c’était déjà fait – le blond rangea ses mains dans les poches de son blouson. « Je n’en suis pas si sûr, ils me pourrissent la vie depuis des années… » Lâcha Hargrove en soupirant. « Au fait, merci. » Fit-il assez timidement. « Je crois que tu te retrouves déjà avec des ennemis pour ton premier jour ici. » Et pas n’importe lesquels en plus de ça. « T’es pas obligé de t’afficher avec moi. Je comprendrais même que tu m’évites. Je suis pas du tout populaire. » Au moins, maintenant le petit nouveau était au courant, il ne pourrait pas dire qu’il n’était pas prévenu et faire le surpris par la suite. Le pauvre William se sentait tellement mal qu’un nerf au niveau de son cou sautillait tout seul. Quant à ses mains cachées, elles n’étaient guère mieux.

La bande de caïds du lycée se mit à se bidonner suite à ce que venait de leur dire Steve. « Parce que tu crois que tu nous fous les jetons, le nouveau ? » Rétorqua Thomas en ricanant encore plus avant de partir en compagnie de ses sbires alors qu’ils étaient escortés par le surveillant. De son côté, William était au moins quelque peu soulagé de les voir s’éloigner de lui, il aurait ainsi un peu la paix, même s’il sentait que ce serait de courte durée, mais c’était toujours bon à prendre. N’aimant pas avoir l’impression d’être une bête de foire aux yeux des autres, le jeune Hargrove s’isola dans un coin de la cour sur un banc. Il avait besoin d’être seul pour retrouver ses esprits et ne pas laisser une crise d’angoisse monter à cause de ces idiots qui lui pourrissaient la vie. Comme s’il n’en avait pas déjà assez avec son paternel à la maison… D’ailleurs si celui-ci était au courant de ce que subissait Billy ici, il l’engueulerait, l’insulterait et le rabaisserait comme d’habitude tout ça parce qu’il jugerait qu’il n’était pas foutu de se défendre et de dissuader quiconque de l’embêter. En somme, le jeune Hargrove ne parvenait pas ou que très peu à avoir des moments de tranquillité.

Tandis qu’il essayait de s'apaiser seul, le blond ne le resta pas bien longtemps puisque Harrington venait de débarquer. Ce dernier avait apparemment pensé à lui ramener de quoi déjeuner, ce qui étonnait quelque peu l’intello, mais lui faisait plaisir en même temps. Cependant, actuellement l’adolescent serait incapable d’avaler quoi que ce soit. « Plus tard, j’ai l’estomac en vrac. J’ai juste besoin de calme… » L’idéal aurait été que Steve ne vienne pas le voir, mais il n’allait pas l’envoyer promener tel un malpropre alors qu’il lui était tout de même venu en aide tout à l’heure. Nerveusement, Billy lâcha un petit rire à cause du discours que tenait son camarade de classe. Juste après il secoua la tête tout en gardant bien ses mains enfoncées dans ses poches. « Non, je suis pas comme ça ! Je déteste la violence ! » Pas étonnant avec ce que son père lui fait subir à la maison. D’ailleurs, il pensait à lui étant donné qu'il avait cette impression que les paroles du brun pourraient facilement sortir de la bouche de son géniteur, ce qui ne lui plaisait pas du tout vu qu'il ne souhaitait pas fréquenter quelqu’un du même style que son cher papa.

Quelques instants après, le lycéen remercia son interlocuteur, qui lui confia qu’il avait l’habitude qu’on ne l’apprécie pas. « Et pourquoi on te déteste ? Enfin si tu veux bien en parler… » Le blondinet fut surpris ensuite que le nouveau ait eu envie de le défendre parce qu’il n’avait rien fait. « C’est gentil, surtout que t’étais pas obligé. » Sans compter que c’était bien la première fois qu’on s’interposait ainsi pour lui venir en aide. Puis, Billy fut encore plus saisi qu’Harrington se fiche du fait qu’il ne soit pas populaire et songe même à le protéger de Tom et sa bande, si bien qu’un fin sourire étira ses lèvres, content que quelqu’un se préoccupe de son sort. Bien sûr, son meilleur ami s’en faisait pour lui, mais jamais il n’irait se frotter à Thomas et ses copains. Personne n’osait faire ça tellement ils étaient redoutés au bahut. « Merci, mais tu ne vas pas t’attirer des problèmes pour moi… » D’autant plus qu’il avait deviné tout à l’heure grâce à leur professeur qu’il devait déjà en avoir pas mal à son compteur. « Ah ! De rien, c’est normal. » Il n’aurait guère pu continuer à se regarder dans une glace s’il avait laissé le nouveau se faire punir injustement. « T’as pas à te soucier de moi… Tu devrais t’occuper plutôt de toi et de tes cours. » Sur le coup, il avait l’impression de parler dans le vide. Ce qui était on ne peut plus normal vu que le brun semblait plus préoccupé par les jolies filles qu’autre chose. En remarquant cela, Hargrove lâcha un petit soupir et fit rouler ses yeux. Comme quoi il ne s’était pas trompé en cours en pensant que son voisin de table était un don Juan. La preuve encore maintenant alors qu’il constatait que pas mal de lycéennes mataient le garçon originaire d'Hawkins. Ne sachant plus quoi dire, le Californien reprit son téléphone afin de regarder s’il avait un nouveau message ou d’autres notifications intéressantes.

Les bad boys n’apprécièrent pas du tout la répartie du jeune Harrington. « Toi vas te faire enculer si t’aimes ça ! C’est pas notre cas ! » Rétorqua le chef de la bande. « ÇA SUFFIT MAINTENANT ! SINON JE VOUS COLLE TOUS AUTANT QUE VOUS ÊTES !!! » Hurla un grand coup le pion qui commençait à en avoir sérieusement ras le bol. Billy espérait qu’il n’était pas inclus dans le "tous" car il trouverait ça carrément injuste étant donné qu’il n’avait rien fait de mal. Ça lui paraîtrait dégueulasse également que le nouveau se ramasse des heures de retenue alors qu’il lui était simplement venu en aide. Mais peut-être que le surveillant avait juste dit ceci pour faire taire les garçons qui se retrouvèrent chez le proviseur.

Un peu de paix n’aurait vraiment pas été du luxe pour Hargrove, mais il allait devoir composer avec la présence de celui à qui le prof voulait qu’il donne des sortes de cours de rattrapage. Au moins, il avait l’air d’être assez sympa puisqu’il venait de lui rapporter de quoi se nourrir. Le blondinet hocha doucement la tête pour indiquer qu’en effet il mangerait plus tard. Nerveusement l’élève modèle se mit à rire avant de dire qu’il n’aime pas la violence. Un nouveau rire – amusé cette fois – franchit ses lèvres lorsque son interlocuteur pensa qu’il devait être un hippie. « Non ! Juste je suis quelqu’un de civilisé et qui ne demande qu’à ce qu’on le laisse tranquille… » C’est vrai ça pourquoi est-ce qu’on venait lui chercher des noises alors qu’il faisait sa vie sans chercher les ennuis ? Le garçon intelligent regardait le brun qui mangeait. En entendant son soupir, William songea qu’il venait peut-être d’être indiscret sauf que sa curiosité était piquée à vif. « Quel genre d’histoire ? » Chercha-t-il à savoir. De toute façon, Steve était en droit de ne pas répondre s’il n’en avait pas envie. « J’suis désolé qu’on s’en soit pris à ta famille… » Fit le Californien en grimaçant avant de repenser à quelque chose. « Au fait, c’est où Hawkins ? » Tout à l’heure en classe, il s’était déjà interrogé à ce sujet. Puis, il fut encore plus intrigué d’apprendre que le nouveau risquait carrément la pension. C’est là qu’il se dit qu’il avait dû vraiment abuser pour en arriver à cette extrémité. A moins que ses parents ne soient trop sévères. Ce qui pourrait être le cas s’ils étaient comme son père.

Après cela, le blond fut touché par les paroles de l’autre élève. Si bien qu’il se mit à sourire. Tout du moins jusqu’à ce que son camarade parle de binôme. C’est là que le fan de surf songea que s’il était intervenu c’était possiblement par intérêt parce qu’il allait avoir besoin de lui. Ceci le fit redescendre du petit nuage sur lequel il avait été l’espace de quelques secondes. « Je vois… » Sortit-il dégoûté, même s’il espérait que ça ne se remarque pas sur sa bouille, car des fois il arrivait à garder un visage fermé, mais à d’autres moments c’était tout l’inverse. « Ils aboient, mais ne mordent pas. » Traduction, ils le malmenaient en le bousculant, mais jamais ils ne l’avaient frappé. Sans doute parce que ça ne serait pas marrant étant donné que Billy prenait bien soin de les ignorer et de jouer l’indifférence comme sa mère le lui avait enseigné. « Et puis, tu t’en sortirais sans moi. Beaucoup mieux même. » Du moins, pour ce qui ne concernait pas les cours en tout cas. William avait bien compris depuis tout à l’heure que son interlocuteur semblait avoir des problèmes, même s’il n’avait pas la moindre idée de ce dont il pouvait s’agir. Hormis ce que Steve lui avait confié tout à l’heure. Alors quand ce dernier indiqua qu’il n’était plus à un près, le fana de musique arqua un sourcil interrogateur. « C’est pas une raison pour t’en rajouter un nouveau si t’en as déjà assez sur ton dos. » C’était ainsi qu’il voyait les choses, et il savait de quoi il parlait puisque ses propres épaules portaient chaque jour un sacré poids à cause de son géniteur qui lui faisait vivre un véritable enfer. Pourtant, personne en dehors de sa mère n’était au courant de ce qu’il subissait. Même son meilleur ami n’avait pas la moindre idée de ce qui se tramait dans la demeure Hargrove. D’autant plus qu’il n’y avait jamais mis les pieds lorsque le chef de famille était chez lui.

Remarquant que l’attention du nouveau était portée sur les jolies filles agaça son interlocuteur qui se renfrogna. Il n’appréciait pas du tout cette sensation de ne pas être totalement écouté. Si bien qu’à ce que lui sortit le brun, il répondit de manière assez sèche. « Ouais j’ai bien vu ! Si tu n’essayais pas de te rendre intéressant en faisant le joli cœur ou en jouant au kéké des plages, tu pourrais être plus attentif en cours ! Et remonter ta moyenne par la même occase ! » Pourquoi se cassait-il la tête à répondre à ce garçon qui visiblement n’en avait rien à faire et préférait draguer les minettes. En ayant assez de ce cirque, Billy reprit son téléphone et soupira en remarquant que son ami ne lui avait pas encore répondu. Ce qui était assez logique puisqu’il avait cours à cette heure-ci contrairement à lui. Tiens, apparemment Harrington semblait se rappeler de son existence tout à coup. William ne releva même pas la tête et ne répondit pas, le laissant parler tout seul. Par contre, ne s’attendant pas du tout à ce qu’il lui sorte des choses pareilles, l’intello lâcha son téléphone. Heureusement celui-ci tomba dans l’herbe. Il se pencha pour le ramasser et tout timide d’un seul coup se mit à rougir. « Pardon ? » Bredouilla-t-il quelque peu mal à l’aise. « Non merci. Je… je ne suis pas intéressé. » Bien sûr, il faisait référence au marché que venait de lui proposer Harrington qu’il trouvait grotesque. « J’ai besoin de personne ! » En clair, il ne voulait pas que l’autre adolescent joue les entremetteurs. Déjà parce qu’ils n’étaient plus à l’école primaire et qu’il ne tenait pas à passer pour un bébé. De plus, il n’avait pas spécialement envie de se lancer dans une relation, même si parfois il enviait les couples quand il en croisait. Mais de toute façon, il trouvait obscène la façon dont Steve parlait des filles, comme si elles étaient de simples morceaux de viande qu’il pouvait troquer contre autre chose. Alors non, il ne souhaitait pas s’abaisser à ce niveau et préférait encore rester seul, malgré le fait que parfois la solitude le pèse. « J’te les laisse et j’te laisse aussi avec ta sale vision sur la gent féminine. » Dit-il en rangeant son portable dans sa poche puis en attrapant son sac. « Et tu peux garder ça aussi ! » Rajouta-t-il en désignant du regard le sandwich et la bouteille d’eau qu’il n’avait pas touchés. Avec ses conneries, Steve avait réussi à braquer le Californien qui était en train de se refermer telle une huître. Celui-ci voulait juste s’éloigner le plus possible de son camarade de classe, ne partageant pas du tout ses idées. Voilà pourquoi il venait de se lever du banc, prêt à partir.

Le jeune Hargrove haussa des épaules à ce que lui dit son nouveau camarade de classe. Il pouvait bien penser ce qu’il voulait, mais ce n’était pas du tout le genre de Billy de faire preuve de violence qu’elle soit physique ou verbale. Pour lui, c’était bien mieux qu’il fasse profil bas et se taise. Sans doute qu’il reproduisait le même schéma qu’à la maison puisqu’il prenait soin de ne pas foutre les nerfs à son père qui était déjà tout le temps de mauvaise humeur. Alors, autant éviter de jeter de l’huile sur le feu comme le dirait si bien sa mère. « Crois c’que tu veux ! T’auras l’occasion de voir par toi-même que j’suis pas comme ça ! » N’importe qui pourrait en témoigner, aussi bien ceux qui s’en prennent à lui que son meilleur ami ou encore d’autres lycéens qui assistaient au quotidien de William ici.

Le petit intello arqua un sourcil lorsque son interlocuteur lui indiqua que des gens s’étaient retournés contre lui à cause d’un malentendu avec une fille. Il se demandait à quoi il faisait allusion exactement, mais jugea que c’était probablement trop personnel alors il n’osa pas le questionner davantage bien qu’il aimerait en savoir plus. En tout cas, le garçon timide était navré que des personnes aient importuné la famille du brun. « C’est pas forcément mieux dans les grandes villes. » En effet, en général, celles-ci pouvaient être mal fréquentées. En revanche, il est vrai qu’hormis quelques exceptions, on n’allait pas déranger les autres chez eux. Apparemment, la question du jeune Hargrove parut interloquer Steve, car il pense que Billy est le premier de la classe. « Qu’est-ce qui te fait croire ça ? » Demanda William. Certes, il fait partie des meilleurs élèves, mais n’est pas le numéro un dans toutes les matières, surtout pas en sport. « Je connais les capitales, les grosses villes, mais pas les petites bourgades. » Rajouta le blondinet comme pour se défendre. « C’est bien alors si c’est joli. » Répondit-il en souriant avant de réagir au reste. « Ah bon ? Vous n’aviez pas encore de centre commercial ? » Était-ce si étonnant que ça alors que d’après le nouveau Hawkins n’est pas bien grande.

Oups, visiblement le garçon sensible n’avait pas dû être assez discret, car son interlocuteur chercha à savoir ce qu’il y avait. « Rien. » Répondit-il en lâchant en même temps un soupir. Le sujet de conversation suivant ne fut pas meilleur. Le fana de lecture bougea légèrement une épaule à ce que lui indiqua son binôme. « Pourquoi ? Qu’est-ce que ça peut bien te faire ? On ne se connait même pas ? » C’était lui qui disait ça alors qu’il serait bien capable de son côté de s’inquiéter du sort d’inconnus en mauvaise posture. Puis, dans un sens, il restait touché par le fait que le brun s’en fasse pour lui ainsi que par l’acte de bravoure dont il avait fait preuve. « Encore merci. T’es bien le premier à intervenir pour moi… » Quelques instants après, il regretta presque de lui avoir dit ceci. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il n’aimait pas le comportement de Steve. En effet, pour lui c’était désagréable de ne pas se sentir écouté correctement et d’avoir l’impression d’ennuyer le monde. Un nouveau soupir franchit ses lèvres quand il vit l’autre garçon rire. Il se payait sa tête en plein nez ? Vraiment ? « De chez moi, je sais pas. La mienne, oui ! » La suite ne fut guère mieux et n’aida pas le blondinet à garder son calme. « Si tu t’en fous des cours, alors qu’est-ce que tu fiches ici ? Surtout si tu vas avoir une place en or dans la société de ton père. » Après un discours pareil, Billy avait encore moins l’envie de lui filer un coup de main à augmenter sa moyenne. Puisqu’il ne semblait avoir aucune volonté, qu’il persiste sur cette voie.

Ce qui se passa juste après mit mal à l’aise William au plus haut point qui ne souhaitait pas continuer à discuter avec son sauveur. Ce qu’il voulait lui c’était le fuir. Déjà à cause de son côté timide, mais aussi, car cet élève est tout son opposé. Il ne se sentait pas d’échanger avec quelqu’un tel que lui. « Non ! Stop ! Tu vas rien m’arranger du tout ! » Répondit-il affreusement gêné par cette conversation, mais également par le clin d’œil que le nouveau venait de lui adresser. Puis bon sang ce qu’il pouvait l’énerver à se marrer telle une baleine ! À cause de son empressement à vouloir partir – et peut-être par maladresse – le blond faillit tomber, mais fut retenu par Steve qui le rattrapa avant que la catastrophe ne se produise. Sauf qu’étrangement Billy aurait encore préféré se casser la figure, n’aimant pas avoir l'impression d'être prisonnier comme c’était le cas actuellement. « Lâche-moi ! J’ai plus rien à te dire ! » Cracha-t-il en le fixant d’un air mauvais. Bien qu’il ait envie de s’en aller, se sentant mal dans sa peau, en même temps il était perturbé par cette proximité entre eux et le regard que le jeune Harrington posait sur lui. Mais il fallait qu'il se ressaisisse malgré cette sensation plus qu'étrange qui l'envahissait et qu'il ne reconnaissait pas, ne s'étant jamais retrouvé dans ce genre situation avec un autre garçon – dans les bras de l'un d'eux – auparavant. Celui qui avait l'habitude de pratiquer la musculation mit ses deux mains sur le torse du brun et le poussa assez fort dans l'espoir de lui faire lâcher prise. Il ne souhaitait pas lui faire mal, mais il ne pouvait pas rester ici.

Très franchement, Billy ne voyait pas du tout pourquoi son interlocuteur rigolait. Il n’y avait rien de drôle pourtant dans ce que venait de dire le blond. Ce dernier fit rouler ses yeux au commentaire du nouveau. Il n’en avait que faire de passer pour une lopette comme son paternel l’avait déjà appelé à plusieurs reprises pour le blesser. Tout ça parce qu’aux yeux de monsieur Hargrove William n’était pas assez hargneux, pas un mâle alpha. Ce qui était complètement stupide pour le jeune garçon qui ne pensait pas du tout de la même manière que Neil. En quoi le fait de ne pas particulièrement aimer le sport ni la baston ne faisait pas du lycéen un mec à part entière ? Enfin bref, de toute façon jamais il ne parviendra à changer la vision de son cher père à ce sujet.

Est-ce que la vie en ville est meilleure que dans des petites bourgades ou vice-versa ? C’est une excellente question. Tout dépend certainement de la population qui y réside. À ce que dit Steve, l’élève studieux haussa légèrement une épaule. « J’ai l’habitude avec eux… » Ce n’était pas vraiment quelque chose qu’il appréciait ni même qu’il cautionnait, mais il y s’y était fait à la longue et faisait ce que sa mère lui avait enseigné : ignorer ses bourreaux. Ils ne méritaient que d’avoir son mépris, rien d’autre. Comme le Californien venait d’interroger son interlocuteur sur ce qui lui faisait croire qu’il était le premier, Billy écouta le raisonnement du brun et rigola. « Erreur ! J’suis pas en haut du podium. Monsieur Strand a juste dit que je fais partie des meilleurs éléments. En plus, ça dépend de quelle(s) matière(s) on parle. » Par contre, William est un sacré bosseur, ça, c’est véridique. Par la suite, le blondinet fut quelque peu choqué par les paroles de son camarade de classe. Tellement qu’il fit des yeux ronds, n’en revenant pas de ce qu’il venait d’entendre. Pas à propos de la petite ville où avait vécu Harrington, mais au sujet de la gent féminine de là-bas qu’il n’estimait pas beaucoup apparemment. « Pourtant ça doit être tranquille… » Répondit-il d’abord en premier avant d’enchaîner sur le reste. « Sympa pour ces filles ! » Ne put s’empêcher de réagir le blond. « OK. » Lâcha-t-il simplement quand son binôme lui fit comprendre que c’était ennuyeux à Hawkins sans centre commercial.

La manière dont le petit nouveau se comportait ne plaisait guère au garçon originaire d’ici. En effet, du peu qu’il avait remarqué jusqu’ici, Steve n’était rien d’autre qu’un bad boy séducteur qui devait collectionner les conquêtes sans n’en avoir toutefois quelque chose à faire d’elles. Alors oui, même s’il ne comprenait pas pourquoi il réagissait ainsi, William se sentait énervé face au brun. Pourtant, celui-ci souhaitait vouloir étrangement lui prêter main-forte, mais Billy ne pouvait faire autrement que de se montrer méfiant. De ce fait, il ne répondit rien lorsque Steve indiqua désirer l’aider bien qu’ils ne se connaissent pas. C’est vrai que c’était sympa de sa part, donc après quelques instants, le fana de lecture le remercia puis sourit au commentaire d’Harrington qui n’avait pas tenu à le laisser se débrouiller seul contre la bande de caïds du bahut.

C’était à se demander si en présence de son binôme le pauvre Billy ne virait pas lunatique tellement il se sentait sur les nerfs, comme une bombe prête à exploser. Chose qu’il n’appréciait pas d’ailleurs puisqu'il ne voulait pas craquer devant lui. À ce que dit son interlocuteur, le fan de surf secoua doucement la tête. « Ah ouais ? Ça t’énerve pas ? » Fait étrange, car à sa place, le petit intello aurait probablement mal pris qu’on le traite de kéké des plages. Un soupir franchit ensuite les lèvres du jeune Hargrove. « Si t’as pas envie d’aller en pension alors, bouge-toi dans ce cas ! Bosse en cours au lieu de faire le con. » Et encore, il se retenait de lui balancer une nouvelle fois qu’il n’avait qu’à pas charmer les minettes.  

Mais dans quel monde se croyait Steve pour songer ne serait-ce qu’une seule seconde à lui arranger le coup avec un mec ou une fille du lycée ? Pensait-il vraiment qu’il pouvait tout se permettre dans le but que William l’aide à faire ses devoirs. Eh bien, il pouvait toujours rêver, car le blond ne mangerait pas de ce pain-là ! Le pire c’est que maintenant on dirait qu’il proposait carrément de l’embrasser lui-même voire de lui offrir son corps. Non, c’était trop pour le timide. Celui-ci eut un instant d’égarement malgré tout où il tenta d’imaginer ce que ça pourrait donner, mais il retrouva bien vite son self-control et secoua la tête. « Mais ça va pas ? T’es complètement cinglé ma parole ! » Sortit-il en espérant bien que son mini trouble soit passé inaperçu. Mais il devait partir et s’éloigner afin de ne pas être de nouveau perturbé face à ce satané sourire et ce regard plus qu’équivoque qu’arborait le nouveau. Pour tenter de se défaire de l’emprise d’Harrington – qui le tenait dans ses bras après l’avoir empêché de tomber – Billy qui avait déjà hurlé pour qu’il le lâche sans réfléchir se servit de sa force pour repousser le brun. Il souffla un grand coup lorsque ce dernier déstabilisé recula et lui rendit par la même occasion sa liberté de mouvement. Sans répondre à ce qu’il venait de lui dire, le blondinet prit ses jambes à son cou afin d’être le plus loin possible du séducteur. Dans le but d’avoir la paix, le gentil garçon sortit en dehors du bahut pour le reste de la pause-déjeuner, ayant besoin de s’isoler. Puis il revint terminer sa journée et ignora totalement – du moins du mieux qu’il avait pu – la présence du bad boy. Bien que ce ne fut pas simple puisque le réservé avait eu cette sensation que son camarade de classe l’observait et cherchait à croiser son regard. Dieu merci, toute l’après-midi ayant des cours en commun avec son meilleur ami, celui-ci s'était assis juste à côté de lui. Au moins, cela avait permis que son binôme ne vienne pas s’installer à la même table, car il ne l’aurait sans doute pas supporté.

Hargrove n’en avait que faire de ce que le nouveau pouvait penser à son sujet. Il suivait les conseils de sa mère et c’était très bien comme ça. De toute façon, que pourrait-il faire afin que les autres le laissent tranquille ? Probablement rien puisqu’ils avaient choisi de le cibler. « J’ai pas envie de réagir face à de parfaits idiots ! Ni de leur donner une raison supplémentaire pour qu’ils s’en prennent à moi. » Autant éviter que les choses dégénèrent encore plus. Surtout que le pauvre William morflait déjà bien assez chez lui. Donc moins c’était le cas au lycée, mieux il se portait.

Certes, ça flattait Billy que son camarade de classe lui avoue qu’il est le mec le plus intelligent qu’il ait rencontré, mais sans trop savoir pourquoi il ne put s’empêcher de lâcher un petit rire. Peut-être parce qu’il imaginait qu’effectivement Harrington n’avait pas dû côtoyer beaucoup de personnes avec un cerveau en bonne et due forme. « Si tu le dis. » Sortit-il en secouant la tête. En effet, il était peu convaincu par l’idée qu’ils pourraient former une bonne équipe. Tout simplement, car ils ne se ressemblaient pas et que ça le rendait perplexe quant à leurs capacités à s’entendre pour bosser. Par contre, le clin d’œil du brun arracha un léger sourire à son interlocuteur. « Moi je suis sûr que j’aimerais bien. » C’était certain étant donné que le blondinet n’aspirait qu’à avoir une vie tranquille loin des tumultes de son quotidien. Le garçon préféra ne pas réagir du tout à ce que balança Steve à propos de l’amusement qu’il allait avoir ici. Pour cause, il trouvait cela totalement affligeant. Encore quelque chose qui les différenciait vu qu'ils ne pensaient pas de la même manière.

Alors comme ça Harrington n’était pas du tout contrarié par la manière dont l’autre garçon le traitait ? Cela eut le don de faire arquer un sourcil au blondinet qui ne comprenait pas. Puis il leva les yeux au ciel quand le nouveau se moqua de lui. « Super ! T’as qu’à te joindre à eux si t’as envie de te foutre de ma poire ! » Après tout, un de plus contre lui, ça ne changerait rien à la donne. Le jeune Hargrove se retint de soupirer par la suite. « Eh ben, dans ce cas ne t’étonne pas si tu te retrouves là-bas ! » S’il ne voulait pas bosser pour augmenter sa moyenne c’était son problème. Ça ne concernait en rien Billy qui faisait tout de son côté pour avoir de bonnes notes parce qu’il n’avait pas envie de finir inculte, et aussi, pour éviter de foutre davantage en rogne son paternel qui était déjà bien assez sur les nerfs comme ça.

D’accord, ce serait mentir que de dire que l’adolescent n’était pas troublé par les propos de l’autre lycéen, mais c’était juste parce qu’il avait été pris de court. Jamais il n’acceptera son marché écœurant. Ce serait aller contre ses principes, ce qui n’était pas envisageable. Le fana de lecture afficha un air de dégoût. « Nan ! On n’essaiera rien du tout ! Je ne ferai pas tes devoirs et tu ne t’occuperas pas de moi ! » Certes, ça le perturbait d’avoir entendu de la bouche du brun qu’il était appétissant - bien qu'il trouve cette façon de parler dégueulasse -, surtout que personne auparavant ne lui avait sorti ça, mais non il n’y avait pas moyen qu’il se préoccupe de sa sexualité. De toute façon, même le timide ne savait pas du tout de quel bord il pouvait être. De plus, ça serait dégradant pour lui qu’il se passe quoi que ce soit avec ce mec qu’il jugeait ignoble, n’aimant pas ses petits discours.

Afin de retrouver sa tranquillité, le Californien avait pris la fuite. Puis, de retour en cours, il avait été soulagé d’avoir auprès de lui son ami. Ainsi, il n’avait pas eu à subir la présence du nouveau à ses côtés, ce qui était très bien étant donné qu’il avait du mal à se remettre de leur échange de ce midi. Ils étaient diamétralement opposés et rien ne pouvait les rapprocher, donc il préférait se tenir loin de la mauvaise influence de ce garçon qui le tirerait vers le bas plus qu’autre chose.

Après les cours, n’ayant pas envie de rentrer trop vite à la maison, le blond se rendit à la bibliothèque où il comptait vérifier s’il y avait un ouvrage susceptible de lui plaire et qu’il pourra lire ici puis peut-être l’emprunter pour le parcourir plus en profondeur chez lui. En arrivant, il salua la dame à l’accueil puis partit poser ses affaires à une table avant d’aller dans un rayon pour voir s’il y avait quelque chose qui le tentait. Malheureusement, en fouillant dans le rayonnage, il fit tomber un bouquin. « Merde. » Dit-il en grimaçant. Ne pouvant laisser le livre sur le sol, le lycéen se pencha et tendit le bras pour le ramasser. Sauf qu’une fois redressé, le Californien se figea sur place en sentant une main baladeuse au niveau de son fessier. Ce ne fut guère mieux lorsqu’il fut plaqué contre l’étagère, ce qui valut à la pauvre œuvre littéraire de se retrouver de nouveau par terre. Bien sûr, William n’avait point vu qui pouvait lui vouloir du mal puisqu’il était dos à son agresseur, mais quand il entendit parler, il reconnut aussitôt cette voix et son sang se glaça. Est-ce que le nouveau faisait ça dans l’unique but de l’humilier parce qu’il n’avait pas accepté son marché ? Ne se sentant pas bien du tout et étant dans l’incapacité de bouger tant il était tétanisé, Billy se mit à sangloter, ne voyant aucune échappatoire pour se sortir de ce mauvais pas, sauf si un autre élève ou la bibliothécaire venait par ici. Il ne lui restait plus que cet espoir-là ou encore un envisageable si Steve réalisait que ce qu’il faisait était très mal. Contrairement à ce qu’il pensait, non le jeune Hargrove n’appréciait absolument pas ce qui se passait, il subissait rien de plus. De toute façon, les pleurs plus prononcés et qui s’accentuaient au fil des secondes devaient être parfaitement entendus par le brun.

Apparemment, le nouveau semblait véritablement se soucier du cas de son camarade de classe. Ce dernier haussa des épaules suite à la question qui venait de lui être posée. « Je compte pas… » Répondit le blondinet. En effet, ça durait depuis un bon moment, mais il ne souhaitait pas donner plus d’informations que ça au brun ici présent. Encore moins alors qu’il indiquait avoir été un persécuteur comme ceux qui s’en prenaient à Billy. Quant au fait que ça pourrait s’aggraver pour lui, eh bien, Hargrove préférait ne même pas y penser. Voilà pourquoi le lycéen restait silencieux. De toute façon, il n’avait rien à dire à Steve concernant tout ceci. C’était sans doute mieux qu’il garde tout pour lui-même.

Est-ce qu’un jour William quittera cette ville ? Celui-ci n’en avait pas la moindre idée, mais c’est certain qu’il serait plus judicieux qu’à l’avenir le blond s’éloigne de son père. C’était ce qui lui pourrissait le plus la vie, voilà pourquoi il ne réagissait pas des masses quant au fait que Tom et sa bande se montrent désagréables envers lui. « Si j’y vais, oui. » Par contre, c’était peu probable qu’il fournisse un retour à Harrington étant donné que celui-ci le rendait méfiant.

Le fana de lecture était en train de rêver ou son interlocuteur le menaçait carrément ? À cause de son commentaire, il esquissa une petite moue et le regard perdu dans le vide, il sortit : « Ignore-moi alors, parce que c’est tout c’que j'souhaite ! » Pour l’adolescent, il n’y avait que la paix qui lui tenait à cœur ces temps-ci. Par la suite, les explications de Steve eurent le don de faire rouler les yeux bleus de l’autre garçon. « OK, t’as peut-être personne qui t’aide, mais c’est toi-même qui m’a dit que tu ne veux pas travailler. Donc si tu n’y mets pas du tien, c’est sûr que tu n’arriveras à rien et qu’on n’aura pas envie de te prêter main-forte. » Si Billy ne se sentait pas mal à l’aise en sa présence, peut-être qu’il pourrait lui apporter du soutien et lui enseigner ce qu'il avait appris, mais malheureusement très vite, le discours de Harrington le poussa à penser que c’était à proscrire. Voilà maintenant que le brun proposait de le payer, ce qui fit froncer les sourcils à Hargrove. « Me payer pour ? » Demanda-t-il avant de se raviser. « Nan ! Réponds pas, j’veux même pas savoir ! » Certes, il n'avait pas la moindre idée de s’il faisait allusion à sa proposition indécente ou pour qu’il bosse ses devoirs à sa place. C’était déstabilisant, mais le blondinet préférait demeurer dans l’ignorance.

William s’était senti mieux en étant loin de l’autre lycéen. Il avait pu passer le reste de la journée de manière plus sereine. Du moins, ça avait été le cas, jusqu’à ce que le nouveau le retrouve et en profite pour mettre le timide dans une fâcheuse posture. Le pauvre Billy était apeuré et n’arrivait à rien hormis pleurer pendant que son camarade s’amusait à toucher divers endroits de son anatomie. Avoir les mains de Steve sur lui, lui donna l'impression d'être souillé et il fut aussi parcouru d'un sentiment de honte. Ce fut pire dès lors que Harrington le tourna et que leurs regards se croisèrent. Celui du fan de surf était rempli de larmes ce qui devrait faire comprendre au brun que le Californien ne prenait aucun plaisir, mais soit il était totalement idiot, soit il désirait l’humilier en lui demandant s’il aimait ou non. Hargrove était dans l’incapacité de répondre, trop choqué… D’ailleurs, il ne parvenait pas à bouger non plus, mais put sortir de son état d’hébétude grâce à une intervention "divine". « Qu’est-ce qui se passe ici ? » Voulut savoir la bibliothécaire qui était arrivée près des adolescents. « Vous que je ne connais pas encore, éloignez-vous de monsieur Hargrove ! » Ajouta la dame sur un ton autoritaire. Énormément gêné, le blondinet rouge comme une tomate profita de l’occasion pour s'extirper des griffes du brun et s’en aller aussi vite que possible. Avant de quitter les lieux, il attrapa à la hâte son sac de cours et partit ne tenant pas à rester une minute de plus au bahut finalement. Et pourtant, chez lui, il ne sera pas forcément plus en sécurité.